Une cinquantaine de personnes ont répondu à l'invitation de la Ville de Québec pour discuter du verdissement de la rue Saint-Vallier Ouest, le 26 novembre dernier.

Aux arbres, et cetera

Nathalie Côté, Droit de parole, Québec, décembre 2019

Le 26 novembre dernier, la Ville de Québec invitait les citoyens du quartier Saint-Sauveur à un atelier participatif pour discuter du verdissement de la rue Saint-Vallier Ouest entre Marie-de l’incarnation et Charest. Une cinquantaine de personnes ont passé la soirée à imaginer la rue Saint-Vallier Ouest idéale en complétant la proposition initiale de la Ville encore sommaire et ouverte à de multiples améliorations.

Annoncé en octobre dernier, le plan actuel  de  la  Ville  comprend  la  construction d’un stationnement à étages, coin Carillon et Saint-Vallier Ouest, critiqué d’ailleurs par plusieurs,  et  l’ajout  de  quelques  arbres  à l’Ouest de la rue Marie-de-l’Incarnation.

On  constate  un  réel  désir  de  l’administration municipale d’améliorer la rue et de verdir le quartier. Une dizaine de fonctionnaires de la Ville étaient présents et deux élus,  Suzanne  Verreault,  conseillière  de Limoilou,  ainsi  que  Pierre-Luc  Lachance, conseiller municipal de Saint-Roch – Saint-Sauveur. On a pu entendre aussi quelques invités, dont Simon Parent de Nature-Québec, Jérémie Moller du Jour de la Terre et de Jérémis Foley de Demain la forêt.

Il est urgent de verdir le quartier, ont-ils tous  et  toutes  dit  en  substance.  D’autant plus que Saint-Sauveur est très touché par le problème de l’agrile du frêne, comme l’a rappelé Jérôme Picard, conseiller en environnement à la Ville. En effet, 124 arbres ont  été  abattus  dans  le  quartier  en  2019 afin de régler ce problème auquel plusieurs villes nord-américaines sont confrontées.

 

Demain la forêt

Jérémie  Fuller,  de  l’organisme  Demain la  forêt,  a  présenté  le  projet  soutenu  par la fondation David Suzuki qui travaille actuellement en partenariat avec la Ville de Québec.  L’organisme  invite  les  citoyens  à  présenter des projets sur des terrains privés d’ici juin 2020. L’objectif est d’augmenter la canopée, la diversité et la résistance des écosystèmes.  Demain  la  forêt  travaille  en partenariat avec collectif Verdir Saint-Sauveur. L’organisation peut défrayer jusqu’à 80%  des  travaux  pour  la  plantation  d’un minimum  de  dix  arbres  sur  des  terrains privés. Les propriétaires doivent s’engager à garantir la pérennité des arbres pendant vingt-cinq  ans.  Entreprises,  propriétaires de terrains privés et citoyens peuvent se regrouper et présenter des projets à la Ville. C’est le projet le plus concret et immédiat que la Ville propose aux citoyens.

 

Des idées avant-gardistes

Plusieurs  idées,  plus  intéressantes  les unes  que  les  autres,  ont  été  proposées pour verdir Saint-Vallier par les citoyens et les citoyennes. Afin de marquer l’entrée du quartier près de Marie-de-l’Incarnation et de  Saint-Vallier  Ouest,  la  proposition  de  la création  de  murs  végétaux  et  d’une  arche annonçant  « rue  Saint-Vallier,  rue  nourricière »  ou  encore  l’installation  d’îlots  intermédiaires  et  de  bandes  de  végétations centrales sur Marie-de-l’Incarnation.   Autant  de  propositions  témoignant  de l’ambition de la nouvelle génération de résidents  du  quartier  qui  ont  des  idées  à  la hauteur des enjeux liés aux îlots de chaleur et à la pollution de l’air. Dans un contexte de bouleversements climatiques, la Ville a plus que jamais un rôle à jouer. Et comme le sou-ligne Simon Parent de Nature Québec, « la participation  citoyenne  doit  être  au  cœur des projets de la Ville dans les quartiers ». Il rappelle que Saint-Sauveur est le seul quartier de Québec possédant un Plan de mobilité durable. Ce plan, élaboré par le Comité des citoyens et des citoyennes du quartier Saint-Sauveur (CCCQSS), les gens du  quartier  se  le  sont  approprié :  « Peu de  gens  s’approprient  le  Phare  comme idéal !  » souligne-t-il avec humour.

De nombreux jeunes résidents du quartier  proposent  des  murs  végétaux,  par exemple  la  plantation  de  houblon  grimpant près de la brasserie Le Griendel, mais aussi le rétrécissement de la rue pour diminuer la circulation et des projets de plu-sieurs petits nouveaux parcs urbains. Il a été proposé de favoriser le verdissement de stationnements, comme ceux des magasins Latulipe et de l’Intermarché.

On a suggéré de choisir une plante emblématique  pour  le  quartier  et  de  faire de la rue Saint-Vallier Ouest un corridor vert. Les gens veulent des saillies de trottoir  verdies,  des  jardins  verticaux : un verdissement ambitieux pour le quartier qu’ils affectionnent.

 

Ajouter un feu de circulation près du Pignon bleu

Des  citoyens  se  sont  particulièrement intéressés  à  la  sécurité  et  ont  proposé, en  plus  de  l’ajout  de  végétation,  que  la Ville installe un feu de circulation au coin des rues Sainte-Catherine et Saint-Vallier Ouest où les voitures arrivent à vive allure, en dépit de la présence de nombreux piétons  et  du  Pignon  bleu,  qui  accueille des enfants. Le Comité des intersections du  CCCQSSS  défendra  aussi  ce  genre  de proposition pour ralentir la circulation.

En plus du végétal, les gens ont demandé plus de lieux publics et de rencontres. «  On veut le beurre et l’argent du beurre a  ironisé  un  citoyen,  c’est-à-dire  on  veut une rue bordée d’arbres avec sous chaque arbre, un banc de parc !  »

 

L’ancien chemin du Roy

Inspiré  par  la  qualité  des  interventions citoyennes pour verdir la rue, un architecte résidant sur la rue Saint-Vallier  a  rappelé  que  Saint-Vallier  suit  le tracé de l’ancien lit de la rivière Saint-Charles,  arguant  qu’il  faudrait  mettre en  valeur  sa  dimension  naturelle    et l’originalité  de  cette  rue  sillonnant  le quartier. Devenu plus tard le chemin du Roy, qu’on parcourait en calèches, cette  rue  historique  mérite  certainement plus que d’être considérée comme une voix de transit.

Le verdissement de la rue Saint-Vallier Ouest  est  lié  à  sa  transformation  en  rue conviviale selon plusieurs. Pour Éric Marin  du  CCCQSS :  « L’objectif,  c’est  qu’il  y ait un maximum d’arbres (…) Mon cheval de  bataille,  rappelle-t-il,  c’est  que  cette rue ne soit plus une rue de transit, mais une rue de circulation locale ». Cela n’excluant ni les autobus, ni  la livraison pour les commerces, bien entendu.

 

Et la suite ? Un calendrier encore flou

D’autres  consultations  auront  lieu  à l’hiver et au printemps 2020 sur la transformation  de  Saint-Vallier  Ouest  en  rue conviviale.  Le  rapport  sur  l’atelier  participatif  du  26  novembre  sur  le  verdissement devrait être publié avant. Il est très attendu par  les citoyens.

Éric Martin du CCCQSS souligne le flou des échéances : « En 2017, la Ville a annoncé qu’elle allait refaire Saint-Vallier Ouest. On  est  en  2019 !  On  a  besoin  d’objectifs clairs, d’un échéancier et d’un budget. » Les voix entendues lors de l’atelier participatif  de  la  Ville  de  Québec  montrent que  les  résidents  du  quartier  Saint-Sauveur sont plus que jamais informés et engagés à transformer leur milieu de vie. Espérons que cette soirée d’atelier très stimulante  et  créative  aura  des  impacts réels sur l’avenir du quartier et sera plus qu’une  opération  de  communication  de l’administration municipale.