Carol-Ann Rouillard, La Gazette de la Mauricie, Trois-Rivières, juin 2019
Le projet de maternelle 4 ans du gouvernement caquiste, bien que critiquable à certains égards, a permis de remettre sur la table un enjeu longuement écarté des priorités politiques : celui du développement des jeunes enfants.
Il y a longtemps qu’on n’avait pas vu le débat aller au-delà de celui du nombre de places (ô combien insuffisant!) en garderie et des tarifs de celles-ci (doit-on, oui ou non, moduler les couts selon le revenu des parents?). Mais au-delà des discours et des actions politiques, il y a aussi le social, le quotidien.
Le respect du droit au calme
Est-ce que l’on accompagne et soutient bien les parents dans leur rôle? Est-ce la société a envie de participer à l’éducation de sa future génération d’adultes? J’aurais envie de répondre « non ». Les débats sur la présence d’enfants dans certains vols aériens ou dans certains restaurants au nom du respect d’adultes qui souhaitent passer un moment tranquille constituent une illustration d’une volonté de tenir les enfants à l’écart de certains lieux et espaces communs.
Soyons honnêtes, nous sommes constamment témoins d’enfants qui dérangent lors d’une sortie. C’est loin d’être une partie de plaisir, encore moins quand le parent semble totalement inapte à s’occuper adéquatement de son enfant. Peut-être est-ce un mauvais parent, ou peut-être est-ce un parent qui vit une mauvaise journée, qui n’a pas dormi depuis des semaines, ou qui en est à tenter de gérer la 100e crise de la journée et qui est parfaitement conscient que son enfant dérange.
Que fait-on dans ce temps-là? On se tait bien souvent. On a peut-être peur qu’une intervention soit mal reçue ou on ignore quoi faire. Il est vrai que ce n’est généralement pas de nos affaires. Et l’intervention de certaines personnes, bien que probablement de bonne foi, est loin d’être toujours aidante.
Un appui simple
Mais parfois, les bons mots et les attitudes bienveillantes peuvent être salutaires pour les parents. Ce couple à l’épicerie qui propose gentiment de discuter avec un enfant pendant que son père tente tant bien que mal de poser les articles de son panier d’épicerie à la caisse. Cette éducatrice qui offre un coup de main pour habiller l’enfant qui préfère courir d’un bout à l’autre de la pièce alors que sa mère est visiblement épuisée. Ces moments. Un tout petit cinq minutes qui fait du bien. Au parent, mais aussi à l’enfant qui voit une personne adulte qui s’intéresse à lui ou à elle.
La bonne attitude sociale
Nos actions sont régies par un ensemble de codes sociaux. On sait, par exemple, qu’il est bien de proposer son aide à une personne âgée qui peine à traverser une rue glacée. Ce n’est pas tout le monde qui le fait, mais il est possible de se dire, objectivement, que c’est une bonne action et que, règle générale, une personne apprécierait une telle offre.
Mais quand on voit un duo parent-enfant en difficulté, on ignore la « bonne » marche à suivre. Il serait peut-être temps qu’on se dote aussi de codes sociaux pour ces situations.
Parce qu’élever et éduquer des mini-humains est une tâche beaucoup trop importante et beaucoup trop exigeante pour que l’on ne trouve pas d’équilibre entre le respect du parent et une offre d’aide respectueuse.