Photo : Pixabay

Comment perdre la bataille

Marc Simard, Le Mouton NOIR, Rimouski, septembre-octobre 2018

J’ai une amie que se présente pour le Parti libéral du Québec dans Matane-Matapédia. J’ai un ancien collègue journaliste et enseignant à La Cité collégiale d’Ottawa qui félicite un de ses anciens étudiants qui se présente pour la CAQ. J’ai un fils qui votera pour la première fois : il adopte le programme et les idéologies de Québec solidaire, mais dit ne pas vouloir perdre son vote pour un parti qui ne sera certainement pas au pouvoir. J’ai des parents qui sont tout sauf souverainistes et qui, comme d’habitude, accorderont leur vote au PLQ ou à la CAQ. Je dois avoir des amis Facebook qui croient en la justice sociale, la protection de l’environnement et la protection des droits humains, mais qui voteront aussi pour un parti susceptible de prendre le pouvoir. J’ai, certains soirs, l’impression que la bataille est perdue, que nous ne pouvons même pas compter sur les jeunes pour vouloir changer le monde.

Les appuis combinés au Parti libéral du Québec (35 %) et à la Coalition avenir Québec (26 %) attirent deux jeunes sur trois dans les intentions de vote. Du coup, la jeunesse québécoise boude les formations réputées plus à gauche. Québec solidaire n’attire que 8 % du vote des jeunes, le Parti vert, 9 % et le Parti québécois, 16 %. Dans ce dernier cas, il s’agit du même pourcentage que chez les 35-54 ans.1

Il faut se rendre à l’évidence, la population québécoise a amorcé un virage à droite il y a quelques années et, malgré ses efforts, la gauche ne séduit pas assez. Pourtant, plusieurs diront que les idées et projets de QS ou même du PQ ne sont pas sans intérêt. Serait-ce l’idée de la souveraineté qui fait peur? Les milléniaux voteront aux élections provinciales pour la première fois cette année. Si être jeune ne rime plus avec « changer le monde », les politiciens des vieux partis sauteront sur l’occasion pour vendre le statu quo.

Depuis le début de la campagne, les sondages montrent que la CAQ et le PLQ se partageront sûrement les rôles de gouvernement et de parti d’opposition. Qui sera le chien de garde du sort des moins nantis, des organismes communautaires, des minorités, des luttes citoyennes?

 

Sombre époque

Le chroniqueur de La Presse Patrick Lagacé a récemment écrit qu’il était trop tard pour contrer les effets des changements climatiques : « Nous sommes cuits! » a-t-il dit.

Les temps sont durs pour les rêveurs et les idéalistes. Prenons uniquement la question environnementale. Les engagements et les promesses des candidats et candidates aux élections sont rares en ce domaine. Pourtant, il faut vivre dans une caverne pour ne pas voir défiler la horde d’études, de rapports, de recherches qui prouvent que la fin est proche si on ne fait rien. On a beau être à droite sur l’échiquier politique et prôner la croissance à tout prix, comment peut-on ignorer les signes? Je dois avouer que j’en ai perdu mon latin depuis des lustres. Sans vouloir juger les gens, je commence à croire qu’il y a vraiment des idiots dans la population, et ce, même parmi les hommes et les femmes que je connais…

  1. Ces données proviennent d’un sondage Léger réalisé pour Le Devoir et The Montreal Gazette du 24 au 28 août.