Tombée dans la marmite de l’environnement

Jordane Masson, L’écho de Compton, juillet-aout 2020

Demeurant  à  Compton  depuis  maintenant  vingt ans, Monique Clément nous vient de la région de Valcourt. Déjà amoureuse de la nature et empreinte de la beauté forestière, elle n’aura pas longtemps hésité à s’investir dans le domaine de l’environnement. Depuis quatorze ans, elle est travailleuse autonome en tant que recycologue et coordonnatrice de projets en matières résiduelles pour la MRC de Coaticook.

 

D’où  vient  votre  passion  pour  l’environnement?

Je  suis  née  dans  le  bois.  J’y  ai  joué  toute  mon  enfance. Un peu comme Obélix est tombé dans la marmite, je suis tombée sur des sacs de déchets quand j’étais petite! Quand mes parents ont emménagé, la maison était en construction, et il n’y avait pas encore de service de collecte de déchets. Certains sacs poubelles ont donc atterri dans le bois et, un jour, j’ai découvert le « trésor ». Il y a tellement de belles découvertes à faire dans des déchets! Surtout, j’ai compris que la majorité ne se décomposait pas. Plusieurs années plus tard, je suis allée nettoyer tout ça, mais ma fibre environnementale a rapidement fait son chemin.

 

Parlez-nous de votre parcours.

J’ai fait un baccalauréat en Science de l’environnement  en  Ontario.  À  Montréal,  j’ai  travaillé  en Gestion de l’environnement dans différentes imprimeries.  Par  la  suite,  je  me  suis  retrouvée  à Sherbrooke où mon emploi de rêve m’attendait au Conseil régional de l’environnement en Estrie  (CREE).  J’avais  toujours  voulu  faire  de  la  sensibilisation,  et  c’était  l’endroit  idéal.  J’ai  aussi pu rencontrer plusieurs agents du milieu, puisque c’était un  organisme de concertation. De fil en aiguille, je suis devenue directrice de projets, ce qui m’a amenée à toucher au domaine des matières résiduelles. C’est devenu mon dada, car  j’aimais  l’aspect  concret  des  déchets.  Près  d’une dizaine d’années plus tard, j’ai ressenti le besoin de changements et j’ai quitté le CREE. On m’a alors offert quelques contrats et je me suis retrouvée travailleuse autonome. Le poste à la MRC a complété le tout.

 

En quoi consiste votre travail?

Je reçois différentes demandes dans le domaine des matières résiduelles. On peut me consulter pour différents portraits, études ou diagnostics. Mais j’ai surtout des demandes pour des conférences et des formations dans différents milieux comme les écoles, les Municipalités ou les entreprises. Je m’occupe aussi de faire visiter le centre de tri à des groupes. Pour la MRC, c’est un poste à temps partiel, environ deux jours par semaine. Je suis responsable de faire le suivi du plan de gestion des matières résiduelles et de tous les programmes que j’ai mis en place, tels que la collecte des matières organiques et des plastiques agricoles, les écocentres, etc. Je continue aussi de faire de la sensibilisation à travers des tournées dans les écoles, des articles et en offrant des outils aux citoyens pour les guider.

 

Qu’est-ce que la COVID-19 a amené comme changements?

Tous mes projets de conférences ont été annulés évidemment. Au niveau de la MRC, il y a eu beaucoup de défis, car il fallait se réinventer. La gestion des matières résiduelles est un service essentiel, donc le service devait continuer. Au niveau des plastiques agricoles, toute la chaîne de récupération était bloquée. Il a fallu annuler les collectes, puis travailler très fort pour trouver des solutions avant de repartir. On a annulé trois  écocentres,  dont  celui  de  Compton, parce qu’il n’y avait nulle part où apporter les matières  recueillies.  Heureusement,  on  a  pu  tenir celui de Waterville sur deux jours et celui de Coaticook s’en vient les 10 et 11 juillet, mais les gens doivent s’inscrire sur le site de la MRC.

 

Qu’est-ce  qui  vous  passionne  le  plus  dans  votre emploi?

J’aime la diversité, mais, surtout, la sensibilisation.  Voir  les  gens  changer  leurs  habitudes,  ça  m’encourage tellement. Il faut dire que la MRC de Coaticook est celle qui enfouit le moins de déchets par habitant au Québec. Il y a de quoi être fier, même si l’on peut encore s’améliorer! Nous avons des élus qui croient à une bonne gestion des matières résiduelles et qui ont osé faire  des  changements.  Depuis  une  dizaine  d’années, on a réduit pratiquement de moitié notre quantité de déchets enfouis. Pour moi, ce sont ces petites récompenses qui font du bien. Un petit pas à la fois, on avance vers un environnement plus sain.