Paul Janiga

«Moi mes souliers ont beaucoup voyagé…»

Daniel Rancourt, Le Félix, Saint-Félix-de-Kingsey, mai 2019

En avril et mai, la bibliothèque Irène-Roy-Lebel de Saint-Félix-de-Kingsey présente une exposition de photos de Paul Janiga sous le thème «Ocre ». Rencontre avec un photographe amateur,globe-trotter et animateur.

 

Parcours

Paul Janiga (prononcer Yaniga) est né en Suisse en 1943 de parents polonais actifs dans la résistance et qui, trahis, fuyaient la Gestapo dans une France occupée par les Allemands. Les parents se séparent et Paul se retrouve, pour quelques années, chez ses grands-parents à Constantinople en Turquie. Sa mère se remarie et la famille reconstituée immigre au Canada en septembre 1951. Ils s’établissent à Québec où ils sont arrivés par le SS Fairsea pour ensuite déménager dans le quartier Côte-des-Neiges à Montréal, puis à Ville Saint-Laurent.

Le beau-père de Paul, avocat de formation, ne pratiquera jamais le droit au Canada considérant les études à reprendre. Il devient vendeur, de téléviseurs alors que ce nouveau médium arrive dans nos maisons, puis d’assurances. Les époux construisent au fil du temps un solide bureau de courtage. À la maison, on parle le polonais et le français. Paul fait ses études primaires en anglais, puis son secondaire en français. Il s’inscrit ensuite en génie civil à l’université McGill. «Mon père a tout décidé et tout arrangé. Moi, je rêvais d’être mécanicien et d’avoir un garage. En fin de compte, le beau-père avait raison », confie-t-il en riant.

Il obtient son baccalauréat en 1967 et part travailler à Terre-Neuve. Il revient à Montréal faire une maîtrise en « mécanique des sols » qu’il obtient en 1970. Avant d’entreprendre un doctorat en « mécanique de la neige », études jamais complétées, il travaille au Mali, en Afrique, et ensuite au barrage de Manic 3. Durant ses études de 3e cycle, il devient chargé de cours, toujours à McGill, de mécanique classique, enseignant les lois de Newton. À ce moment-là, il partage un appartement avec un bon ami qui lui demande de faire des calculs de stabilité d’équipements militaires. Ces travaux débouchent sur une offre d’emploi à la Space Research Corporation qu’il accepte car il vient de se marier ! De cette union de plusieurs années naissent une fille et un garçon.

Paul participe à la création de Technologies Belcan en 1987. Lorsque Belcan est reprise par une société française, il est nommé président directeur général (PDG) et y reste jusqu’en 2001. Il passe chez SNC Technologies, dans les anciens arsenaux du Canada à Ville Legardeur. En 2002, il apprend que son père biologique est vivant. Cette nouvelle change ses plans et encouragé par sa nouvelle conjointe (Claudette Massicotte ou « Clo »), il postule et décroche un emploi chez Mecar SA en Belgique. Il y restera jusqu’à sa retraite en 2008.

 

Globe-trotter

« À la fin du secondaire, le frère Henri, professeur de français, nous a demandé d’écrire un texte sur un confrère de classe. Alex, mon ami qui avait écrit sur moi, avait choisi “Moi mes souliers ont beaucoup voyagé ”, la chanson de Félix Leclerc, pour me décrire. » « Ce qui m’attire dans le voyage c’est d’une part, l’inconnu et l’aventure, et d’autre part, le défilement de toutes ces nouvelles images et expériences et l’histoire. Voyager en travaillant, c’est l’immersion totale et une tout autre expérience de vie. Je suis un gars de terrain, je ne suis pas un gars de bureau.

J’aime aller à la rencontre des gens. C’est d’ailleurs pour ces raisons et mon besoin profond pour redécouvrir l’Europe et revoir mon père que Clo et moi avions décidé de nous expatrier pour quelques années. J’ai été chanceux d’avoir eu un travail qui m’ait procuré la possibilité de voyager », explique-t-il. C’est ainsi que Paul parcourt à peu près toute l’Europe, l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient jusqu’en Asie. Puis, le Canada, les États-Unis, l’Amérique centrale et l’Australie.

Son endroit de prédilection s’avère le Sud-Ouest américain qu’il a sillonné deux mois en véhicule récréatif, puis cinq autres mois en tirant une roulotte. «L’Arizona, le Nevada, la Californie, l’Utah… Des endroits désertiques comme aussi le centre de l’Australie, la Tunisie, l’Égypte, Oman… J’aime le désert, même si parfois il fait tellement chaud que tu veux enlever ta peau. Les couleurs et la géologie visible à fleur de surface me surprennent à chaque fois, ainsique la vie “ discrète ” du désert », mentionne- t-il.

Depuis une dizaine d’années, soutenus par les directrices de la bibliothèque de Saint-Félix, Paul Janiga et plusieurs collaborateurs, dont Robert et Pierre Proulx, Claude Lebel et Noel Grégoire, font presque à chaque hiver des présentations de voyage appréciées des citoyens de Saint-Félix et des environs.

 

Photographe

« Je ne sais pas d’où vient cette attirance pour la photographie. C’est peut-être l’influ ence de mon beau-père qui faisait de la photo et avait même aménagé une chambre noire à la maison pour développer et tirer ses propres épreuves (à l’époque de la photo argentique). Un été, j’ai aidé un photographe dans son travail de chambre noire et cette expérience m’a donné le goût de continuer. C’était tout de même magique de voir apparaître une image dans un bac d’acide ! Jeune homme, je pensais devenir artiste. J’ai toujours dessiné, et ma mère et ma sœur dessinaient très bien. Je veux m’y mettre… » Mais, qu’est-ce qui emmène un passionné de voyages et de photos à s’établir à Saint-Félix-de-Kingsey ?

L’amour. Il y a une vingtaine d’années, Paul Janiga a rencontré Clo, originaire de Shawinigan, travaillant à Drummondville et propriétaire d’une maison à Saint-Félix. Pour consacrer ce grand amour, Clo et Paul se sont mariés en mai 2008. Depuis une dizaine d’années, ils vivent en permanence à Saint- Félix quand ils ne sont pas sur les routes du monde. Prochain départ ? Ils sont à planifier une traversée du Canada et l’explo ration de la côte Ouest américaine. Avec quelques milliers de photos en prime !

En attendant, rendez-vous pour « Ocre » : des Îles-de-la-Madeleine à l’Australie en passant par les déserts du Sud-Ouest des États-Unis : paysages, textures, jeux de lumières et d’ombres, un peu de géographie et de géologie, à la salle Desjardins de la bibliothèque Irène-Roy-Lebel de Saint-Félix-de-Kingsey.