À 50 ans, Louis Vigneault est diagnostiqué comme ayant un trouble bipolaire de type 1. Après un passage à vide, il réussit à trouver sa recette du bonheur. Aujourd’hui, il est conférencier et porteur d’espoir pour les personnes vivant avec des problèmes de santé mentale. Crédits : Dominic Bérubé

Louis Vigneault : Conférencier, Bipolaire et porteur d’espoir

Virginie Lessard, La Gazette de la Mauricie, Mauricie

Vivre avec un trouble bipolaire, c’est être accaparé par des épisodes chroniques de dérèglement de l’humeur qui se manifestent par des phases successives de dépression et d’excitation (manies). La durée de ces cycles peut varier de plusieurs jours à plusieurs semaines.

Dès son plus jeune âge, Louis vit son lot d’événements difficiles. Mais c’est à 17 ans, lorsqu’il perd son grand frère dans un accident d’auto, qu’il remarque des fluctuations de son humeur qui sont nettement plus prononcées que chez les personnes de son entourage.

Le quotidien dans l’ignorance

Louis avait des sautes d’humeur, il se sentait parfois invincible et très intelligent, et à d’autres moments, vulnérable, renfermé et inférieur. Ces épisodes pouvaient alterner dans la même journée ou s’échelonner sur des périodes plus longues.

Malgré ses épisodes chroniques et des troubles concomitants de consommation de drogues et d’alcool, Louis s’est toujours engagé dans sa communauté. Il a toujours occupé un emploi et a même assumé un poste de directeur dans une entreprise de transport scolaire. Mais, chaque matin en ouvrant les yeux, le simple fait d’avoir à gérer son tempérament était un immense défi.

Le diagnostic

À 49 ans, à bout de souffle, Louis se retrouve en congé de maladie pour cause de dépression. Un an plus tard, il comprend enfin ce qui le rend différent. Il est diagnostiqué comme ayant un trouble bipolaire de type 1. Il demeure en arrêt de travail et plonge encore plus dans l’enfer de la consommation.

… et après

À la suite de son année sabbatique, Louis tente de retourner sur le marché de l’emploi. Il obtient un DEP en informatique et est engagé chez un employeur, mais il ne termine pas son contrat. Complètement épuisé, il ne résiste plus au stress. Il se sent comme un bon à rien et des idées suicidaires le hantent. « Vous ne voulez pas mourir, vous voulez seulement arrêter de souffrir, demander de l’aide ! » indique-t-il.

Finalement, à 54 ans, il est reçu à l’Accalmie, puis à Domrémy. Par la suite, il obtient le soutien d’une travailleuse sociale et il décide de reprendre sa vie en main pour de bon, de se respecter davantage et de reconnaître ses limites. Il reste sobre et prend sa médication méticuleusement. Il entreprend le programme F.A.I.T., qui aide à l’intégration au travail. Puis il découvre le centre d’entraide Le Traversier, une réelle révélation pour lui. « J’ai enfin pu briser le cercle vicieux de l’isolement, fait des rencontres magnifiques et suivi des ateliers enrichissants sur le rétablissement », affirme Louis.

Aujourd’hui, à 61 ans, il a créé sa propre recette du bonheur et il possède des outils efficaces pour gérer son humeur. Il s’implique énormément dans le domaine de la santé mentale : il fait partie du comité tactique du CIUSSS et du conseil d’administration du Traversier. Il est aussi conférencier dans les milieux scolaires et au Regroupement des organismes de base en santé mentale (ROBSM 04). Il travaille ainsi à contrer la stigmatisation et devient un porteur d’espoir pour tous ceux et celles qui vivent avec des troubles de santé mentale.