Benoît Guérin, Le Journal des citoyens, Prévost, le 18 mai 2017
Pour la première fois au Canada, le nombre de personnes de 65 ans et plus dépasse celui des enfants de 14 ans et moins. Selon Statistique Canada, 16,1 % des Canadiens étaient âgés de plus de 65 ans alors que 16 % de la population était âgée de moins de 14 ans. Au Québec, les aînés représentent 18,3 % de la population et l’on prévoit qu’en 2036 ceux-ci compteront pour 27 % de la population.
Le vieillissement de la population entraîne aussi une étonnante augmentation des centenaires dans nos sociétés, qui ont connu une croissance de 41,3 % entre 2011 et 2016. On dénombrerait présentement 1850 personnes de 100 ans et plus au Québec et plus de 8 000 au Canada.
À quelles conséquences doit-on s’attendre alors qu’on prévoit que d’ici quelques années seulement, 25 % de la population se retrouvera dans la catégorie des plus de 65 ans?
Travail
D’après les spécialistes, contrairement à ce que l’on aurait pu penser, les aînés n’ont jamais été aussi actifs sur le marché du travail. On note une augmentation du taux d’activité des aînés (à l’emploi ou à la recherche d’un emploi).
Chez ceux qui ne travaillent pas, on retrouve un grand nombre de personnes âgées s’impliquant comme bénévoles dans une multitude d’organismes ou encore en soutien aux membres de leur famille (aidants naturels, garde des petits enfants pendant que leurs parents travaillent, etc.)
Rappelons toutefois que le revenu annuel médian (après impôt) des 65-74 ans était de 20 200 $ et de 19 500 $ chez les plus de 75 ans, alors que Retraite Québec a fixé à 21 772 $ (avant impôt) la mesure de faible revenu. De nombreux aînés seraient donc sous le seuil de la pauvreté.
Le vieillissement accéléré aurait aussi des impacts moins connus. Verra-t-on, sous peu, le gouvernement fédéral transférer des sommes aux provinces non plus selon leur nombre d’habitants, mais bien en fonction de leur pourcentage de personnes âgées et des pressions fiscales exercées sur les personnes actives sur le marché du travail ?
Santé
Dans certains cas, l’augmentation de l’âge signifie l’augmentation d’un certain nombre de problèmes de santé qui auront des effets sur la qualité de vie et sur les finances des aînés. Il y a lieu de tenir compte de cette situation sur l’offre de services pour permettre à nos aînés de conserver une vie sociale active dans leur communauté.
Logement
Avec le vieillissement de la population, on assiste à l’augmentation de personnes vivant seules, ce qui a un effet sur l’augmentation de la demande de logements et peut générer des situations de pauvreté.
Il y aura lieu de réfléchir au type de développements qui permettront la rétention des personnes âgées dans leur communauté, surtout en milieu rural comme le nôtre.
Le logement social ou communautaire (comme le co-habitat) sera une réponse à ce phénomène de vieillissement surtout que la très grande majorité des aînés vivent à domicile même avec certaines incapacités ou un moins bon état de santé.
Rappelons que seulement 2,6 % des aînés vivraient en Centre hospitalier de longue durée (CHSLD).
Le milieu du logement social et communautaire mise sur l’entraide entre les habitants. Ce serait un milieu particulièrement bien adapté aux besoins de nos aînés, car il permettrait de briser l’isolement et retiendrait nos aînés dans leur communauté. La présence de voisins et de locaux partagés permettrait aussi de renforcer le sentiment de sécurité chez certains.
L’augmentation des services de proximité serait aussi à planifier dans un avenir rapproché pour permettre un environnement où il est possible de se déplacer à pied. Nos villes devront s’atteler à cette tâche de réflexion rapidement si elles veulent jouer leur rôle de leader et facilitateur de leur développement.