La parole citoyenne dans toute sa splendeur

Marc Simard, Le Mouton NOIR, Rimouski, novembre-décembre 2018

On n’est jamais si bien servi que par soi-même! Alors que le nouveau gouvernement de la CAQ a brillé par son absence en matière environnementale durant la campagne électorale et que l’opposition officielle libérale commence à peine à ouvrir des chantiers de réflexion sur les changements climatiques (une préparation quasi subtile aux élections de 2022?), moult scientifiques clament qu’il faut agir vite si on veut éviter le pire à la planète bleue. Une enseignante en français du Cégep de Rimouski a pris les choses en main pour sa région. Patricia Posadas, une militante anti-énergie fossile de longue date, propose un projet ambitieux qui sera déposé le 5 novembre au conseil municipal de Rimouski. En voici quelques extraits.

 

La prémisse

« Considérant l’augmentation dans l’atmosphère des gaz à effet de serre.

Considérant que tous les indicateurs scientifiques montrent que nous sommes en crise climatique, que nous nous dirigeons à court terme vers une catastrophe appelée — bouleversement climatique abrupte et irréversible — qui menace la civilisation et la vie.

Considérant les actions inadaptées des acteurs politiques face à la situation dramatique qui se développe dangereusement.

Considérant que le Conseil de sécurité de l’ONU qualifie le changement climatique d’amplificateur de menaces à la paix et à la sécurité. »

 

Et après?

Le document propose ensuite une série de déclarations citoyennes toutes plus engagées les unes que les autres, et suit le clou de l’exercice :

« Face à tout cela, nous, citoyens et citoyennes, déclarons que :

Afin d’éviter un bouleversement climatique abrupt et irréversible et ses conséquences catastrophiques, l’état d’urgence climatique doit être reconnu maintenant. »

À la lecture du document, on sent l’urgence d’agir. Malheureusement, pour le moment, à part quelques grandes orientations générales, aucun geste précis et concret n’est proposé. Peut-être cela viendra-t-il dans un deuxième temps, une fois que le conseil municipal aura accepté de déclarer l’état d’urgence climatique.

Évidemment, comme toute initiative citoyenne, c’est le poids du nombre qui est le nerf de la guerre. L’événement Facebook insiste d’ailleurs sur ceci : « ll est important que l’exercice de dépôt mobilise un bon nombre de personnes qui sont préoccupées par les enjeux climatiques. À la suite du dépôt, les personnes désireuses de poser des questions au conseil municipal pourront le faire. »

Ce ne sera pas la première fois que des militants environnementalistes participeront à une séance du conseil municipal de Rimouski : transport de pétrole par train au centre-ville, école à proximité d’un terminal pétrolier, etc. Le maire Marc Parent est donc déjà très au fait des revendications citoyennes… Cette fois par contre, l’enjeu est d’une importance capitale. La reconnaissance par une municipalité d’un état de crise climatique ouvrirait la voie aux autres et, même, osons l’espérer, aux instances gouvernementales supérieures.