Gabriela Jakubovits, Vues sur la Bourgogne, Petite-Bourgogne
Au moment d’écrire ces lignes, les réactions se multiplient à la suite de l’annonce du plan de lutte à la pauvreté du gouvernement québécois. Indignation, déception, colère et… impuissance. Le chèque d’aide sociale pour une personne considérée apte au travail par les fonctionnaires ne doit pas dépasser 55 % de la mesure du panier de consommation. Traduction : ne pas donner plus de la moitié de ce que ça prend pour vivre dans un confort minimal. Et puis go ! Va te chercher un travail, alors que tu n’as rien dans le frigo et ne sais pas si tu vas réussir à payer ton loyer ou acheter un billet de métro.
Vous avez déjà vécu dans l’urgence ? Vous auriez réussi à vous vendre dans une entrevue pour décrocher l’emploi de vos rêves ? Des personnes qui vivent loin de cette réalité décident ensemble, sans écouter le cri qui vient directement du terrain. Ceux qui vivent la pauvreté et ceux qui tentent de les aider savent mieux que n’importe qui d’autre que ce qu’il faut pour sortir du cycle de la pauvreté, ce sont des conditions de vie décentes. Ce n’est pas l’urgence engendrée par l’état de survie.
Ne pas les écouter et agir selon ses propres théories économiques non fondées relève du mépris le plus profond. C’est comme si votre voisin vous demandait un peu de farine pour une recette et que vous lui enleviez son beurre pour le motiver à se rendre à l’épicerie alors qu’il y a une tempête de neige ! Notre comité journal en a conclu que tout revient à l’abus de pouvoir. Le gouvernement profite de son rôle pour imposer sa vision, plutôt que pour gouverner. Et il n’est pas le seul à le faire dans le monde aujourd’hui, ni le seul dans l’histoire des peuples. Alors, comment sortir de l’impuissance face à ce constat ? Une de nos membres faisait remarquer que le changement commence par soi-même. Parce que nous sommes tous unis dans cette société vivante. Eux, c’est aussi nous. Et le grand nous commence par un petit nous. Reprendre un peu de pouvoir sur notre voisinage, notre quartier, notre parc, notre école, c’est peut-être de cette façon que nous pourrons commencer à guérir cette société morcelée.