Un corridor scolaire non sécuritaire?

Jean-Marc Brais, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton

Deux résidentes et propriétaires de la rue Planche, à Cookshire-Eaton, vont déposer une pétition visant le retrait de 51 butées de béton en forme de cloche et formant un corridor scolaire lors de la prochaine séance du conseil municipal. Elles craignent entre autres des accumulations excessives de neige entre les obstacles, à l’approche de l’hiver.

« Les gens qui viennent me visiter demandent : ‘Est-ce que la rue est en construction?’ », déplore Solange Beaudoin. Nicole Laflamme rassure : « On veut pas de chicane ou partir une guerre. On veut juste que la ville explique. » « On veut les aider à penser », complète Mme Beaudoin.

En septembre dernier, la Ville de Cookshire-Eaton a procédé à l’installation d’une rangée de 51 cloches de béton jaune formant un corridor scolaire pour les élèves de l’école primaire Saint-Camille, circulant entre les rues Craig Nord et Bibeau. La décision découle d’une résolution du conseil municipal datant d’octobre 2016 visant à « améliorer la sécurité des élèves ».

Depuis deux mois, la rue Planche est également devenue un sens unique descendant des rues Craig Nord vers Bibeau. La résolution originale de la ville prévoyait toutefois un sens unique direction Craig ainsi qu’une limitation de la vitesse de circulation à 30 km/h, limite qui n’était indiquée nulle part lors de notre passage. La rue étant amputée du tiers de sa largeur, certains résidents avaient garé leur véhicule directement sur leur pelouse, maintenant que le stationnement de rue y est interdit.

« Tout ça me donne l’impression qu’on a voulu passer ça rapidement pour s’en débarrasser à la ville », redoute Mme Beaudoin. La décision a d’ailleurs été entérinée alors que l’actuelle mairesse, Sylvie Lapointe, était la conseillère du district concerné. « À la ville, on nous a dit que ce serait temporaire. Mais je peux pas croire qu’avec les couts encourus par l’installation et la peinture de 51 cloches, ça va disparaitre prochainement », poursuit la citoyenne. « Au moins, le nouveau conseiller du district 6, Michel Mercier, dit que c’est un dossier prioritaire pour lui. »

Des travaux à venir
Jointe par téléphone, la mairesse Sylvie Lapointe confirme l’état temporaire des installations. « Quand j’étais conseillère, la commission scolaire nous avait signalé une problématique entourant la sécurité des enfants de l’école St-Camille. On avait étudié plusieurs alternatives. Par exemple, un trottoir avait été suggéré. C’était des solutions qui nécessitaient de gros investissements alors que la rue sera à refaire d’ici deux ans. Les bornes étaient une solution simple, vu qu’on pouvait les déplacer et les réutiliser ailleurs. Mais on voit entretemps que le projet-pilote n’est pas apprécié. Avec la pétition, on va donc remettre le projet sur la table. On va pouvoir en discuter lors du conseil du 4 décembre. »

Parmi les désagréments encourus, les deux instigatrices de la pétition mentionnent la difficulté d’entrer et de sortir de leur cours en voiture, le déneigement qui s’annonce problématique autour des cloches et la source de pollution visuelle que représente la lignée de blocs de béton. « Disons que je souhaite mettre ma maison en vente, ça va lui faire perdre de la valeur », donne comme exemple Nicole Laflamme.
Solange Beaudoin et son conjoint Jacques Côté habitent la maison voisine de l’accès au débarcadère pour autobus de l’école St-Camille. M. Côté y est chauffeur d’autobus et stationne son véhicule à la maison entre les quarts de travail. Suite à l’installation des bornes de béton, celui-ci n’arrivait plus à sortir de sa cour et à accéder à l’entrée du débarcadère. Il a donc contacté le surintendant aux travaux publics, René Lavigne. « Il m’a répondu que ce serait beaucoup d’ouvrage de venir redéplacer ça. Je lui ai dit : “René, c’est beau. Je vais m’en occuper.” » Jacques Côté a donc lui-même déplacé trois bornes de 600 kg en recourant à un système de levier qu’il a conçu avec des éléments trouvés à la maison. Il arrive maintenant à manoeuvrer son autobus entre les obstacles pour accéder au débarcadère de l’école primaire. Sa conjointe n’est pas rassurée. « Est-ce que c’est nécessaire qu’on fasse tout ça ? Pour les réunions des fêtes qui s’en viennent, on va mettre les autos de la famille où ? »

Nicole Laflamme et Solange Beaudoin ont déposé des copies de la pétition qu’il est possible de signer au Dépanneur Chez Laro de même qu’au Proxim. Elles seront présentes en personne au IGA Cookshire le jeudi 30 novembre en avant-midi. Elles ont demandé à ce que leur démarche soit ajoutée à l’ordre du jour de la prochaine réunion du conseil municipal qui se tiendra le lundi 4 décembre à 19 h 30, à l’Hôtel de Ville.