Journée internationale des femmes

Jacinthe Laliberté et Lise Pinard, Le Journal des citoyens, Prévost, février 2020

Il y eut une ère pas si lointaine où les femmes ne pouvaient faire leurs propres choix en connaissance de cause. Vint l’action communautaire, un volet prometteur pour la gent féminine qui a vu là, la possibilité de faire valoir ses compétences. Qu’en est-il aujourd’hui ? Les femmes sont-elles toujours aussi actives dans l’univers de l’action communautaire ?

Le 8 mars, la Journée internationale des femmes est une occasion de réfléchir aux progrès accomplis par les femmes. Leur implication dans le milieu du travail ou dans toutes autres sphères de la société provoque des changements bénéfiques pour les droits et libertés de la femme.

De plus en plus de femmes ont vu, dans le bénévolat, une façon de s’affirmer, d’élargir leurs horizons, de s’émanciper, et ce même si des regroupements féministes s’y opposaient prétextant que, pour tout travail accompli, les femmes devaient recevoir un salaire.

 

Qu’en pensent les femmes que nous avons rencontrées ?

Lyne Gariépy, qui a fait ses débuts comme journaliste bénévole au Journal des citoyens et qui œuvre pour plusieurs organismes, dont la Maison d’entraide de Prévost, considère que 80 % des bénévoles sont des femmes. Intrigués, nous avons lancé une recherche auprès de plusieurs organismes communautaires pour valider ce point de vue. Sans prétention, notre démarche nous a confirmés dans notre réflexion; un grand nombre de femmes des municipalités de Piedmont, Prévost et Sainte-Anne-des-Lacs ont fait la différence dans leur communauté, et vous serez à même d’en juger.

Pourquoi faire du bénévolat ? Les raisons pour lesquelles ces femmes de tous âges ont transformé leurs temps libres en une participation à l’action communautaire sont nombreuses. Elles reconnaissent que le milieu des bénévoles évolue, que l’action communautaire attire de plus en plus les jeunes, en grand nombre, que répandre la joie de vivre autour d’elles, se porter au mieux-être d’individus est le fondement de cette implication. Vingt, trente, quarante ans de bénévolat, peu d’entre elles dérogent à cette règle, car elles ont bien souvent fait leurs premiers pas à l’adolescence ou au début de l’âge adulte.

« Donner, c’est aussi recevoir sans rien attendre tout en aidant la communauté » ont témoigné plusieurs d’entre elles. Pour certaines, faire du bénévolat est un besoin fondamental qui leur permet de s’épanouir en tant qu’être humain et loin des sources de stress causées par le milieu du travail.

« Il y a le bien que l’on peut apporter aux autres, mais il y a aussi ce qu’on en retire » de nous confirmer la majorité d’entre elles. Donner au suivant pourrait être un slogan bien approprié. La satisfaction qu’elles en retirent se définit simplement : un merci, un compliment ou un sourire est un salaire bien mérité. Aucune compensation monétaire ne peut leur apporter autant de plaisir et de bonheur.

Très souvent, elles considèrent l’organisme pour lequel elles œuvrent comme un deuxième chez soi. « On n’est plus seules au monde. On les écoute et ils nous écoutent. » Les bénévoles travaillent très souvent en équipe et l’impact est encore plus marquant, car chacun des petits gestes posés assure la pérennité de leur communauté. Voilà une autre incitation à poursuivre leur travail!

L’action communautaire peut être une activité qui contribue à parfaire les compétences sociales et professionnelles de ces femmes engagées, ce qui renforcit leur estime de soi. D’ailleurs, pour elles, c’est aussi un excellent moyen de demeurer en santé de corps et d’esprit. Pour ceux qui en bénéficient, ce sont des moments privilégiés où l’écoute, la présence et la rencontre de l’autre ajoutent de la douceur dans les étapes difficiles de la vie.

La Journée de la femme et son histoire

La Journée de la femme serait une erreur de traduction, la désignation officielle donnée par les Nations unies et certaines organisations internationales est la Journée internationale des femmes ou la Journée internationale pour les Droits des femmes, une appellation qui nous ramène à la vraie raison d’être de cet évènement. Le pluriel de cette dénomination vise à souligner la diversité et non pas un idéal féminin.

Officialisée en 1977 par les Nations Unies (ONU), cette journée est l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes. Elle n’est pas spécifique à un pays, à un groupe ou à une organisation, elle est célébrée partout dans le monde. Celle qui aura lieu le 8 mars se déroulera selon le Collectif 8 mars du Québec sous le thème Féministes de toutes nos forces, alors que pour l’ONU le thème est Je suis de la Génération Égalité : Levez-vous pour les droits des femmes. Ce thème coïncide avec la nouvelle campagne plurigénérationnelle de l’ONU Femmes, Génération Égalité, qui marque le 25e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.

Issue de l’histoire des luttes ouvrières pour le suffrage universel menées en Europe et en Amérique du Nord au début du XXe siècle, cette journée souligne la pertinence de ces luttes. D’ailleurs, les suffragettes en sont un exemple bien connu. Après plusieurs années de combats acharnés par les femmes pour obtenir une certaine équité (droit de vote, droit et arrêt des discriminations au travail), la date du 8 mars a été retenue, par l’ONU, comme étant la date officielle de cette journée de fierté pour les femmes. C’est un moment privilégié pour faire entendre leur voix sur les enjeux sociaux, politiques, économiques et culturels.

L’édition 2020 sera une année charnière. Elle sera une occasion inespérée de susciter des actions d’envergure comme des marches, des manifestations et des rassemblements pour parvenir au respect des droits fondamentaux pour toutes les femmes, car progrès il y a, semble-t-il, mais l’est-il autant qu’on le rapporte?

Historique du bénévolat chez les femmes

Les femmes du peuple, au Québec, n’avaient pas le temps de faire du bénévolat. Maîtresses de maison, voilà ce qu’était la destinée de toutes les femmes de l’époque. Seules les dames de la haute société ou les filles célibataires, souvent nommées les Catherinettes, occupaient leur journée à soulager la misère des pauvres et des malades.

La modernisation a permis aux femmes d’aller au-delà de leurs obligations grâce aux nouveaux mouvements sociaux qui prenaient de l’ampleur à cette époque. La Deuxième Guerre mondiale, par exemple, fut un moment de l’histoire qui a permis aux femmes de s’imposer. Participant à l’effort de guerre, ces dernières ont pris conscience de leur importance dans la société.

Depuis quelques décennies, les femmes peuvent utiliser leur libre arbitre pour faire ses choix, et l’action communautaire en est un, car il va bien au-delà d’un salaire, il est une revendication de l’âme, un don de soi.

Journée des femmes et action communautaire, un succès assuré

Les forces qui unissent la Journée internationale des droits des femmes et l’action communautaire tendent vers le même but, l’entraide humaine, l’une par sa vision internationale et l’autre par chaque petit geste posé dans son environnement immédiat. L’important est que la générosité de cœur ne cesse de rayonner, car c’est l’ingrédient majeur pour faire un monde meilleur.

Pour ces femmes que nous avons rencontrées, le bénévolat ou l’action communautaire est une liberté acquise qui se doit d’être ajoutée à la longue liste des droits revendiqués lors de la Journée des femmes. Nonobstant tous ces engagements, cette liberté se transforme doucement en un legs, si important à leurs yeux, qu’elles souhaitent le laisser à leur descendance.

Un remerciement particulier à toutes celles qui se sont prêtées à notre questionnaire. Vos réponses furent inspirantes et garantes de la poursuite de votre implication bénévole, nécessaire à l’équilibre de notre société.