Marthe Laverdière. Photo : Sylvie Gourde

Marthe Laverdière récidive avec un deuxième tome: Jardiner avec Marthe, Virons pas fous!

Sylvie Gourde, Le Tour des Ponts, Saint-Anselme, mai 2019

Alpha Bellechasse accueillait, le mardi 23 avril dernier à la Bouquinerie Le plaisir des mots, l’horticultrice, massothérapeute, humoriste et auteure bellechassoise Marthe Laverdière pour une belle petite jasette sur son dernier-né Jardiner avec Marthe, tome 2, Virons pas fous!

En 2016, pour dérider une amie qui vivait un moment difficile, elle lance sur Facebook, avec l’aide de sa belle-fille Marie-Christine Goupil, une première capsule vidéo réalisée à l’impromptu. Du jour au lendemain, le virus se répand dans l’espace médiatique. S’ensuivra une série de capsules, bricolées candidement, révélant une myriade de petits trucs pour jardiner sans souci.

Sa bonhomie spontanée, sa jovialité contagieuse, son langage coloré et ses conseils horticoles pertinents créent un effet bœuf auprès des internautes qui puisent dans ces moments de bonne rigolade un véritable ressourcement. «Je veux rire et faire rire. Les gens sentent que j’éprouve un immense plaisir à faire ce que je fais.» Avec authenticité, Marthe exprime la chaleur humaine, en rappel de la bonté naturelle que chacun possède à l’intérieur de soi. Touchante, elle plaît d’emblée.

Sa popularité florissante l’incite à monter sur scène, quelques mois plus tard, pour présenter un premier spectacle d’humour au bénéfice de sa petite-fille Jeanne, atteinte du syndrome de Rett atypique. Quelque cinq cents personnes l’applaudissent à tout rompre à la salle municipale de Saint-Lazare de Bellechasse. Parmi les spectateurs figurent quelques chasseurs de têtes. C’est ainsi qu’elle est transplantée dans le monde du showbiz, de la télévision et de la radio où elle multiplie les entrevues.

Depuis, elle se promène d’une région à l’autre pour produire des spectacles d’humour et donner des conférences. Elle a également rédigé, coup sur coup, sous l’égide des Éditions de l’Homme, deux bouquins dont le premier tome s’intitule Jardiner avec Marthe, pas plus compliqué que ça!

Le reste du temps, elle travaille ardemment dans les Serres LI-MA, nichées dans le rang de la Fourche à Armagh. Elle souhaite mettre sur pied une oasis pour accueillir des parents avec leurs enfants gravement malades. Elle croît en la retentissante beauté de la nature comme mode de guérison.

À cet effet, la populaire horticultrice s’apprête à lancer le site de La fondation Marthe Laverdière afin de créer La maison de Jeanne qui viendra en aide aux enfants de 0 à 21 ans qui ont un diagnostic de déficience intellectuelle ou physique, du syndrome de l’autisme, de cancer ou autre.

 

La fondation Marthe Laverdière

La fondation Marthe Laverdière offrira gratuitement un service de répit gardiennage, des massages et des séances de spa et surtout des rencontres qui permettront aux parents de sortir de leur isolement et d’échanger sur leur dure réalité. Déjà, elle bénéficie de la collaboration du CISSS et du CLSC. Plusieurs personnes offrent temps et énergie bénévolement.

Les redevances du premier tome lui ont permis de récolter 20 000 $ destinées à la Fondation. Tous les dons qu’elle reçoit lors de ses spectacles ou conférences y sont comptabilisés. Et s’ajoutera 1 $ sur chaque livre vendu. Dès que l’organisme pourra remettre des reçus de charité, Marthe lancera une importante campagne de financement en ligne.

Un conseil d’administration, composé, entre autres, de Marthe Laverdière, de son mari Sylvain Talbot et de sa bru Marie-Christine Goupil auxquels se grefferont des parents, gérera les destinées de La fondation et les demandes de répit.

 

Du rire aux larmes

Les 120 minutes passées en catimini avec Marthe Laverdière, ce 23 avril, se sont envolées comme par enchantement. Bien sûr, avec cette charmante dame on rit, beaucoup même. Mais on voyage surtout dans des sentiers peu fréquentés pour aboutir dans des grottes où se profilent sur les murs les ombres de la maladie, de la souffrance, des tourments.

Très tôt, on aboutit dans une géode où miroitent empathie , bienveillance et courage. Parce que derrière le rire, il y a aussi des larmes, portées par cette grande sensibilité à l’endroit de la peine des autres.

Elle connaît bien la souffrance pour l’avoir côtoyée à maintes reprises dans sa vie. Et avec la maladie de sa petite-fille Jeanne, elle transborde un entrain incommensurable pour fleurir et adoucir le quotidien. «Je ressens plus que jamais le besoin de rencontrer les gens, car ils donnent un sens à la souffrance que j’éprouve pour Jeanne. J’ai l’impression que sa maladie est moins destructrice dans mon cœur.»

Comme son mari Sylvain, elle réalise que tant qu’on n’a pas bercé un enfant malade, on n’a pas vraiment ressenti la vie. Alors chaque fois qu’elle le peut, elle vient se serrer tout contre Jeanne. «Elle ne pourra jamais jardiner avec moi dans mes jardins, mais elle a déjà commencé à jardiner mon cœur et à y faire pousser de belles, belles choses.1

Marthe croit d’ailleurs que tout est arrivé pour Jeanne. «Je ne pense pas avoir tout le talent personnel pour générer un tel engouement. S’il y a quelqu’un en haut qui veut cela, il saura tirer les ficelles pour que ça marche. Je fais confiance. À travers son handicap, sans dire un seul mot, Jeanne m’apprend à vivre le temps présent. Les enfants atteints de maladies sévères n’ont ni passé ni futur: juste un présent. Avec eux, tu peux seulement être toi, dans l’instant.»