Journal Le Mouton Noir, Rimouski
L’Association des médias écrits communautaires du Québec (AMECQ) vient de publier les résultats d’un important sondage sur le lectorat des journaux qu’elle représente, comme Le Mouton Noir et le Graffici en Gaspésie. Les données ont été dévoilées lors de l’Assemblée générale annuelle de l’organisme sous les applaudissements des quelque 60 personnes présentes. Il y a effectivement de quoi se réjouir. Alors que la presse écrite vit une crise sans précédent, que les publicitaires désertent ce type de média, que les subventions sont incertaines et que le virage numérique pousse les plus petites publications à s’ajuster ou à mourir, on apprend que 94 % des gens sondés affirment que leur journal communautaire reflète bien la communauté locale. De plus, 68 % disent que leur journal communautaire est près de leurs préoccupations. Et parmi les commentaires recueillis, on note que 98 % croient que les textes sont bien écrits, que la qualité du français est bonne.
Le sondage a aussi permis de mieux connaître le lectorat. Le lecteur moyen est en fait une lectrice de plus de 50 ans ayant fréquenté l’université et gagnant un salaire annuel assez élevé.
Virage numérique
Selon le président de l’AMECQ, François Beaudreau, « Depuis quelques années déjà, le gouvernement du Québec plonge dans le virage numérique. Il souhaite entraîner à sa suite tous les pans de l’activité de la société québécoise, depuis l’économie jusqu’à la culture.Une récente manifestation de cette volonté gouvernementale est l’octroi de fonds aux trois associations communautaires – télévision, radio et médias écrits – pour mettre sur pied un laboratoire d’innovation. L’initiative a pour but de favoriser l’adaptation des médias communautaires aux changements technologiques et numériques. Ce pourrait être une occasion de tenir des états généraux pour réfléchir ensemble à l’avenir des médias écrits et pour trouver des solutions. »
Le problème avec le virage numérique est que si les lecteurs délaissent le journal papier pour le Web, le prix des publicités (principale source de revenus de la majorité des journaux communautaires) va chuter. On pourrait croire que les publicités Web contrebalanceraient le manque à gagner, mais il n’en est rien. Prenons un exemple concret. Une publicité de deux centimètres par six peut coûter entre 200 et 300 $ dans un journal. Cette même pub sur le site Web du Mouton Noir coûterait entre 50 et 100 $ pour un ou deux mois. Évidemment, plus le nombre de visiteurs augmenterait, plus les prix pourraient être majorés. Mais pour accroître la fréquence des visites, il faut des exclusivités Web, des vidéos, des mises à jour régulières, bref, il faut mettre beaucoup de temps pour dynamiser le site. Or dans les médias communautaires, les ressources humaines sont limitées et ce sont souvent des bénévoles qui doivent se taper ce boulot. Résultat : des sites Internet souvent laissés à l’abandon, ou presque.
Ajoutons que les revenus qui découlent de la publicité numérique sont, pour la plupart, drainés vers les plateformes de géants comme Google et Facebook. À eux seuls, ils accaparent plus de 70 % des recettes de publicité en ligne, soutient Pascale St-Onge, présidente de la Fédération nationale des communications, la FNC-CSN.
Revenons au sondage
Maintenant que nous avons en main les résultats du sondage de l’AMECQ qui montre qu’il y a un réel lectorat, nous pourrons informer nos publicitaires et clients potentiels que l’argent qu’on leur demande d’investir dans nos journaux papier peut leur rapporter gros. Comme les grands consortiums médiatiques mettent la hache dans leurs journaux locaux et régionaux, qui de mieux que les journaux communautaires, bien implantés dans leur milieu, pour prendre le relais et informer les citoyens de ce qui se passe autour d’eux? Poser la question, c’est y répondre!