Un couple bien assorti : Les Fermières et le pavillon Aimé-Maillé

Lyne Boulet, Le Sentier, Saint-Hippolyte, le 26 mars 2020

L’inauguration du nouveau local du Cercle de Fermières de Saint-Hippolyte s’est tenue officiellement le 2 mars. En fait, elles y ont emménagé en octobre dernier. « Mais, indique la présidente, cela marquait une étape importante pour nous et on voulait en faire un bel événement. On s’est donc donné le temps nécessaire pour bien se préparer. »

C’est donc dans une ambiance festive que Les Fermières, les élus municipaux et le directeur des loisirs1 se sont retrouvés pour souligner l’ancrage des Fermières dans ce nouveau pied-à-terre du 871, chemin des Hauteurs.

 

Ancien local

Les Fermières occupaient depuis de nombreuses années une bâtisse située rue Morin. Construit « vers 1945, ce bâtiment a constitué le premier poste d’incendie du village avec pompiers volontaires. Il servait de lieu d’entreposage de la pompe à incendie, des échelles et des boyaux d’arrosage », indique la brochure du Rallye familial – Sur le Chemin de notre histoire distribuée en mai. Ceux qui ont participé à cet agréable rallye se rappelleront de l’exiguïté et de la désuétude du local. Il était trop petit pour loger les métiers à tisser, les machines à coudre et le reste du matériel utilisé par les Fermières. Il était également trop petit pour qu’on puisse y tenir les réunions du Cercle. En outre, il n’aurait plus été conforme aux normes de sécurité.

Il y a déjà plusieurs années que le Cercle de Fermières avait entrepris des démarches auprès de la municipalité pour être relocalisé. Contrairement à d’autres organismes qui possèdent peu de biens meubles, le Cercle de Fermières avait besoin d’une installation permanente pour loger son équipement. Il faut dire qu’elles avaient le pavillon Aimé-Maillé dans leur mire depuis bon nombre d’années. Les fréquentations ont été longues, mais l’union est maintenant consommée!

 

Pavillon Aimé-Maillé

Après avoir perdu sa vocation de bibliothèque en 2014, le pavillon a flirté pendant cinq ans avec différents groupes et activités. Lieu de réunion des organismes communautaires, il a invité journalistes et environnnementalistes2 à lui rendre visite. Il a vu renaître le Club de l’Âge d’or.3 Il a vibré de tous ses murs lors des soirées de la Disco des jeunes. Il a fait des projets avec les jeunes entrepreneurs de la CJS4 durant la saison estivale. Mais les protagonistes savaient que ces relations, bien que satisfaisantes, étaient éphémères.

Le pavillon devait d’abord se refaire une santé et une beauté avant de s’engager. Travaux d’aqueduc achevés et rénovations intérieures complétées, Aimé-Maillé était prêt à entreprendre une relation stable.

 

Processus

Le pavillon a été convoité et beaucoup courtisé. Mais des chaperons veillaient. Ils souhaitaient, pour leur rejeton, une union solide basée sur un engagement durable. Le Cercle de Fermières, avec travail et persévérance, a prouvé au conseil municipal et à la Direction des loisirs, sports, plein air et vie communautaire qu’elle était « une bonne prétendante ». Les Fermières ont démontré le sérieux de leur démarche. Proactives, elles ont proposé des plans d’aménagement réalistes et réalisables. Il y a eu de très nombreuses rencontres et autant de discussions. « Nous nous sommes souvent invités dans le bureau de Louis Croteau », indique la présidente Louise Bernier. « C’était un plaisir d’accueillir des gens bien préparés, avec un projet bien ficelé », ajoute le directeur des loisirs1.

 

Cercle de Fermières, un anachronisme?

Pourquoi, se demanderont certains, cet organisme n’a-t-il pas adopté une identité plus au goût du jour? Il y a longtemps qu’on n’emploie plus le terme fermière. Depuis des décennies, on parle d’agricultrice. Pourquoi conserver ce nom? Parce qu’il correspond à la réalité d’une époque, celle de la création des premiers Cercles de Fermières au Québec en 1915. La production industrielle remplaçait alors la production artisanale et la population migrait vers les villes. Il devenait primordial de préserver et de mettre en valeur l’héritage rural traditionnel. Cent ans plus tard, les Fermières sont toujours là comme porteuses de mémoire. Grâce à la volonté, à la ténacité et à la patience qu’elles ont démontrées, elles jouent encore un rôle essentiel dans la préservation d’un riche patrimoine immatériel, celui du savoir-faire canadien-français.

Mais elles ont aussi protégé un autre héritage, celui du savoir-être. Le Cercle de Saint-Hippolyte a su mettre à contribution les qualités de fonceuses des Fermières pour « convaincre ». Résultat : elles vous attendent dans leur nouveau local lumineux sur le chemin des Hauteurs. Elles sont maintenant une cinquantaine, car, depuis leur récent emménagement, elles ont déjà attiré plusieurs nouveaux membres. Et, avis aux intéressées, elles sont prêtes à en accueillir d’autres!