Marie-Josée Gamache, Le Trident de Wotton, mai 2020
Depuis le 12 mars 2020, nous sommes tous confinés à la maison à cause de la pandémie du Covid-19. Les enfants n’ont plus d’école; les parents ne vont pas travailler; ceux qui ont encore un emploi font du télétravail. Il reste les services essentiels assurés par des personnes formidables qui affrontent quotidiennement cette guerre du 21ème siècle.
Nous avons dû renoncer à des activités et besoins qui nous semblaient nécessaires auparavant, comme aller chez la coiffeuse, au gym, au garage, au restaurant. Le plus difficile sûrement, ce n’est pas de rester à la maison mais de ne pas voir notre famille et nos amis, de serrer dans nos bras nos enfants et petits-enfants. La notion du nid a repris son sens premier, chacun chez soi en sécurité avec sa famille. Les personnes âgées sont les plus touchées, non seulement par la maladie mais par l’isolement qu’elles doivent subir, sans avoir contribué à sa cause puisqu’elles n’ont pas voyagé et ramené le virus dans leur environnement.
Cette situation hors de l’ordinaire restera longtemps dans nos mémoires. Le vivre ensemble a pris une autre tournure. Comme de longues vacances, mais dans la maison. Beaucoup de personnes et de familles ont su mettre à profit ce temps donné pour réaliser des projets comme des vidéos, des casse-têtes, du bricolage, des tricots, des dessins, etc. Cette créativité est un effet positif du confinement et est soulignée dans notre journal. Un autre effet positif est l’amélioration de l’alimentation. En effet, les gens n’ont jamais autant cuisiné de bons petits plats. Après avoir vidé les épiceries, il fallait bien utiliser les produits, pas vrai? L’internet a été amplement mis à contribution pour diffuser des recettes et du savoir-faire. Ça sentait les biscuits et le bon pain frais dans beaucoup de foyers. On a vu apparaître dans les fenêtres des maisons des dessins d’arc-en-ciel avec le slogan Ça va bien aller. Ce message de solidarité a été importé d’Italie par Gabriella Cucinelli. Ses enfants ont fait le dessin et elle l’a partagé sur un groupe d’éducatrices sur Facebook. L’idée a pris son envol. Elle a fait la demande pour une marque déposée. Madame Cucinelli ne veut pas faire de profits mais elle aimerait que les entreprises commerciales qui utilisent le dessin et slogan fassent un don à la Cantine pour tous, un organisme Québécois de sécurité alimentaire. Le printemps est quand même arrivé avec son sirop d’érable, ses oiseaux migrateurs , s e s bourgeons et ses crocus. Nous avons eu le temps de nettoyer la maison et de râcler la pelouse. Quand le confinement sera levé, nous serons sans doute fous comme les agneaux qui sortent la première fois de l’étable après l’hiver et gambadent dans le pré. Il faudra toutefois être prudent pour éviter une nouvelle vague de contagion. Tous les spectacles, événements et grands rassemblements sont annulés, dont le Festival Country de Wotton. Cette situation aura un grand impact sur le milieu culturel, les artistes, les organisations, mais aussi sur les petits organismes qui comptent habituellement sur la générosité des donateurs pour poursuivre leurs activités. Il faudra encore se serrer les coudes faute de pouvoir se serrer la main.