Jean-Marc Brais, Le Haut-Saint-François,Cookshire-Eaton
Le premier Forum agricole et forestier du Haut-Saint-François s’est déroulé samedi dernier à la polyvalente Louis-Saint-Laurent d’East Angus. L’événement a regroupé une centaine de producteurs, d’intervenants et de professionnels du milieu auxquels étaient présentés une dizaine de conférences et tout autant de kiosques d’information. Le constat tiré de la journée témoigne de la vitalité et du grand potentiel de la région, alors que la relève pour l’exploiter se fait rare.
La journée débutait par la prise de paroles des dignitaires présents. Marie-Claude Bibeau, députée de Compton-Stanstead et ministre du Développement international et de la Francophonie, était représentée par son attachée politique, Jacqueline Belleau. D’entrée de jeu, celle-ci reconnaissait que « l’agriculture et la foresterie jouent un rôle très important dans notre belle région rurale. »
Le député de Mégantic, Ghislain Bolduc, tenait également à être présent au forum puisque « la majorité du comté, c’est de l’agriculture et de la foresterie. Dans la MRC du Haut-Saint-François, ça représente 83 % du territoire. Donc, c’est très important de comprendre l’ensemble du plus gros moteur économique que nous avons dans la région. L’industrie forestière est responsable de la moitié des emplois dans le comté. »
Robert Roy, préfet de la MRC, se réjouissait de l’aboutissement du forum. « Quand on a créé le PDZA (Plan de développement de la zone agricole), on était soucieux de l’aide qu’on voulait apporter. Dans le passé, beaucoup de gens étaient déçus de la qualité de la forêt et de l’agriculture qu’on laissait de côté à la MRC. Dans les dernières années, la MRC s’est prise en mains puis a réussi à avancer progressivement. Il y en a qui vont dire que c’est pas assez vite, mais on avance tranquillement. »
Une programmation éclectique
La journée débutait avec la conférence de Yolande Lemire, conseillère senior au Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ). La moyenne d’âge des propriétaires en agriculture est de 53 ans. Parmi les propriétaires de PME en transformation agroalimentaire, 35 % n’ont aucune planification de transfert. Certaines de ces entreprises se transfèrent rapidement, alors que, pour d’autres, l’opération peut s’échelonner sur plusieurs années. Mme Lemire donnait donc quelques conseils pour planifier cette étape cruciale de la pérennité d’une exploitation.
Cette première conférence était suivie du témoignage de Lynne Martel-Bégin, qui est actuellement en processus de transfert non apparenté. Celle qui est derrière la ferme Rivière verte, à Bury, avec son conjoint, avait dans un premier temps entamé des procédures pour le transfert apparenté de l’entreprise laitière à son fils Patrick. Celui-ci ayant développé un cancer en 2014, le couple Martel-Bégin a repris les rênes de la ferme en plus de recommencer les démarches de transfert. Cette fois, leur choix s’est arrêté sur une jeune étudiante qui sera diplômée en mai prochain et qui multiplie les séjours à la ferme qui jouxte la rivière Saint-François.
Bernard Lévesque, qui est directeur du Service de comptabilité et de fiscalité (SCF) de l’UPA Estrie, a entretenu l’assistance des spécificités techniques lors de la vente ou du don d’une terre. Pour un propriétaire forestier qui possède un boisé commercial, il est possible de déduire les dépenses engagées pour produire le revenu.
En après-midi, Stéphane Demers, de la coopérative Cultur’Innov, introduisait l’assistance au monde des cultures émergentes et des produits forestiers non ligneux (PFNL). Les nouvelles cultures visant la production de biomasse ou de fibres incluent le chanvre, l’asclépiade et le saule. Une demande grandissante se fait sentir également du côté des petits fruits et des arbres à noix. Au Québec, on retrouve quelque 3000 espèces de champignons, dont une dizaine présente un intérêt commercial. L’Asie est un grand consommateur de ces PFNL.
Nicolas Meagher est le directeur général d’Aménagement forestier coopératif des Appalaches. Selon ses dires, nous en sommes à l’ère 2.0 de la forêt avec sa mécanisation. Le prix du bois est à des sommets qui n’avaient pas été vus depuis 1997, après avoir connu un creux historique vers 2008. Finie l’époque des coupes à blanc qui prennent de 50 à 100 ans pour se régénérer. Les forêts sont désormais aménagées et il est de nouveau rentable de les exploiter sans les mettre en danger. La possibilité de production annuelle régionale est de 1,8 million m3, ce qui représente 2,6 % du territoire. Les récoltes en 2017 sont évaluées à 0,83 million m3. Il y a donc place pour plus de production sans affecter l’environnement.
La relève présente
Mathieu Garceau-Tremblay, brasseur, de la future microbrasserie 11 comtés, était l’une des cent personnes présentes au forum. D’ici un horizon de cinq ans, l’établissement souhaite n’incorporer aucun produit étranger dans ses recettes. M. Gauthier-Tremblay a donc profité de l’occasion pour approcher quelques producteurs. « Le produit qu’on va mettre en bouteille, on veut que ça goute ici, que ce soit les saveurs de notre région. » Du côté des petits fruits émergents, la cerise griotte pourrait être un exemple d’un ingrédient local venant « mettre en saveur le Haut-Saint-François et contribuant à l’économie circulaire. »
Le comité organisateur s’est montré satisfait de l’affluence et de la participation des gens au forum. On aurait toutefois espéré une plus grande participation du public et des producteurs. Suite à ce premier rassemblement, d’autres activités seront annoncées dans un futur proche.