Martin Aubin, le professeur du Cégep de Sherbrooke.

Pour y voir plus clair la nuit

Jean-Marc Brais, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 15 avril 2019

Une quarantaine de personnes, dont plusieurs membres du club local d’astronomie CAPRICE, ont assisté à la quatrième conférence annuelle du club, qui s’est tenue à la salle municipale de La Patrie. Le professeur du Cégep de Sherbrooke, Martin Aubé, a démontré les avantages des ampoules ambrées sur la pollution lumineuse nocturne, tandis que Rémi Boucher a donné quelques nouvelles de la Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic (RICEMM).

La soirée était chapeautée par la Fédération des astronomes amateurs du Québec, qui en a profité pour effectuer la première retransmission en direct de son histoire via sa page Facebook. Bien que technique, la présentation du professeur Aubé s’adressait au grand public, ne serait-ce que par l’effet de masse que peut avoir une conscientisation face à la pollution lumineuse. En étant de surcroit située au cœur de la Réserve, la région du Haut-Saint-François joue un rôle important dans la santé de l’Observatoire du Mont-Mégantic.

 

Lumière bleue, peur bleue

Comme l’expliquait le professeur au Département de physique du Cégep de Sherbrooke, la composition spectrale, ou couleur, de la lumière nocturne joue un rôle déterminant dans son niveau de nuisance. Si l’on peut déjà concevoir que la présence de lumière la nuit viendra interférer avec l’astronomie et ses observations du ciel étoilé, de plus en plus de recherches démontrent ses conséquences négatives sur la santé humaine ainsi que sur celles de la faune et de la flore.

L’exposition à la lumière bleutée après le coucher du soleil augmente les risques des cancers du sein, de la prostate et colorectaux. Elle augmente aussi les niveaux de fatigue, de stress et de dépression chez les sujets étudiés en plus de diminuer leur productivité générale, aux dires de l’homme de sciences.

Du côté de la nature, la lumière artificielle interfère avec la migration de certaines espèces d’oiseaux, une plus grande mortalité chez les insectes ainsi que des types de plantes agricoles qui ne se développent pas pleinement, lorsque constamment éclairés.

Professeur Aubé est un ardent défenseur des ampoules ambrées qui émettent une lumière chaude et moins dommageable. Il a même mis en ligne une base de données (www.lspdd.org) recensant plus de 250 lampes qu’on retrouve sur le marché et permettant de les comparer selon leurs spécifications. Le meilleur outil pour contrôler l’éclairage nocturne demeure le détecteur de mouvement qui ne fonctionne qu’au besoin.

 

En bonne santé

Le coordonnateur scientifique et responsable de la Réserve de ciel étoilé, Rémi Boucher, avait de bonnes nouvelles à propos de la vaste zone inaugurée en septembre 2007. En douze ans d’existence, on n’a pas noté de réelle augmentation de la pollution lumineuse dans la région. On observe même une légère amélioration de la situation, suite à un intense travail de sensibilisation auprès de la population.

Alors que l’éclairage de nuit a tendance à augmenter de 6 % par année à l’échelle de la planète, on serait de retour à un niveau semblable à celui des années 70 à l’intérieur de la Réserve. M. Boucher a voulu déboulonner le mythe selon lequel plus de lumière la nuit augmente la sécurité en faisant diminuer la criminalité ou les accidents de la route. Des installations récentes et trop puissantes peuvent même avoir l’effet contraire pour les automobilistes.