Jackson Joseph, un enfant du quartier

Assia Zaidi et Valérie Richard, Vues sur la Bourgogne, Petie-Bourgogne

Peut-être avez-vous déjà remarqué,lors d’une activité dans le quartier, le visage timide et souriant de cet homme engagé dans sa communauté.
Originaire de la Petite-Bourgogne,amoureux du Sud-Ouest, Jackson Joseph se définit comme« un enfant du quartier ». Enfant d’immigrants en provenance d’Haïti, quatrième de sept enfants, Jackson a grandi sur la rue Payette, à deux pas du Centre sportif de la Petite-Bourgogne, où il travaille depuis son ouverture en 1997. Sociable et sportif, cet homme unique en son genre est toujours prêt à soutenir les personnes qui en ont besoin. « Quand on grandit dans une famille nombreuse, on apprend jeune à partager et à vivre en groupe », explique-t-il.

Tout comme un sage à qui l’on vient naturellement demander conseil, celui que tout le monde connaît sans vraiment le connaître accueille les joies et les peines de ceux qu’il soutient du mieux qu’il peut. Il a été élevé par des parents dévoués et travaillants dans une Petite-Bourgogne très différente de celle d’aujourd’hui. À l’époque, les Blancs francophones et les Noirs anglophones ne se fréquentaient pas. Lui-même Noir francophone, il a appris à allier les deux mondes afin de trouver sa place et a évolué entre divers milieux pour être à l’aise autant avec le locataire de HLM que le propriétaire de maison de ville.
Souhaitant contribuer à la collectivité, il s’est impliqué dans diverses actions et projets communautaires. Présent lors des débuts du Club énergie, Jackson a toujours perçu son travail au Centre sportif comme une porte d’entrée pour influencer positivement la communauté. En lien avec d’autres intervenants du quartier, il a aussi travaillé à la mise à niveau du terrain de soccer du parc Oscar Peterson et a été à l’origine de la fête d’hiver « Bourgogne sur glace ».
Son métier, il l’appelle « anthropologue de l’âme », dit-il en souriant. Peu importe la situation des gens qui se présentent à lui, il se donne le devoir d’être « réceptif » et personnellement « impliqué » dans la vie des familles traversant des périodes difficiles. « Il faut être disponible et à l’écoute de l’immense fragilité de ces familles et de leurs jeunes en quête d’identité. » Selon lui, l’évolution socioéconomique du quartier, au fil des différentes vagues d’immigration, a aggravé l’isolement des gens. « Au fil du temps, l’écart entre les plus nantis et les plus pauvres du quartier s’aggrave. À chaque nouvelle [vague] d’immigration, un fossé se creuse entre les classes sociales. » C’est en réunissant les communautés et les générations autour d’activités communes que Jackson souhaite arriver à tirer le meilleur de la diversité sociale, ainsi qu’à recréer des liens interpersonnels ; des liens qui, souvent, entre lui et les personnes qu’il aide, progressent vers des relations d’amitié.
Avant de quitter son bureau, Jackson explique qu’il travaille actuellement à développer un projet en Haïti : la création d’un club de soccer pour les enfants d’un quartier dans le besoin. Il croit au pouvoir du sport comme outil ayant des répercussions positives dans la vie des jeunes. Jackson est également impliqué au sein de l’organisme Impact Hub, qui vise l’atteinte d’un impact social au niveau du quartier et de la ville