Habile artisan dans le mur-écran

ÉRIC CYR, Le Trait d’Union du Nord, Fermont

L’homme, originaire d’Amos en Abitibi, qui loue un chalet au lac Daigle où il habite avec sa femme, son chien danois et un chat revient dans le Nord durant la saison hivernale afin de poursuivre sa vocation . Il effectuait déjà un périple de trois mois dans la région il y a plus d’une vingtaine d’années. À l’époque, il se spécialisait exclusivement dans la vente et la réparation de chapeaux de fourrure puisqu’il y avait un cordonnier qu’il a connu à Labrador City, Roger Beaulieu.

Innovation
Il a plus tard ajouté une corde à son arc en intégrant le rembourrage, la cordonnerie et le travail du cuir aux services offerts. « Dans ce temps-là, je ne fournissais pas à confectionner des chapeaux, mais la façon de vivre a changé avec l’arrivée du synthétique et j’ai donc dû diversifier mes activités. Le mode de vie est différent aujourd’hui, donc je me suis adapté à la demande. Je répare n’importe quoi et j’aime bien relever de nouveaux défis », confie humblement ce dernier. Celui qui confectionne aujourd’hui des étuis d’armes à feu en cuir et qui raccommode des recouvrements de jeep, des toiles en tout genre, des tentes et des abris tempo doit aussi répondre à une forte demande en réparation et rembourrage de sièges de motoneiges, motos, bateaux, et quads. Cela ne l’empêche pas de songer à de nouveaux concepts durant ses temps libres et il travaille actuellement à l’amélioration d’un vêtement de soudage en cachant la fermeture éclair qui se faisait constamment abîmer par des tisons grâce à sa conception d’une bavette de cuir. Il développe aussi un prototype exclusif de cache-oreilles en peau de mouton intégré à un casque de sécurité commandé par un travailleur de l’industrie minière. « Dans la vie, tout arrive en conséquence. Il s’agit de vouloir, de rester dans l’action. Il faut que tu bouges. Il suffit de demander et d’y croire la vie va se charger du reste. »

La passion de fil en aiguille
Celui qui est à la fois patron et employé est toujours très occupé, mais prend le temps de discuter alors qu’il répare une paire de bottes. « La connaissance c’est important et ça se transmet, mais la création c’est dans l’âme. Ma grand-mère confectionnait des robes de mariées au crochet et mon grand-père était forgeron. J’ai commencé dans le métier à l’âge de 20 ans. À mes débuts, ça m’a pris trois jours à enfiler la machine à fourrure et je me suis mis à brailler. J’ai appris par moi-même de façon autodidacte. Avec le temps j’ai travaillé avec des chapeliers et des fourreurs, mais j’ai aussi exercé plusieurs autres métiers exigeant une bonne dextérité manuelle dont opérateur de pelle mécanique. J’ai même suivi un cours d’opérateur d’usine de traitement de minerai. » Le Nord ce n’est pas le Klondike « Je m’amuse en travaillant, ce n’est pas une corvée. Je ne suis pas juste ici pour faire de l’argent. J’aime aussi ça être en forêt. Je fais mes sentiers de raquettes et je ramasse du bois sec qui traîne par terre pour alimenter le poêle. Le matin, je vais me promener avec mon chien en toute liberté. » M. St-Laurent dévoile le secret qui garantit son succès et qui consiste à diversifier ses activités afin d’assurer sa réussite. Il explique qu’il aimerait bien s’installer plus que six mois par année à Fermont, mais que ce ne serait pas assez rentable et que la main-d’oeuvre est difficile à dénicher sur place. Plusieurs citations sont affichées dans son atelier et contribuent à sa motivation : « L’inspiration est le feu qui alimente vos rêves…Je suis heureux de ne pas prendre ma retraite…Je travaille à mon rythme ce n’est pas une chaîne de montage… et la plus pertinente : le Nord ce n’est pas le Klondike.