Nathalie Côté, Droit de parole, Québec, mai 2019
Une pétition appuyée par Nature Québec et plusieurs groupes environnementaux a été lancée le 9 avril dernier par le groupe abitibien L’Action boréale et la Coalition Fjord au Saguenay pour dénoncer les projets de pipeline et d’usine de GNL Québec.
Ce projet vise à exporter du gaz de l’Ouest canadien vers les marchés internationaux en passant par l’Abitibi, le Témiscamingue, la Haute-Maurice, le Lac-Saint-Jean, le fjord du Saguenay et le Saint-Laurent.
Le gaz naturel serait ainsi acheminé jusqu’à Grande-Anse, au Saguenay, où une usine pourrait le liquéfier pour ensuite le transporter vers les marchés internationaux.
Cent-vingt super-méthaniers transportant le gaz liquéfié navigueraient ainsi dans le fjord jusqu’au fleuve chaque année. Les bateaux passeraient « au cœur de l’habitat essentiel du béluga du Saint-Laurent, espèce emblématique en voie de disparition », comme le rappelle Nature Québec.
« GNL égale « gaz naturel liquéfié »
La liquéfaction du gaz par le refroidissement permet d’en diminuer le volume et d’en faciliter le transport. C’est ce qu’entend faire GNL Québec. Les eaux profondes du fjord et l’accès à l’hydroélectricité du Québec permettraient à l’entreprise de réduire ses coûts de production, comme l’expliquent les promoteurs sur leur site. Les lieux ciblés pour la liquéfaction du gaz présentent aussi d’autres avantages comme le climat frais du Saguenay et l’existence d’infrastructures déjà en place : routes, aéroport, installations portuaires.
Les revendications des environnementalistes
Les auteurs de la pétition interpellent les premiers ministres du Québec et du Canada, ainsi que les ministres de l’environnement, et leur demandent de protéger les espèces menacées et en péril dans l’habitat du Saint-Laurent. Ils leur demandent aussi de ne pas financer GNL Québec à même les fonds publics.
Les auteurs de la pétition revendiquent également que l’évaluation du projet tienne compte de la production des gaz à effet de serre en amont et en aval du projet. Il est actuellement subdivisé en plusieurs parties. La production du gaz, la construction du pipeline, le port méthanier et le transport par bateaux sont considérés comme autant de projets différents.
Encore des énergies fossiles…
« Le gaz (…) transporté par un pipeline de 750 km serait principalement d’origine fossile et extrait par fracturation hydraulique, une technique non conventionnelle de production d’hydrocarbures qui contamine des sources d’eau potable, entraîne des fuites de méthane et provoque même des tremblements de terre», rappelle Nature Québec.
En plus des bélugas touchés par le passage des méthaniers, la construction du pipeline pourrait mettre en péril la faune, dont le carcajou et la tortue mouchetée.
Québec, voie de passage?
Il s’agit essentiellement, comme l’était le projet d’Énergie Est, d’un projet d’exportation qui veut utiliser le territoire du Québec comme une voie de passage, ne créant très peu d’emplois.
Si le pipeline, contrairement à celui d’Énergie Est, qui aurait traversé des zones densément habitées, franchirait des lieux sauvages, il n’en est pas moins problématique : « la construction du pipeline gazier impliquerait de nombreux franchissements de rivières et de milieux humides. Le corridor à l’étude englobe en effet plus de 20 400 km de cours d’eau! ».
En somme, comme le soulignent les groupes environnementaux : « le projet GNL accentuerait la crise climatique, car il ouvrirait de nouveaux marchés au gaz fossile nord-américain. La science est claire : 80% des réserves connues de pétrole de charbon et de gaz doivent rester dans le sol. »