Et si nous changions notre perception des déchets

Marie-Pier Bédard, La Gazette de la Mauricie, Trois-Rivières, juin 2019

Nous sommes présentement un peu plus de 7 milliards d’êtres humains sur la Terre. Nous avons tous des besoins à combler, mais les ressources de la Terre sont limitées. Notre façon de produire et de consommer n’est pas durable, notamment parce que nous considérons les matières en fin de vie comme des déchets et non comme des ressources. Résultat, les impacts de ce modèle économique nous mènent littéralement vers une crise.

Mais, au fond, qu’est-ce qu’un déchet ? Un objet, une matière dont on n’a plus besoin et dont on se départit. Si l’on pousse la réflexion un peu plus loin, un déchet c’est simplement une matière pour laquelle on n’a pas encore trouvé de débouché. Cette matière a donc une valeur économique si on sait où la diriger! C’est là qu’entre en scène le concept d’économie circulaire. L’économie circulaire propose un nouveau modèle économique qui vise une croissance économique exempte de gaspillage. Elle est basée sur les mécanismes suivants :

1) Repenser les façons de produire et de consommer pour utiliser moins de matières premières et pour protéger les écosystèmes qui les génèrent.

2) Optimiser l’utilisation des ressources qui circulent déjà dans la société.

Et la beauté de l’histoire, c’est qu’une transition vers ce nouveau modèle économique est en cours au Québec comme dans plusieurs régions du monde. En Mauricie, un projet allant en ce sens a été lancé le 16 mai dernier.

 

Économie circulaire Mauricie +

Économie circulaire Mauricie + a pour but de bâtir un réseau d’échanges de matières résiduelles entre les entreprises de la Mauricie et de Portneuf, de manière à créer une symbiose industrielle et développer davantage l’économie circulaire régionale. En d’autres termes, les déchets des uns deviendront les matières premières des autres. Mais avant d’arriver à la réalisation de maillages entre les entreprises, un grand travail sera fait par l’équipe d’Environnement Mauricie et leurs partenaires. Notamment, plusieurs rencontres en entreprises seront organisées afin de connaître les matières générées et celles qui sont actuellement non valorisées. Un grand travail de recrutement des entreprises s’amorce donc aujourd’hui afin de les inciter à adhérer au projet et à valoriser leurs matières résiduelles.

Soulignons également que le projet est appuyé par les quatre SADC de la Mauricie (Haut Saint-Maurice, Maskinongé, Centre-de-la-Mauricie, Vallée-de-la-Batiscan) ainsi que celle de Portneuf et la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie. Également, des partenariats techniques et scientifiques ont été conclus avec l’UQTR, le CNETE du Collège Shawinigan et Innofibre. Cette expertise sera essentielle afin de rechercher des débouchés innovants pour certaines matières.

En lançant Économie circulaire Mauricie +, nos régions rejoignent donc le club sélect des symbioses industrielles de la communauté de pratique Synergie Québec, qui regroupe une vingtaine de projets semblables dans la province. D’ici le printemps 2021, un travail de fond sera fait pour amener les entreprises à prendre un pas de recul et revoir leur perspective quant aux ordures qu’elles génèrent. C’est aussi une occasion unique de contribuer à un projet rassembleur et de resserrer les liens d’affaires existant entre nos entreprises. Au-delà des ordures, il s’agit aussi de partages, d’échanges, de se voir comme parties prenantes d’un tout. L’économie circulaire propose donc une solution concrète à une crise annoncée.