Jean-Claude Barey : Vivre d’amour, d’eau fraîche, et de la littérature

Stéphanie Dupuis, Journaldesvoisins.com, Ahuntsic-Cartierville, février 2020

Âgé de 89 ans, Jean-Claude Barey a une histoire qui est tout sauf ordinaire. Né à Paris, en France, il a vécu la Seconde Guerre mondiale alors qu’il n’était qu’un enfant. À ses 18 ans, il s’est rendu en Angleterre, « l’un des seuls endroits où la majorité était à 18 ans ». Puis, de son attrait pour la langue française, il s’est rendu au Québec en 1948. Voici son histoire.

« Je suis arrivé, comme tout immigrant, sans le sou. Mais quand tu as vécu la guerre, tu es heureux d’être en vie. C’est le  moindre de  tes  soucis », mentionne-t-il.

Il a rencontré peu après sa femme Marie, une Québécoise. « La plus belle chose qu’il   lui  soit   arrivé », affirme-t-il à  plusieurs reprises pendant l’entrevue. C’est d’ailleurs à elle que l’on doit la délicieuse odeur du plat qui mijote qui s’empare de nos narines lorsqu’on pénètre à l’intérieur de la résidence des Barey.

Si, au départ, pour joindre les deux bouts, Jean-Claude Barey cumulait les emplois de plongeur dans un restaurant et de travailleur au dur labeur sur une ferme à Saint-Eustache, il a su s’entourer des bonnes personnes. Il a bifurqué vers le domaine de la vente pour mettre sur pied, avec sa femme, une usine de fabrication d’objets, à l’Assomption. C’est après avoir fondé une famille, eu trois enfants et réussi en affaires que les tourtereaux se sont lancés dans une aventure incroyable : faire le tour du monde en voilier. «   On l’a fait techniquement une fois et demi! », lance Marie Barey.

Un premier contact avec l’écriture

De 1986 à 1997, les amoureux ont parcouru le monde, de l’Afrique du Sud au Venezuela, de la mer Rouge à la Méditerranée. Inspirés par tout ce qu’ils vivaient, c’est là que Jean-Claude Barey a eu son premier véritable contact avec l’écriture.« J’envoyais à tout le monde des lettres pour raconter notre périple. Puis, un jour, j’ai eu l’idée de les regrouper ensemble pour en faire un livre. J’ai appelé ces notes de voyage Les nouvelles de chasse-gale-rie », raconte-t-il. La chasse-galerie, c’était le nom de leur valeureux catamaran. Un navire qu’ils ont terminé de construire avant de prendre le large.

«   On apprend beaucoup de choses à voyager. Les gens ne sont pas tellement différents d’un   endroit à  l’autre », souligne-t-il. Ils ont vendu leur bateau en Espagne, à la  fin  de  leur   périple.    À  ce  moment, M. Barey avait déjà été « mordu par l’écriture».   C’était    devenu     un  besoin    pour   lui de se dégourdir les doigts de la sorte. Il a écrit quelque six romans, dont cinq ont été publiés. Quelques-uns ont connu un certain succès, d’autres, moins. Encore aujourd’hui, Jean-Claude estime qu’il consacre quotidiennement trois heures par jour à cette activité. «   Je me sens utile, même si le livre n’est pas publié », affirme-t-il.

Après    s’être    intéressé à  la  fiction, aujourd’hui, Jean-Claude Barey travaille sur ses mémoires. Et pour l’inspirer dans l’écriture de sa biographie, il se rend tous les étés avec sa femme à leur maison de campagne.

 

Maison de campagne

C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles ils ont choisi d’habiter Ahuntsic-Cartierville, pour sa proximité avec les autoroutes, et donc, de Saint-Hippolyte, lieu de leur résidence secondaire. À cet endroit comme à leur résidence principale, ils dévorent plus d’une dizaine de livres par mois. Ensemble, ils se gardent actifs intellectuellement. Mais ils ne négligent pas pour autant l’activité physique. «   On passe l’été en entier là-bas. On travaille sur le terrain, on fait du jardinage et on  passe    beaucoup de  temps    dehors », explique Marie Barey.

Depuis ses 52 ans, Jean-Claude ne cache pas qu’il a eu quelques ennuis de santé. Entre des hernies discales et des douleurs aux dos, aujourd’hui, on ne peut deviner qu’il a pu être mal en point. Il se montre sous ses plus beaux jours, avec une forme physique à en rendre plus d’un jaloux. Son secret : 1 h 30 d’exercice par jour.

« Une personne âgée n’a pas d’excuse de ne pas s’entraîner. Elle a le temps. »Il se rend quotidiennement à la salle de sport de sa résidence pour y faire du tapis roulant et du vélo. «   Je n’ai pas de mérite. J’aime beaucoup la musique classique. C’est ce que j’écoute en  m’entraînant et  en  écrivant », ajoute-t-il, bien humblement. Pour garder le cap et se sentir encore plus utile, il souhaite commencer à faire du bénévolat prochainement dans le quartier Rosemont.

« Je suis convaincu que le  bénévolat bénéficie plus   à  celui   qui   le donne qu’à celui qui le reçoit », croit-il.  Et pour Jean-Claude Barey, ce dont il est le plus reconnaissant dans la vie, c’est, littéralement, d’être en vie. « Être en vie, c’est merveilleux. »