Solaine Ippersiel, L’Info, Saint-Élie-d’Oxford
Danielle Gentès, femme de famille, dont l’intégrité et la générosité dépassent sa timidité intérieure, a vu naître et grandir la communauté de Saint-Élie. Elle ne s’est pas contentée que d’observer, mais elle y a participé activement. Leader, femme de plein d’idées, travailleuse d’équipe, maman quatre fois et grand-mère cinq fois : cette femme a plus d’une corde à son arc.
C’est en 1978 qu’elle est arrivée à Saint-Élie, alors qu’il n’y avait encore que quelques fermes et la forêt. La jeune femme de l’époque a donc voulu tout essayer, connaître des gens. Le premier groupe à s’être formé dans cette communauté naissante est, au souvenir de madame Gentès, Parents-Secours. L’image qu’elle retient du Saint-Élie de sa mémoire en est une familiale et solidaire. « Il n’y avait jamais personne de mal pris à Saint-Élie », affirme-t-elle. Pourquoi? Parce que tous se connaissaient par des réseaux de comités. On peut s’imaginer une grosse famille. Les gens étaient situés tout près dans l’espace, donc ils ne pouvaient faire autrement que de se lier et s’entraider. Elle sait déjà qu’elle aura beaucoup de difficulté à quitter son bon voisinage et cet endroit qu’elle a vu s’épanouir.
Un de ses plus grands accomplissements communautaires se situe au niveau du journal lui-même. En 1986, ce dernier a vu le jour grâce à Marie-Josée Thibault et à son équipe. À la fin de cette même année, Danielle Gentès signait les textes de la chronique Info Santé. Dans les tout débuts, elle collait les textes sur les pages, il n’y avait pas encore d’ordinateur pour la mise en page. Elle a toujours rédigé l’Info Santé, mais en même temps, elle s’est arrangée avec Gérald Gosselin pour aller chercher des commanditaires et vendre des pages. Elle a également produit quelques « front page ». On disait d’elle que sa grande force était de trouver des titres : ils étaient accrocheurs et frappants. En tout, elle aura été 15 ans dans l’équipe de L’Info. Un diplôme lui a été remis afin de souligner sa contribution au journal en tant que dessinatrice, chroniqueuse et membre du C.A.
Elle a aussi fait de nombreux actes de bénévolat. On peut compter le temps mis à l’école de sa fille. Elle y a fait plein de choses. Entre autres, elle était trésorière pour le comité de parents. Le plus bel exemple de son implication à l’école Alfred-DesRochers reste son idée d’un concours de français, en 2002, se concluant par un recueil de poésie à la fin de l’année signé par Clémence DesRochers. En 1993, elle avait formé un comité parallèle pour lutter contre la pollution dans l’école qui nuisait à la santé des jeunes. Elle a vraiment été au fond des choses pour que la vérité soit découverte et que la situation soit réglée.
On peut aussi penser au cours Gardiens Avertis qu’elle a démarré ici avec Nicole Boisvert. Avec sensiblement le même groupe que celui du journal, elle s’est occupée des célébrations de la fête de la Saint-Jean. Elle a également monté des trousses spéciales pour chaque situation dans laquelle un joueur pourrait être blessé au soccer. Elle a été présidente du chapitre Estrie de la fondation En cœur pour les enfants malades du cœur. En plus de tout ça, elle a toujours été infirmière. Encore aujourd’hui, elle pratique ce métier à temps partiel, car comme elle le mentionne : « Je ne sais pas comment faire pour m’arrêter. » Inconsciemment, le choix de ce travail lui permettait à la fois de prendre soin des autres et de se rassurer soi-même sur les maladies. C’est sans compter qu’elle n’a pas pu s’empêcher de s’impliquer à son emploi en devenant présidente du conseil des infirmiers et infirmières pour la protection de la qualité des soins. Aujourd’hui, elle se demande comment elle fait ça. C’est sans doute parce qu’elle n’a jamais été seule, elle a toujours été chercher des alliés.
Ses plus beaux souvenirs sont liés aux réunions de L’Info, car elle a toujours aimé être avec les gens, partager, faire partie d’un tout. Le plus difficile, quant à lui, était au contraire de sortir d’un comité. Il y a eu un moment plus laborieux où elle a dû quitter certaines organisations et cela lui coutait d’avoir le sentiment de ne plus participer à un grand projet. En somme, ce que la vie lui a appris, c’est qu’on ne peut pas réussir si on est seuls. Selon elle, « il faut nourrir l’entraide. » Les humains sont, à son avis, faits pour être en communauté. « On apprend que des autres! », souligne-t-elle avec sagesse.
Cette dame porte une admiration pour la génération des jeunes adultes, ceux dans la vingtaine. En fait, elle trouve qu’ils font la même chose que sa génération en 1970, mais à leur manière. Bref, ils apportent des changements. L’important, pour elle, est que les jeunes soient dynamiques et proactifs. Elle croit fermement que « chaque jeune n’a besoin que de la présence d’un seul adulte, que ça en prend juste un pour le sauver. » C’est ça qui va faire toute la différence. Il faut croire en nos enfants, car ils sont l’avenir et ce sont eux qui s’occuperont des plus vieux bientôt. Enfin, chaque génération a un rôle différent à jouer, il suffit de savoir quel est le nôtre et de s’y attarder.