Jean-François Bérubé, devra quitter son logement après 22 ans. Photo : Nelson Dion

Démolition sur l’avenue Saint-Simon De nouveaux locataires évincés au centre-ville

Marie-Pier Leboeuf, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe

Une douzaine de résidents du centre-ville devront à leur tour trouver un nouveau nid avant que la pelle mécanique rase le bâtiment de l’avenue Saint-Simon dont l’acquisition a été confirmée par la Ville. L’achat de l’immeuble permettra d’accueillir une vingtaine de places de stationnement supplémentaires à proximité du marché public.

Alors que le projet de la tour à étages de Réseau Sélection au centre-ville devrait, en principe, être sur la glace, la Ville poursuit ses manœuvres pour créer du stationnement. Après la démolition de trois immeubles à logements de la rue Marguerite-Bourgeoys, déjà effectuée, ainsi que l’acquisition de quelques bâtiments du Groupe Léveillé, en août 2017, c’est le 370-380 avenue Saint-Simon qui tombera. Au total, le quadrilatère permettra de générer une centaine de nouvelles cases de stationnement pour les Maskoutains.

« La problématique du stationnement perdure depuis plusieurs années et c’est une situation que nous devions corriger. Je ne crois pas que la démolition de logements soit “la” solution, mais à court terme, c’est une solution à prendre », a indiqué le conseiller du secteur, Jeannot Caron.

Le plus ancien locataire, Jean-François Bérubé, devra quitter son logement après 22 ans. « Depuis les élections que je ne dors plus parce que je voyais l’annonce venir de loin », a-t-il immédiatement commenté. Il apprenait, le 11 février, que le bâtiment avait été sacrifié, au lendemain de la rencontre « Jasons centre-ville » où on l’avait fait rêver sur l’avenir du secteur. « Un coup dur », a-t-il affirmé.

« Quand j’ai su que la Ville n’avait pas accordé le permis pour refaire les fenêtres de l’immeuble, j’ai commencé à m’en douter, même si on me disait, au conseil de ville, que ça n’avait aucun rapport avec l’acquisition, a renchéri M. Bérubé, anéanti. Je me suis fait mentir une fois, donc je suis très inquiet pour la suite. »

Le comité Logemen’mêle, pour sa part, craint que certains des résidents passent entre les mailles du filet. « C’est une histoire qui se répète depuis quelque temps. Cette fois, la Ville semble avoir une grande volonté d’aider les locataires à trouver de nouveaux logis, mais je ne sais pas à quel point elle pourra répondre à ses promesses, a indiqué la coordonnatrice, Andrée Rochon. C’est un tissu social que l’on détruit et nous devons nous assurer de les accompagner pour qu’ils ne vivent pas dans de pires conditions, mais plutôt dans de meilleures qu’avant. »

Aucune date n’est encore prévue au calendrier pour la démolition du quadrilatère, acheté au coût de 515 000 $. La Ville a promis de reloger tous les résidents avant d’enclencher les démarches, a rassuré le conseiller Jeannot Caron.

L’Office municipal d’habitation de Québec (OMHQ) a déjà permis à 7 des 12 locataires d’avoir accès à un logement subventionné. « À ce jour, c’est presque les trois quarts qui ont été relocalisés dans le secteur de leur choix, à Saint-Hyacinthe, pour seulement 25 % de leur revenu, a fait valoir M. Caron. Nous n’avons pas voulu refaire les mêmes erreurs que par le passé. »

La coordonnatrice de Logemen’mêle déplore cependant le fait de déloger des citoyens stables au profit de projets privés comme Réseau Sélection. « Ça ne date pas d’hier qu’il y ait beaucoup d’évictions à Saint-Hyacinthe et il est temps que la Ville se dote de politiques de logements pour respecter des normes fixes dans des situations comme celle-ci parce qu’il y a beaucoup d’incongruités actuellement », a-t-elle noté.