Les sachesllesdés

André Chrétien, Le Pont de Palmarolle, juillet-août 2020

Probablement  que,  chers  lecteurs,  éprouvez-vous de la difficulté à lire le titre de cet article?   Pourtant,   depuis   bientôt   quatre   mois,  c’est  le  mot  que  vous  entendez  plus  de  cent  fois  par  jour  :  CHSLD…  Eh  oui,  cet   acronyme   désignant   les   institutions   nommées  Centre  d’hébergement  de  soins  de  longue  durée  souffrent  en  ce  temps  de  pandémie d’une affreuse réputation.

Après avoir entendu toutes ces histoires dramatiques et bouleversantes de tous ces aînés abandonnés à leur sort, assoiffés, déshydratés et macérant dans leurs excréments, cela nous amène  à  penser  que  tous  ces  établissements  sont  des  centres  de  «  torture  pour  vieux  ».  Bien  sûr,  les  milieux  où  on  a  dénombré aucun cas de la Covid-19, de décès, d’abandons et d’absence des soins de base n’ont pas fait les manchettes.

Nous avons ici un CHSLD où nos aînés sont traités  avec  attention  et  qui,  depuis  tente  et  même quarante ans, offre des services exemplaires à cette tranche de la population qu’on appelle « aînés en perte d’autonomie » : C’est le  Sanatorium  de  Macamic  comme  on  le  désigne  encore  en  langage  populaire.  Et  on  fait encore plus simple en disant : le San de Macamic et tout le monde comprend.

Des  «  San  de  Macamic  »,  il  y  en  a  dans  le  Bas-Saint-Laurent,  en  Gaspésie,  au  Saguenay,  etc.  On  en  compte  cinq  en  Abitibi- Témiscamingue. On a cherché des coupables à  ces  horribles  drames  vécus  dans  certains  établissements. C’était bien sûr le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, le gouvernement actuel et le précédent, et on en  a  profité  pour  accuser  les  enfants  de  ces  bénéficiaires de sans-cœur ayant abandonné leurs  parents  dans  ces  mouroirs  pour  s’en  débarrasser.

Cette  dernière  accusation  est  non  fondée  car,  dans  la  grande  majorité  des  cas,  il  était  pour  ces  derniers  impossible  de  donner  des  soins à ces gens trop hypothéqués et, c’est à regret, qu’on devait confier ses parents à ces CHSLD  pour  leur  assurer  des  soins  particuliers  qui  ne  sont  disponibles  qu’en  milieu  hospitalier.  On  a  aussi  dit  que  ces  enfants  ingrats  ne  se  donnaient  même  pas  la  peine  de  les  visiter.  Une  enquête  parue  dans  les  journaux a révélé que plus de 80 pour cent de ces « égoïstes » visitaient leurs vieux parents hebdomadairement dans ces CHSLD. Vous en  connaissez  sans  doute  de  ces  gens  qui  ont des parents au « San », allez-y quand le confinement sera fini, vous allez y rencontrer, peu  importe  la  journée,  de  visiteurs  assidus  de leurs parents.

Vous   pourrez   aussi   y   constater   la   qualité  des  soins  que  le  personnel  leur  apporte  avec  dévouement  et  bonne  humeur.  Il  faut  voir  la  réalité  de  l’état  de  nos  CHSLD  au Québec tout en gardant un jugement positif sur  la  chance  qu’ont  plusieurs  régions,  dont  la nôtre, de pouvoir profiter de ces services si bien rendus dans notre milieu.