M. Nicol Tremblay, président du CCCQSS. En arrière-plan, le tableau des activités du comité.

Un comité citoyen à quoi ça sert?

Gabrielle Beaupré, La Quête, Québec, mars 2019

Cette année, le Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur (CCCQSS) fêtera son 50e anniversaire. Fondé en 1969 par Danielle Boulanger, ce comité, par sa détermination et sa mobilisation, a entrepris de nombreux projets d’aménagement et d’urbanisation, et a lutté pour différentes causes au fil des ans. Nicol Tremblay, président du CCCQSS et membre du comité depuis 1973, raconte les moments marquant tout en mettant de l’avant les implications du comité passées dans l’ombre.

Au moment où Danielle Boulanger a fondé le CCCQSS, le contexte politique dans la société québécoise était en ébullition. Inspirée par divers exemples de luttes citoyennes, elle désirait « briser le silence » et aider les personnes démunies autant sur le plan économique que social. Sachant que le quartier résidentiel de Saint-Sauveur était un milieu soudé et que ses résidents allaient être réceptifs à son projet, Mme Boulanger a entrepris les démarches pour réunir les premières personnes afin de créer le CCCQSS.

L’une des grandes réalisations du CCCQSS est « d’avoir arrêté la démolition de 2 500 logements d’habitation dans le quartier en 1976 », mentionne M. Tremblay « Le quartier ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui si nous n’avions pas arrêté les bulldozers sur la rue Langelier avec le document *La rénovation qu’ossa donne* », affirme-t-il. En effet, ce document de 43 pages rattaché à une couverture d’une couleur jaune frappante divulgué le 3 mars 1975 a suscité plusieurs réactions dans la ville de Québec et a grandement surpris l’administration du maire de l’époque, Gilles Lamontagne. La diffusion de ce document a également arrêté « trois gros projets dans les années qui ont suivies : L’autoroute Charest en tranchées, l’autoroute de la Falaise et la démolition d’une bonne partie de la paroisse Sacré-Cœur, près de la rivière Saint-Charles », précise M. Tremblay.

L’une des grandes réussites du CCCQSS touche l’habitation. Plus précisément, le comité a mis en œuvre des programmes de rénovation urbaine et obtenu la construction de plusieurs complexes d’habitation et la construction de nombreux logements sociaux (HLM). « Nous avons travaillé en collaboration avec le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial afin que les HLM construits soient plus petits, aient un visage humain et que ses résidents et résidentes soient intégrés dans le quartier », indique M. Tremblay.

 

Sauvegarder l’école

Au cours de leur histoire, le CCCQSS a sauvé à trois reprises l’école primaire Sacré-Cœur, toujours en fonction. Pour M. Tremblay, la deuxième sauvegarde de l’école du quartier (1991-1992) a été la plus marquante. Le temps jouait contre eux parce que toutes les décisions concernant le futur de l’établissement d’enseignement étaient prises lorsque les mouvements de mobilisation pour le sauver ont débuté. Ainsi, la direction de l’école, les employés, les élèves et leurs parents se sont joints au CCCQSS pour sauver l’école. « Des cartes de Noël avec des dessins d’enfants ont été envoyées aux commissaires de la Commission des écoles catholiques de Québec et une action médiatique intitulée *Une école au cœur de son quartier* a eu lieu. Des démarches auprès de la Ville de Québec ont été entreprises pour que cette dernière s’implique dans les solutions de sauvegarde, et bien plus encore », se souvient M. Tremblay.

 

Des partenariats

Plusieurs entreprises ont vu le jour dans le quartier Saint-Sauveur grâce au CCCQSS. « Nous, le comité de citoyens, avons démarré et appuyé beaucoup d’organismes et d’entreprises émergentes dans le quartier », souligne M. Tremblay. Par exemple, mentionnons la fondation Atout-Lire (une fondation permettant aux analphabètes d’apprendre à lire et à écrire) et, plus récemment, le marché public de Saint-Sauveur.

Le CCCQSS s’est également joint à des collaborateurs afin de créer des organismes. Par exemple, « le comité emploi pour les jeunes [un sous-comité du CCCQSS] a fait des démarches avec l’aide d’Alain Mignault, un membre du conseil d’administration de l’organisme Centraide, pour démarrer une entreprise pour des jeunes [finissants de l’Université Laval] dans le secteur de l’aide alimentaire », explique M. Tremblay. Cet organisme se nomme aujourd’hui, Moisson Québec.

M. Tremblay mentionne enfin que lorsqu’un organisme ou une entreprise est bien démarré, le CCCQSS préfère se retirer du projet et la laisser voler de ses propres ailes.