Paul-Henrie Frenière, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, été 2017
En juillet, l’an prochain, le cannabis sera légalisé au Canada. Je l’ai déjà écrit, la grande région de Saint-Hyacinthe a tout ce qu’il faut pour devenir le cœur de cette industrie. J’ai même déjà trouvé le nom de l’entreprise : MASKAnnabis Inc.
Mettons les choses au clair : je n’ai aucun intérêt dans l’affaire. Je ne consomme même pas. Mais il m’arrive de laisser aller mon imagination, de penser « en dehors de la boîte », comme disent les Anglais. Il faut donc lire ce texte au second degré. Ou dans un état second, c’est selon.
Alors j’ai pensé que nos belles terres fertiles qui, jusqu’à maintenant, font pousser le maïs et le soja, pourraient faire une large place à la marijuana.
Certains entrepreneurs l’ont compris depuis belle lurette. Les Hells Angels sont déjà des mariculteurs aguerris. MASKAnnabis devrait d’ailleurs en engager quelques-uns comme contremaîtres (voir ici un émoticône avec un clin d’oeil et un sourire narquois).
Et nous avons la chance d’avoir ici l’Institut de technologie agricole d’où sortent les meilleurs experts en production céréalière. Je subodore que certains d’entre eux pourraient facilement se convertir à la culture du chanvre récréatif.
Pour la transformation du produit, nous sommes encore gâtés. Le Centre de recherche et de développement sur les aliments – cette respectable institution fédérale – pourrait nous concocter des recettes de spaghetti, de muffin ou encore de yaourt à saveur de marijuana. Notre parc industriel pourrait s’agrandir pour accueillir de nouvelles usines.
Se positionner comme le centre principal de la production et de la transformation du cannabis au pays réglerait bien des problèmes. Oui, disons-le, la grande région de Saint-Hyacinthe deviendrait véritablement une « Terre d’innovation » comme le dit la publicité. La technopole de l’agroalimentaire serait dorénavant la Mecque du pot, le Disneyland de la partouze.
Les gens de Tourisme Saint-Hyacinthe n’auraient plus à se casser la tête pour trouver des attractions. Les adeptes de « l’herbe du diable », de partout au pays, se rueraient pour venir déguster nos spécialités.
Le centre-ville déborderait de touristes avec ses boutiques et ses bistros spécialisés. Notre nouvel hôtel, au nord de la ville, afficherait complet à longueur d’année. Les restaurateurs de fast-food feraient des affaires d’or avec les hordes de clients affamés et de bonne humeur.
Le nouveau centre des congrès accueillerait des spécialistes de partout dans le monde pour discutailler sur les vertus (ou pas) de la substance maskoutaine.
Certains touristes décideraient de s’établir ici, considérant la qualité de vie. Les objectifs populationnels du maire exploseraient, passant de 60 à 70, puis à 80 000 habitants si ce n’est pas plus.
MASKAnnabis Inc. serait coté en bourse et rapporterait des fortunes dans les coffres de la municipalité. Bref, la prospérité économique de Saint-Hyacinthe et de sa grande région serait assurée pour de nombreuses années.
Bien sûr, il y aurait quelques dommages collatéraux : davantage d’accidents de voiture, de troubles psychotiques chez les jeunes et des échecs scolaires.
Mais bon, j’aurais une solution à tout cela. Ça serait de fixer l’âge minimum de consommation à… 60 ans. Je vais en parler à Justin.