Marlène Tremblay, La Vie D’Ici, Shipshaw
Depuis 29 ans, Dr. Élizabeth Stumpf fait partie du paysage de Shipshaw, ce paysage qu’elle affectionne profondément. Elle est née à Fredericton d’un père d’origine allemande et d’une mère québécoise. Son père était ingénieur et sa mère infirmière. Elle est arrivée à Chicoutimi à l’âge de 2 ans.
Toute petite, Elizabeth Stumpf voulait devenir professeure ou architecte; elle avait un certain talent pour le dessin et elle aurait aimé reproduire de grandes œuvres. Son plus grand désir était de pouvoir s’instruire et fonder une famille. Comme elle excellait dans les sciences, au fil du temps et avec l’encouragement de ses parents, elle a orienté son choix vers la médecine.
Ce n’est qu’à la toute fin de ses études en 1988 qu’elle est tombée définitivement en amour avec la médecine familiale et qu’elle a fait le choix de devenir médecin. Ce choix était guidé par une valeur importante: la santé.
» Une des raisons inconscientes qui m’ont fait choisir de pratiquer la médecine familiale c’est une valeur: la santé. Mes choix sont toujours tournés vers cette valeur ».
Tout en demeurant à Shipshaw, de 1988 à 2004 son bureau était situé à la Clinique médicale de St-Ambroise. En 2004, elle a décidé d’emmé-nager au sous-sol de sa maison, sur la route Brassard à Shipshaw.
Pourquoi avoir choisi Shipshaw? Parce qu’elle a adoré Shipshaw. Cet endroit correspondait en tout point à son désir de pouvoir travailler en milieu rural. Elle a toujours souhaité exercer sa profession à l’extérieur des grandes villes parce qu’elle aime la proximité avec sa clientèle.
Dans le cadre des tâches d’un médecin de famille, il faut parfois annoncer de mauvaises nouvelles à une personne. Est-ce que cette partie du travail est difficile à accomplir?
Elle n’a pas de difficulté avec cet aspect de son travail même si elle n’apprécie pas pour autant devoir donner un mauvais diagnostic à un patient. Cependant, elle est fascinée par la résilience et la manière dont les personnes réagissent pour élargir leur vision sur tout ce qui est possible de faire pour améliorer leur situation.
» La médecine n’est pas une science exacte et le défi est de répondre le mieux possible aux attentes et aux vrais besoins du patient ».
C’est ainsi qu’elle exprime sa préoccupation de pouvoir fournir le mieux possible des informations dans une démarche qui est accessible et faire de l’enseignement auprès des gens. La plus grande difficulté réside dans le manque de temps pour échanger avec sa clientèle. Il est important de bien saisir ce que la personne décrit ou ce qu’elle ressent afin d’être capable de fournir les soins appropriés.
Le vieillissement de la population est-ce que cela change la manière de pratiquer la médecine?
A ce sujet, elle constate qu’en vieillissant les gens ont plus de problématiques et il y a plusieurs éléments à considérer lorsqu’ils viennent consulter; cela rend la tâche plus complexe. Il y a maintenant une certaine ouverture de la médecine à ce sujet et les gens sont de plus en plus informés, curieux et préoccupés par leur santé.
» Lorsque j’avais 24 ans, j’étais moins intéressée par la gériatrie; en prenant de l’âge, j’ai suivi mes patients et maintenant j’ai beaucoup de plaisir à exercer mon métier avec les personnes plus âgées et je vois que c’est possible de prendre soin de soi malgré l’âge. »
La gériatrie, la médecine des personnes âgées, elle l’exerce aussi lors de ses visites dans un Centre de soins de longue durée: le Centre d’hébergement Ste-Marie à Jonquière. La majorité des personnes qui y résident ont la maladie d’Alzheimer ou font de la démence. Son chien Angel, un caniche royal, l’accompagne. Il fait maintenant partie de la famille. A son contact les gens sont de bonne humeur et le reconnaissent à chacune des visites.
Dans le cadre de ses responsabilités de médecin de famille, 35% de son temps est réservé pour les visites à domicile. Au fil du temps, elle a soigné toute une généalogie de plusieurs familles de Shipshaw, des grands-parents jusqu’aux petits-enfants.
Travailler environ 70 heures par semaine est très exigeant et la conciliation travail famille dans tout ça?
Mère de deux garçons et d’une fille, elle reconnaît que cela n’a pas toujours été facile. Lorsqu’elle a débuté sa profession de médecin, les enfants étaient très jeunes. Elle était tiraillée par son désir de travailler et celui de rester à la maison avec ses enfants. Elle croit que la présence des parents est très importante lorsque les enfants sont d’âge préscolaire. Elle a toujours organisé ses horaires afin d’être le plus souvent possible avec eux. La présence des grands-parents a été une aide précieuse auprès de sa famille.
Avec un horaire aussi chargé est-ce qu’il y a une place pour les loisirs?
Puisqu’elle a choisi d’orienter sa carrière en fonction de sa valeur qu’est la santé, elle se fait un devoir de s’accorder du temps: du temps pour courir dans la forêt avec son chien Angel, du temps pour cuisiner, du temps pour jardiner dans les fleurs, du temps pour se ressourcer, pour mieux se concentrer et pouvoir rencontrer les exigences de sa profession. »Lorsque je suis avec une personne, j’ai appris à être capable de me concentrer, il faut que je sois totalement présente ».
Qu’est-ce qu’elle désire que l’on retienne de son implication dans la communauté de Shipshaw?
Elle aimerait qu’on retienne qu’elle est une personne authentique, transparente et accessible. Elle désire aussi laisser une trace positive à Shipshaw.
On pourrait affirmer que vous réalisez vos rêves d’enfance parce que bien communiquer est un art; vous êtes un professeur par les conseils que vous donnez et un architecte pour toutes les solutions que vous proposez à vos patients afin qu’ils améliorent leur condition de vie.
Merci Elizabeth Stumpf pour ce rendez-vous; malgré un horaire chargé, vous avez démontré que vous étiez une personne accessible, authentique et transparente.