39 aventuriers(ères) ont conquis le lac Abitibi

Jean-Pierre Robichaud, Le Pont De Palmarolle, Palmarolle

Le 6 mars dernier, 39 adeptes de plein air ont pris possession du lac Abitibi pour cinq jours. La longue colonne de skieurs s’est ébranlée à Eades, Ontario, sur la rive nord-ouest du lac, à 9 h 30 mardi matin, pour un périple de 100 kilomètres qui les a menés jusqu’à La Sarre.

Près de la moitié de ces 39 aventuriers provenaient de l’extérieur de la région et autant en étaient à leur première. Huit femmes ainsi que deux jeunes hommes de 17 ans, Lorenzo et Patrick, étaient partants cette année. Les nouveaux ont découvert cet immense terrain de jeu qu’est le lac Abitibi et ils ont appris à le respecter, lui qui, à chaque année, nous réserve toujours des surprises. Que ce soit le froid, la slush, le blizzard, la glace vive, parfois tout ça en même temps, ce lac force l’admiration mais aussi le respect. Votre journaliste, qui détient le record du groupe avec sa 21e Traversée consécutive, en sait quelque chose. Il n’y en a jamais de facile.

Cette fois-ci, ce fut le temps doux, trop doux, qui compliqua quelque peu l’expédition. Vous pouvez penser que ce redoux est idéal pour dormir dehors en hiver, mais quand t’es équipé pour 40 sous zéro, c’est comme surchauffer la maison. Et en course faut se déshabiller jusqu’à la dernière pelure et surtout boire de l’eau sans arrêt.

 

Deux jours d’adaptation

La première journée s’avère toujours la plus exigeante physiquement. En effet, le corps n’est pas encore adapté à cet effort d’endurance. Plusieurs l’ont trouvée très difficile. Après 8 kilomètres en forêt, le lac avala lentement la colonne de skieurs. Le groupe, ayant franchi les 21 kilomètres de cette première étape, atteignit le premier bivouac vers 17 heures. Il va sans dire qu’autour de 19 heures la plupart avait rejoint son sac de couchage.

La deuxième étape, 18 kilomètres, consistait à sillonner le Narrow puis atteindre la pointe Partridge où était prévu le deuxième campement, abordé vers 16 heures. Chose rare, le temps très doux permit d’installer les campements à mains nues et en flânant quelque peu. Cette météo agréable étira aussi un peu la soirée et les responsables en profitèrent pour vérifier l’état de la troupe. Tous semblaient en meilleure forme que la veille.

Le jeudi 8 fut une belle journée avec un soleil radieux en après-midi et la troupe progressa allègrement pour atteindre l’Île Black. Une étape relativement facile en annonce souvent une laborieuse. Et nous fûmes servis à souhait vendredi avec 24 kilomètres à franchir.

 

Le blizzard

La tempête s’était levée dans la nuit et, dès la sortie de tente, le groupe constata que la journée serait ardue. L’Île Népawa, clairement visible à 8 kilomètres la veille, avait disparue comme par enchantement. C’était, en langage d’expédition hivernale, le white out. La visibilité ne s’étendait guère à plus d’un kilomètre. Sans points de repère, un GPS et une boussole ouvrirent la piste, lentement pour ne perdre personne. À mi-chemin nous eûmes la surprise d’apercevoir le spectaculaire mur de glace faisant de 6 à 8 pieds par endroit. Des flaques d’eau stagnaient à la base. La troupe réussit à passer de l’autre côté par quelques passages moins abrupts. Enfin, quelqu’un redéposa l’Île Népawa sur le lac que nous aperçûmes enfin à moins d’un kilomètre. Un repos bien mérité nous y attendait.

Les skis ne glissent plus

Vers midi, la neige cessa et le temps s’éclaircit. Mais c’était sans compter sur la température qui grimpa soudainement. La neige se mit à adhérer aux semelles des skis, ralentissant la progression.

La plupart devait arrêter fréquemment pour gratter ces derniers. Certains utilisèrent un glider qui eut peu d’effet. Et cela dura tout l’après-midi. Malgré tout, le groupe atteignit l’Île aux Hérons vers 17 heures, fier d’avoir avalé ces 24 kilomètres et soulagé en songeant qu’il n’en restait plus que 18 à franchir pour l’étape finale.