Le monde artificiel du cannabis

Vincent Di Candido, Échos Montréal, Montréal, novembre 2018

Lors de la journée du 16 octobre dernier, à l’ouverture des boutiques pour l’achat libérateur du 30 grammes de cannabis autorisé, difficile de manquer les files de gens rassemblés dans un esprit de show de boucane, tels des pionniers à la recherche du filon d’or.

Par ailleurs, il est paradoxal d’entendre le premier ministre du Canada Justin Trudeau dire que le pot n’est pas bon pour la santé, sachant qu’il a été l’instigateur de cette loi permissive, imposée à toutes les provinces et les citoyens du pays, sous prétexte d’enlever ce marché au crime organisé. Une vision bien naïve quand l’on connait la facilité d’adaptation des trafiquants.

Beaucoup de fumeurs de cette herbe y trouvent une forme d’euphorie et de relaxation, sans tenir compte des mises en garde des spécialistes dans ce domaine indiquant un danger important pour la santé. D’ailleurs, une étude sur des jeunes entre 18 et 24 ans démontre que même cinq heures après avoir fumé du cannabis, le comportement reste erratique et la conduite en voiture est dangereuse.

Plusieurs consommateurs ont dévoilé leur agressivité pendant cette journée d’ouverture, autant à Montréal que dans la ville de Québec, se battant tels des voyous ou crachant sur d’autres tels des primitifs de l’âge des cavernes, comme si le pot était essentiel à leur survie. Cette réalité est le fruit de nos gouvernements irresponsables qui d’une part condamnent un produit qu’on dit cancérigène au même titre que la cigarette, mais d’autre part n’hésitent pas à adopter une loi qui produit des effets néfastes.

Dans la cacophonie de cette journée d’ouverture où des gens ont attendu des heures que les boutiques ouvrent leurs portes, certains ayant même fait des dizaines de kilomètres pour venir acheter du cannabis. Beaucoup étaient dans l’euphorie de vivre l’expérience de se précipiter afin d’être les premiers à se procurer le précieux sésame, comme on peut le voir pour certains téléphones intelligents dernier cri.

On doit maintenant imposer des interdits dans les parcs, appartements, tous les lieux publics sauf où c’est déjà interdit. Dans cette pagaille municipale, il faut noter que Montréal est permissive dans 14 arrondissements pendant que l’opposition est sévère dans 5. Il reste à savoir comment faire respecter la loi interdisant de fumer sur le balcon ou dans l’appartement, ainsi que dans les parcs, quand on constate le manque de ressources à la petite échelle déjà en place depuis des années.

Notre premier ministre du Canada Monsieur Justin Trudeau rêve en couleur concernant la jeunesse droguée au cannabis, qu’il reconnait être dangereux pour leur santé, s’il pense que cela éloignera les dealers alors que ceux-ci envahissent les écoles sans inquiétude et trouveront d’autres produits encore plus dangereux à leur vendre. Cette naïveté du gouvernement semble s’apparenter à une manipulation politique et on peut ainsi déplorer que Guy A. Lepage, qui dans son émission Tout le monde en parledu dimanche 21 octobre n’a pas su poser les questions pertinentes, n’aura été qu’un instrument supplémentaire de cette mascarade.