MONT-ROYAL PIÉTONNE ?

Vincent Di Candido, Échos Montréal, Montréal

Cette question n’est pas nouvelle, ayant trouvé racine dès les années ’70, pour être ensuite ponctuellement récupérée, dont en 2003 par un groupe de résidents. La requête fut cependant à l’époque rapidement décriée avec vigueur par la Société de Développement Commercial (SDC) Mont-Royal, qui dénonçait ce qu’elle assimilait à de l’opportunisme politique de la part des demandeurs, comme si cet exercice démocratique était une dérive malvenue.
À leur décharge, il faut souligner que cette demande de piétonnisation d’une artère commerciale, aussi importante pour le Plateau que l’Avenue Mont-Royal, n’avait fait l’objet d’aucune base d’étude sérieuse quant aux impacts potentiels que cela aurait pu avoir sur la circulation, l’accès des fournisseurs aux commerces, la qualité de vie des résidents, ou les conséquences d’achalandage diverses par rapport aux types de commerces différents concernés. En outre, les correctifs d’appoint étaient plus limités avec peu de voies réservées à la bicyclette, tout le contraire d’aujourd’hui où les voies de circulation se sont exponentiellement multipliées. Sous l’impulsion des élus et du maire Ferrandez, le quartier est devenu également plus familial, plus jeune, et plus sensibilisé à l’écologie ainsi qu’à des modes de transport moins polluants tels la bicyclette et les autobus biodiésels.

En 2018, il serait donc tout à fait souhaitable de remettre ce projet à l’ordre du jour. La Société de l’avenue Mont- Royal doit impérativement s’attarder à cette perspective. Comme l’ont fait respectivement la SDC du Quartier latin, et celle du Vieux-Montréal pour la rue Saint-Paul. En l’occurrence, j’ai été particulièrement bien positionné pour en juger puisque j’ai moi-même été l’artisan de cette alternative. Alors que j’étais à l’époque Président des Commerçants du Vieux-Montréal. Je peux témoigner que l’appréhension de certains marchands et résidents s’est vite estompée devant le grand succès obtenu et la qualité de l’événement.

Dans cette optique, connaissant bien le Plateau et étant moi-même résident de ce quartier, je suis d’office persuadé qu’il sera beaucoup plus facile de mettre harmonieusement en place une rue piétonne dans les mois estivaux entre Saint-Denis et Papineau d’est en ouest sur la rue Mont-Royal, tout en laissant le passage libre sur toutes les rues transversales pour aller et venir dans ce quartier, qui a de plus l’avantage d’être extrêmement bien desservi par le système de transport en commun.

Bien entendu, toute forme de projet de piétonnisation devra préalablement être le sujet d’une étude sérieuse qui évaluera tous les impacts éventuels que pourrait occasionner un tel changement; puis il faudra adopter des mesures concrètes pour pallier les divers irritants, incluant les livraisons, à certaines heures. Cela dit, beaucoup d’autres villes dans le monde plus densément peuplées l’ont déjà fait avec succès, en France, en Espagne, en Italie, dans les pays scandinaves, etc… Pour ce faire, il sera essentiel à la nouvelle administration en place à l’hôtel de ville de progresser en collaboration étroite avec tous les intervenants concernés. En ce sens, procéder d’ores et déjà à une étude sérieuse de faisabilité urbaine et logistique servira de base de départ. Cela permettra d’amorcer ensuite des discussions éclairées qui se devront, elles, d’être positives et sans partisanerie, en tenant compte du bien-être citoyen et de la pertinence de créer un tel environnement urbain, dans le cadre d’une vision d’ensemble plus globale et cohérente de ce que nous désirons bâtir comme société.