Les comédiens Denis Blondin et Antoine Lecavalier jouent les deux rôles principaux de la pièce «Réveille-toi Arthur», qui vise à prévenir les abus faits aux ainés.

Une pièce de théâtre qui déride et dérange

Jean-Marc Brais, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 19 septembre 2018

Dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre la maltraitance des personnes ainées, la Table de concertation des personnes ainées du Haut-Saint-François présentait la pièce de théâtre Réveille-toi Arthur au centre communautaire du secteur de Johnville, à Cookshire-Eaton. Bien qu’étant une comédie, la pièce a tout de même bouleversé plusieurs des gens présents lors de la représentation.

Plus de 125 personnes ont assisté à l’événement. Pour l’occasion, un partenariat avec Transport HSF a été conclu afin de réserver trois autobus. Toutes les municipalités de la MRC étaient représentées dans la salle. « On n’attendait pas autant de monde », admet Carole Fredette Plante, présidente de la Table de concertation locale. « C’est un enjeu important et c’est important que les gens soient sensibilisés », complète Marilyne Martel, organisatrice communautaire au CIUSSS de l’Estrie – CHUS.

Dans la pièce, Arthur est un ainé vivant seul qui reçoit tour à tour la visite de plusieurs personnages. Certains cherchent à lui soutirer de l’argent, alors que d’autres cherchent à lui ouvrir les yeux. Denis Blondin est l’interprète d’Arthur et membre de la troupe de théâtre Poivre et sel de Gatineau. Il a adapté la pièce écrite par deux policiers il y a une vingtaine d’années. Ces derniers avaient eu l’idée de la pièce après des efforts de sensibilisation et de prévention auprès des ainés, qui étaient vains. Josée Lacroix, directrice de la troupe artistique, mentionne bien que l’œuvre soit fictive, « il y a des ainés qui le vivent dans la réalité. Il ne faut pas fermer les yeux sur cette problématique. » Selon la Table de concertation, 245 personnes ainées du Haut-Saint-François vivent de la maltraitance.

Micheline Fontaine, une des spectatrices, a vu sa voisine de chaise quitter la salle en pleurant suite à la représentation. « Moi, j’ai bien aimé ça. Ça ouvre les yeux de bien du monde. Il faudrait qu’il y en ait d’autres qui assistent à ça, pas juste les ainés. » Pauline Hivert, de Cookshire-Eaton, avait été remuée par la pièce. « Je peux pas croire que ça existe. Ça me fait de la peine. »

Après coup, des représentants de DIRA-Estrie, le centre d’aide aux ainés victimes de maltraitance, étaient présents pour écouter et outiller les membres de l’assistance. L’agent communautaire de la Sûreté du Québec, Jean-François Laliberté, répondait également aux questions du public, après s’être prêté au jeu de la scène en personnifiant un policier qui rend visite au personnage d’Arthur pour le prévenir des types de fraude et d’abus possibles.

Quelques représentants politiques étaient également sur place, dont Jacqueline Belleau, attachée politique de la députée de Compton-Stanstead, Marie-Claude Bibeau; Sarah Lévesque, attachée du député de Mégantic, Ghislain Bolduc; Céline Gagné, mairesse de Lingwick; et Dominique Boisvert, maire de Scotstown. Mme Belleau a exprimé qu’il s’agissait « d’une réalité douloureuse pour nous tous dont il faut parler. Donc, ne fermons pas les yeux et n’agissons pas comme si ça n’existait pas. »

La troupe Poivre et sel donnait une dizaine de représentations dans toute l’Estrie. Son arrêt à Johnville constituait le seul passage dans le Haut-Saint-François.