Annie Riendeau : Rebelle, libre et authentique!

Sandra Mathieu, Ski-se-Dit, Val-David, le 10 juin 2020

Rares sont les villageois qui ne connaissent pas Annie Riendeau, l’âme du café bistro Le Mouton Noir et du Collectif Sortie 76. Son sourire contagieux, son sens de la communauté et son écoute empreinte d’empathie en ont touché plus d’un depuis son arrivée dans notre monde à part tissé serré.

L’Abitibienne de 50 ans se souvient avec émotion de sa première visite à Val-David il y a un peu plus de 20 ans, alors qu’elle était loin de se douter qu’elle y serait rapidement enracinée. « C’est un coup de cœur pour une maison sur le bord de l’eau à Val-Morin qui nous a poussés faire le grand saut, Éric (Lemieux) et moi, lance la grande voyageuse qui revenait alors d’un périple humanitaire en Amérique du sud. Au départ, nous voulions créer un projet de café spectacles pour faire revivre notre nouveau village d’adoption, mais c’est finalement l’offre de location du bâtiment de l’Éco-Bistro sur de l’Église, à Val-David, qui a été le point de départ de ce qu’est aujourd’hui le Mouton Noir. »

C’est lors d’un voyage au Costa Rica que le plan d’affaires se précise. Dès le départ, Annie et son complice ont voulu créer un lieu pour que les gens se sentent chez eux et où ils peuvent être eux-mêmes, échanger en toute authenticité, déguster un bon café ou une bière et découvrir des artistes émergents et alternatifs. C’est en 2005, avec des rêves plein la tête, malgré les moyens du bord et de jeunes enfants dans les parages, que le Mouton voit le jour.

 

Curiosité et adaptabilité

Dans le menu, on reconnaît la touche rebelle d’Annie, son côté globe-trotter et son attachement aux produits bien de chez nous. Éternelle apprenante et curieuse de nature, Annie suit présentement une formation offerte par l’École hôtelière des Laurentides grâce au programme d’acquisition de compétences en entreprise (PACE). « La gastronomie a pris de plus en plus de place au bistro et je voulais me perfectionner et en apprendre plus sur ce volet. »

Bien sûr, l’entrevue, qui a pris des allures d’une belle et grande conversation entre amies, a bifurqué vers le sujet de la pandémie actuelle. « On a toujours su s’adapter et tirer le positif dans toute situation et c’est exactement ce que l’on fait en ce moment. C’est rare qu’on a de longues pauses en restauration alors on profite de ce temps en famille, on jardine et on joue dehors. »

Gageons également que de nouveaux projets sont en train de mijoter!

 

La place des femmes et des arts

C’est en 2009 qu’Annie et une bande de copines lancent le Collectif Sortie 76 avec la volonté de venir en aide aux femmes victimes de violence dans les Laurentides, et pourquoi pas dans le monde. L’étincelle est amenée par Monique Vacval, qui propose alors de monter les Monologues du Vagin. C’est donc tout naturellement que les dix amies se sont tournées vers l’organisme V-Day afin de participer à la campagne de financement internationale. À la suite du succès monstre de la pièce, elles décident de continuer à propager le message féminin en organisant de multiples activités artistiques et sportives au profit de diverses causes! Ainsi, depuis plus de 10 ans, Val-David et Val-Morin peuvent compter sur un mois de la femme bien rempli. Bien qu’Annie ait récemment quitté le conseil d’administration, elle reste très impliquée.

En 2018, elle fonde avec deux copines, ainsi que sa fille Mirka, un organisme de production culturelle et sportive, Les Productions de la Bergerie. Depuis, se succèdent des événements rassembleurs et inclusifs, où la créativité de la communauté peut s’exprimer librement.

« J’aime Val-David autant pour sa diversité culturelle et sportive que pour les beautés de la nature, la qualité de la gastronomie et de ses commerces. On peut compter sur un conseil municipal ouvert d’esprit et c’est facile de passer nos idées, même si elles sont parfois originales! Mon plus grand souhait est que ce magnifique village continue à se développer le plus écologiquement possible! »

 

En rafale

Qu’est-ce qu’on serait surpris d’apprendre de toi?

Je suis quelqu’un de bien susceptible.

 

Quelle est ta plus grande fierté de ce que tu as accompli à Val-David jusqu’à présent?

Une des dates importantes est le 3 septembre 2005, quand nous avons, avec les moyens du bord, ouvert le Mouton Noir, qui est devenu un lieu de rassemblement, de divertissement et de plaisir pour bien des gens du coin et d’ailleurs.

 

Dans 100 ans, qu’aimerais-tu que les gens disent de toi, quelle trace aimerais-tu laisser?

J’aimerais qu’on se souvienne que j’étais une personne positive, active, travaillante et impliquée dans sa communauté.

 

Est-ce qu’il y a des femmes qui t’inspirent particulièrement à Val-David?

Oui, plusieurs! Bonnie Baxter, Kathy Poulin, Suzanne Lapointe, Nathalie Cauwet, Josée Pesant, Dominique Forget, Marie-Josée Larouche, Nathalie Lebel, pour ne nommer que celles-là!

 

Ce qu’elles disent d’elle

« Annie, c’est une passionnée qui carbure au contact humain, une boule d’énergie qui ne s’empêche de rien et qui a un moral d’enfer. J’ai un beau parcours d’amitié avec elle. Au sein du Collectif Sortie 76, on a toujours partagé entre femmes sans tabou ni jugement. Aussi, elle et Éric ont fait naître avec le Mouton un lieu de rassemblement villageois, un peu comme un grand chalet familial où on nous prend toujours comme on est. Quand j’ai eu mon premier enfant, en sortant de l’hôpital, je suis passée par le Mouton pour le présenter à ma communauté. Voilà ce qu’elle a créé! »

— Nathalie Cauwet, coordonnatrice au Théâtre du Marais, amie de longue date, membre fondatrice du Collectif Sortie 76 et fidèle cliente du Mouton Noir

 

« Ma mère est une femme exceptionnelle… et c’est une mère pour beaucoup de personnes dans le village! C’est une confidente avec énormément d’écoute; elle a toujours les bons mots. J’admire sa créativité, son audace, sa loyauté… elle est aussi toujours willing! J’ai grandi avec le Mouton et j’y travaille depuis que j’ai 14 ans. Elle m’a transmis son amour pour la communauté et l’importance de l’implication pour rendre les choses meilleures. Elle m’encourage quoi qu’il arrive à toujours aller vers le rêve. »

— Sa fille Mirka Lemieux, 20 ans