Réjean Gouin, Ensemble pour bâtir, Évain, mars 2020
« Je crois que j’ai perdu le feu sacré » furent les premiers mots de M. Raymond Benoit qui, le premier janvier 2020, prenait sa retraite du Service d’incendie d’Évain après plus de 50 ans dédiés à aider la population.
L’appel au feu a été une affaire de famille pour les Benoit. Raymond fait son entrée chez les pompiers le 1er septembre 1969, suivant ainsi les traces de son père, lui-même membre fondateur de la brigade Évain Village. Son frère Claude, sa sœur et quelques cousins ont fait que, dans le temps des Fêtes, ils étaient suffisamment nombreux à la maison pour faire une réunion du service d’incendie, nous dit à la blague M. Benoit.
Celui-ci nous rappelle que, dans le temps à Évain, était pompier celui qui avait une boule sur son camion puisqu’il pouvait tirer la pompe. Tout un changement avec ce qui se vit chez les candidats de nos jours, si on pense que l’entraînement se faisait en travaillant avec les plus expérimentés et que l’achat d’équipement était quelques fois l’affaire même des pompiers : « tout le monde mettait la main à la pâte ».
Une anecdote qu’on croirait invraisemblable de nos jours : M. Benoit nous dit qu’il y eut un temps où seulement deux respirateurs étaient disponibles, les deux rangés dans une armoire dont seul le chef des pompiers possédait la clé.
Si on demande à M. Benoit de nous donner son meilleur souvenir, c’est sans hésitation les tournois de pompiers qui lui reviennent à l’esprit, ceux-ci avaient lieu un peu partout en région. C’est en 1986 qu’Évain avait pris la responsabilité d’organiser l’évènement sur son territoire; ce qui s’avéra une telle réussite que l’Association avait approché Évain et sa brigade pour une reprise en 1992.
Un cours de six mois en 1985 a permis à M. Benoit de devenir formateur pour les pompiers. Cette formation lui a donné l’occasion de rencontrer des milliers de nouveaux membres avides de savoir un peu partout dans la région.
Aller au feu durant 50 ans ne va pas sans avoir quelques mauvaises expériences. Content de n’avoir jamais eu de blessures graves, il se souvient quand même qu’à quelques reprises il a eu peur, surpris de voir s’écrouler le toit où il se trouvait quelques minutes avant. Il nous mentionne également que, chaque fois qu’il assiste à la perte d’une maison, c’est sans conteste un mauvais souvenir.
C’est à la fusion avec Rouyn-Noranda qu’il devient Directeur de secteur, succédant à M. Jacques Gélinas qui avait le titre de Chef des pompiers et fut le dernier à porter ce titre pour notre quartier.
Questionné sur les effets de la fusion sur notre Service d’incendie, il y voit une grande amélioration en ce qui concerne la couverture de protection grâce à la formation continue, de meilleurs équipements et la possibilité d’avoir rapidement de l’aide si le besoin se fait sentir. Ceci ne l’empêche pas de regretter la perte d’indépendance à participer à différentes activités autres que d’aller au feu, permettant de garder un esprit de corps à l’intérieur du groupe. Cependant, nos pompiers ont su se garder un côté social en fondant leur propre association à Évain.
M. Raymond Benoit, qui nous disait d’entrée de jeu avoir « perdu le feu sacré », nous déclare qu’il aurait voulu en faire plus pour le service, regrette que l’opportunité ne se soit pas présentée. Mais il suffit de voir comment il peut être intarissable lorsqu’il lui est proposé de parler de son passé de pompier et du Service d’incendie en général pour en douter quand même un peu. Il compte bien demeurer actif au sein de l’Association des pompiers d’Évain.
Bonne retraite, M. Raymond Benoit.