Émilie Gamelin : Entraide et dévotion

Mario Alberto Reyes Zamora, L’Itinéraire, Montréal, le 1er mars 2019

Émilie Gamelin (1800-1851) a consacré le plus clair de son temps à aider de différentes manières les pauvres, les orphelines, les chômeurs, les malades, les infirmes, les prisonniers politiques, les femmes ainsi que les gens souffrant de maladie mentale. Elle cherchait à faire une différence dans la vie des gens les plus vulnérables.

Sa famille vivait sur un terrain nommé « Terre Providence », loué aux religieuses de Saint-Joseph et situé au nord de la ville. La vie d’Émilie Gamelin est parsemée de moments difficiles. De nombreux décès sont survenus au sein de sa famille. Née le 19 février 1800 à Montréal, Émilie Tavernier (Émilie Gamelin) est la fille d’Antoine Tavernier et de Marie-Josephte Maurice. Dernière arrivée dans une famille de 15 enfants, elle ne connaîtra jamais neuf de ses frères et sœurs, décédés avant même qu’elle ne voit le jour. Sa mère meurt avant qu’Émilie atteigne ses quatre ans. Peu de temps avant sa mort, Marie-Josephte confie la petite Émilie à sa belle-sœur, plutôt aisée. La jeune Émilie a donc pu bénéficier d’une éducation de qualité au pensionnat des Sœurs de la Congrégation Notre-Dame.

 

Un dévouement précoce

Elle commence à aider les pauvres à 18 ans, alors qu’elle s’occupait de l’auberge de son frère qui venait de perdre sa femme. Elle fait aménager une pièce pour les pauvres à qui on sert un bon repas gratuitement. Lorsque son frère se remarie, un an plus tard, elle doit cesser ses activités.

Le 4 juin 1823, elle épouse Jean-Baptiste Gamelin, un bourgeois respectable beaucoup plus âgé qu’elle. Le couple avait en commun le désir d’aider les pauvres et était fortement croyant. Jean-Baptiste décède quatre ans plus tard, laissant Émilie seule à s’occuper de leurs trois enfants. Le malheur s’acharne, les enfants décèdent les uns après les autres en l’espace de quelques mois. Désormais seule et endeuillée, Émilie se met au service des autres.

 

Un premier refuge

Au coin des rues Sainte-Catherine et Saint-Laurent, en mars 1830, elle ouvre un premier refuge pour les femmes pauvres et malades. Cet espace, fourni par le curé Claude Fay de la paroisse de Notre-Dame de Montréal, deviendra rapidement insuffisant. L’année suivante, elle loue un second établissement qu’elle gère elle-même. Ce sont les balbutiements de l’œuvre de la Providence.

Constamment à la recherche d’argent et de provisions, elle organise des ventes d’objets de toute sorte et elle passe de porte en porte pour demander des dons. En 1836, Antoine-Olivier Berthelet, riche homme d’affaires charitable, lui offre la Maison jaune qui sera renommée plus tard la Maison de la Providence. Cette troisième maison est située au coin des rues Saint-Hubert et Sainte-Catherine.

Cette femme de cœur se dévouera particulièrement durant l’épidémie de choléra entre 1832 et 1834. Durant la rébellion des patriotes en 1837, elle apporte aide et réconfort aux détenus de la prison Au Pied du Courant, à qui elle apporte courrier et denrées, même si tout cela était formellement interdit.

Puis elle fonde l’hospice Saint-Jérôme-Emilien, destiné à traiter les enfants d’immigrés irlandais, massivement frappés par le typhus en 1847.