Photo : Courtoisie de Nathalie Giguère.

L’approche «Logement d’abord» à l’origine du Porte-Clés

Nathalie Giguère, La Quête, Québec, octobre 2018

Au Québec, l’approche « Logement d’abord » s’est pointé dans le processus d’intervention à la suite du renouvellement de la stratégie de lutte contre l’itinérance du gouvernement canadien, en mars 2013, qui invite les collectivités du pays à intégrer cette façon de faire dans leur pratique de lutte contre l’itinérance et les services de prévention.

L’approche « Logement d’abord» est axée sur le rétablissement des personnes en situation d’itinérance. Elle vise notamment à leur offrir des logements indépendants et permanents le plus rapidement possible sans leur imposer de conditions préalables et, ensuite, à leur offrir d’autres types de services et de soutien dont elles pourraient avoir besoin. L’approche « Logement d’abord» repose sur le principe qu’il est plus facile de prendre sa vie en main si l’on est d’abord logé.

 

La naissance du Porte-Clés

C’est dans ce contexte que huit organismes de la région de Québec se sont regroupés pour proposer un projet de concertation clinique et, plus particulièrement, l’implantation de l’approche « Logement d’abord ». Ce projet est baptisé Porte-Clés et est coordonné par l’organisme PECH.

Huit organismes chevronnés et diversifiés qui unissent leurs efforts, leur expertise, leurs moyens et leurs passions pour aider les personnes en situation d’itinérance chronique et épisodique. Huit organismes déjà dédiés à la cause de l’itinérance proposent de travailler en étroite collaboration pour soutenir l’intégration en logement de ces personnes. Les organismes sont fiers du travail accompli depuis le début et du fait que Porte-Clés a obtenu le prix d’excellence du réseau de la santé et des services sociaux, en 2018. Il s’agit de:

  • L’Archipel d’Entraide
  • Lauberivière
  • Le Café rencontre
  • Le CF3A (Centre de femmes aux 3 A)
  • Miels-Québec
  • Le PIPQ
  • LaYWCA
  • PECH

Porte-clés offre une panoplie de services pour accroître les chances de réussite d’intégration et de maintien en logement. Les candidats doivent satisfaire trois exigences de base : fiducie, signature d’un bail et accompagnement par un intervenant qui rencontre régulièrement la personne dans son logement, l’accompagne dans diverses démarches et le supporte dans son rétablissement. Nous fournissons les meubles, le déménagement, le nécessaire pour cuisiner et de l’aide dans les nombreuses démarches.

On peut penser que la réalisation du rêve d’intégrer un logement est chose facile, mais plusieurs défis se présentent autant au nouveau locataire qu’aux intervenants. Le grand bonheur vécu la journée du déménagement laisse place après quelques mois à de la solitude et du temps à occuper. Mais comment l’occuper ce temps? Vivre dans la rue mobilise l’ensemble des activités de la journée, qu’il s’agisse de chercher nourriture, gîte, abris et espace pour se déposer. S’approprier l’espace de ces quatre murs, reconnaître ses besoins et se permettre de rêver à nouveau est un défi.

 

Mais qu’est-ce qu’un itinérant ?

L’image populaire veut qu’un itinérant soit une personne qui mendie, un sans-abri ou un toxicomane, qui squatte un peu partout dans la ville, souvent mal vêtu et qui mange peu. Des personnes qui ont vécu des traumatismes et de la maltraitance, qui dérange parfois le quotidien des passants et des commerces. Des gens qui demandent aussi beaucoup de travail aux policiers, aux intervenants, au milieu de la santé et judiciaire.

Mais, l’itinérance est aussi un monde où les gens ont soif de liberté. Ils sont débrouillards, ils s’entraident, ils ont des stratégies de survie, ils sont fiers, ils ont une histoire ou de belles histoires où tout d’un coup la vie a fait que le confort d’un foyer est devenu impossible.

Les effets de cette approche sont fort appréciables : des gens sont fiers de pouvoir enfin fournir une adresse à leur famille et à leurs amis, des liens familiaux perdus depuis des années se renouent, des gens sont heureux d’avoir un frigidaire pour faire des provisions, un lit bien à eux, de la chaleur et de l’intimité, de régler leurs problèmes judiciaires, de faire des travaux communautaires et du bénévolat, et, finalement, de retrouver le marché du travail pour certains.

 

Un riche partenariat

Nous pouvons compter sur de nombreux partenaires essentiels, tels que Clés en main, l’OMHQ qui rend accessible des subventions au logement, le comptoir Emmaüs, la collectivité pour des dons de meubles, la fondation Dallaire pour l’entreposage des articles, Matelas Dauphin pour des dons de matelas. Il faut souligner l’ouverture, l’empathie et le support de nombreux propriétaires privés qui louent les logements et qui font preuve de souplesse, de patience et parfois de tolérance envers certaines situations. Nous travaillons conjointement avec eux dans les moments de difficultés. Ils doivent mettre de côté leurs préjugés, la mauvaise presse ou les expériences vécues avec des locataires récalcitrants.