L’amour de Gilles Kègle

Gabrielle Beaupré, La Quête, Québec, septembre 2019

Depuis sa rencontre avec mère Teresa, le 14 juin 1986, Gilles Kègle, donne la totalité de son temps aux plus démunis. Surnommé « l’infirmier de la rue », il travaille sept jours sur sept, 365 jours par année depuis maintenant 33 ans. Son travail n’a jamais été un fardeau puisqu’il dit : « avoir rendez-vous avec l’amour » tous les jours de sa vie.

Pour M. Kègle, que *La Quête* a rencontré dans les bureaux de sa fondation, consacrer sa vie aux personnes dans le besoin est tout à fait normal. En effet, vers l’âge de trois ou quatre ans, il accompagnait déjà sa grand-mère, Germaine Pronovost, lorsqu’elle soignait à domicile des personnes qui étaient dans le besoin. Celle-ci était infirmière pour la Croix-Rouge. « Elle m’assoyait dans un coin, me donnait quelque chose à manger et à boire, et elle soignait les malades devant moi, relate-t-il. C’est ainsi que j’ai pris goût à prendre soin des malades et des pauvres ». En l’observant, il a appris à soigner les personnes démunies avec simplicité et détachement. Ces dernières décennies ont reflété ce qu’il a appris auprès de sa grand-mère puisqu’il affirme « agir exactement comme elle ».

 

Une journée typiquement atypique

Tous les jours, tôt en matinée, M. Kègle rencontre une partie de ses bénévoles à la Maison Gilles Kègle, puis va sur le terrain. Il part soit à pied, à bicyclette, en taxi ou parfois en camionnette afin de rencontrer ses malades. « On y va par priorité. Il y a des personnes que je vais voir pour qu’ils prennent leurs médicaments. Nous avons, par exemple, des cas d’Alzheimer. Je vais également voir [à domicile] ceux qui sont en soins palliatifs pour m’informer de leur état et vérifier leurs signes vitaux », indique-t-il.

Il retourne à sa maison, vers dix heures le matin, afin d’y rencontrer d’autres bénévoles. Il se réserve aussi du temps en matinée pour rappeler les gens. « Les médecins, les travailleurs sociaux, et le CLSC nous appellent chaque jour entre huit heures et midi pour nous confier de nouveaux patients », mentionne-t-il. Il précise que les policiers, les professionnels du domaine de la santé et ses patients savent comment le rejoindre facilement à tout autre moment de la journée.

À onze heures, c’est le dîner des bénévoles. « On dîne ensemble et c’est notre réunion ». À treize heures, le bureau de Gilles Kègle ferme afin que chaque bénévole et lui-même puissent aller prodiguer des soins à domicile.

Vers 19 heures, M. Kègle termine sa journée sur le terrain. « Avant je travaillais jusqu’à 22 heures, mais maintenant j’ai vieilli », spécifie-t-il. Cependant, son travail n’est pas terminé puisqu’il va derrière son bureau. « Je m’occupe de la facturation de la fondation et je prépare ma journée du lendemain et aussi, celle des bénévoles ». De plus, il prend le temps de répondre à tous ceux qui lui envoient des lettres : « Je reçois environ 1 000 lettres par année et je réponds à tout le monde », soutient-il.

À 21 heures, il termine sa journée. « Je suis vraiment épuisé et fatigué, mais le lendemain, lorsque je me réveille, je suis vraiment en forme pour continuer de nouveau. Mon travail est facile, pas compliqué, pas stressant et je n’ai aucun effort à faire », spécifie-t-il. Cependant, il indique que la plus grande difficulté de son travail se présente avec les cas d’Alzheimer puisque son équipe et lui-même s’inquiètent constamment pour eux.

 

Les Missionnaires de la Paix

Son équipe, Les Missionnaires de la Paix, constituée d’une quarantaine de bénévoles, se déplace dans cinq municipalités à Québec. « On a environ 400 personnes régulières qu’on soigne à domicile. Nous pouvons également les coiffer, laver leur linge, coudre leurs vêtements, sortir leurs animaux de compagnie, nettoyer les litières, sortir leurs poubelles s’il le faut, etc. ».

Également, les Missionnaires de la Paix et M. Kègle offrent du réconfort à leurs patients jusqu’à leur fin de vie. « Bien souvent, quand ils meurent, on est à côté d’eux. On leur fait des funérailles deux fois par année et ils sont inhumés dans mon lot à moi », témoigne M. Kègle.