De gauche à droite : Paul St-Germain, Johanne Grondin, Charles St-Germain, Laura Guilmain-Beauregard, Pierre Beauregard, Suzie Guilmain, Sophie Robillard.

Paul et Charles St-Germain : une histoire d’amour père-fils

Gabrielle Brassard-Lecours, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, mai 2017

Père d’un enfant autiste, Paul St-Germain s’est dévoué corps et âme pour donner à son fils Charles toutes les chances de s’épanouir. Avec patience et persévérance, ce père monoparental a cultivé sans relâche les forces de son fils pour le pousser à se dépasser malgré sa différence.

Lorsque Paul parle de Charles, sa voix vibre de fierté et d’amour. Il a élevé seul son garçon, aujourd’hui âgé de 19 ans. « Élever un enfant autiste, ce n’est pas toujours facile. Je me suis souvent remis en question en tant que parent, mais Charles m’a énormément appris sur moi-même. Je ne changerais rien dans notre parcours ensemble», raconte Paul St-Germain.

À cinq ans, Charles présentait un retard de développement. Les médecins diagnostiquaient un simple retard mental, mais Paul discernait que son fils avait des aptitudes et n’arrivait pas à y croire. « J’ai poussé plus loin les démarches pour trouver ce qu’il avait. Lorsqu’il a eu neuf ans, le diagnostic est enfin tombé : Charles a été diagnostiqué autiste de haut niveau sans déficience intellectuelle », explique-t-il. Contrairement aux autistes sévères, les autistes de haut niveau ont plus de facilité à communiquer et à tisser des liens sociaux, et présentent parfois des talents particuliers.

 

L’accomplissement dans le sport

Paul a alors cherché des domaines où Charles pourrait se réaliser, et a songé au sport. « J’ai vite constaté que les sports d’équipe étaient difficiles pour lui, se rappelle Paul St-Germain. Comme on jouait souvent au mini-putt, j’ai un jour décidé de l’emmener frapper des balles sur un vrai terrain de golf. Ç’a été la piqûre ! »

Charles se découvre une nouvelle passion et un véritable talent. Avec l’appui de son père, il va de pratique en pratique, de compétition en compétition, jusqu’à devenir l’un des meilleurs jeunes golfeurs du Québec. En pratiquant son sport, Charles apprend aussi à s’ouvrir aux autres et à respecter les règles du jeu.

Encouragé par son père, Charles a même été amené à prononcer des conférences sur l’autisme. « On trouvait ça important de s’impliquer dans la cause, d’inspirer d’autres familles qui vivent également avec des enfants autistes, et de montrer que des réussites sont possibles », explique Paul, qui entretient aussi un blogue sur les exploits de son fils, offrant de nombreuses ressources sur l’autisme.

 

 

La reconnaissance autrement

« Pour nous, être reconnu par nos pairs est la plus belle réalisation », soutient Paul, qui occupe le poste de coordonnateur du Regroupement Maskoutain des Utilisateurs du Transport Adapté (RMUTA), un emploi qui lui a permis d’être là pour son fils. Actuellement finissant du programme de formation professionnelle au travail (FPT) de la polyvalente Hyacinthe-Delorme, Charles sera honoré en juin au gala d’excellence de l’école. Le club optimiste Douville lui a également rendu hommage récemment.

Présentement en recherche d’emploi, Charles espère trouver un travail dans un milieu accueillant et structuré. « Mon garçon est sensible, impulsif et parfois un peu plus lent que les autres pour apprendre certaines choses. Il a besoin d’un superviseur qui le soutient et l’encadre bien, et je suis certain de trouver bientôt le milieu qui lui convient. Un jour, je ne serai plus là, et je veux qu’il soit le plus autonome possible », confie Paul St-Germain, aujourd’hui âgé de 57 ans.

« Charles et moi, on fait une bonne équipe. Il fait vraiment de moi une meilleure personne. J’ai énormément appris comme parent avec lui, et ça continue chaque jour. Je n’ai aucun regret et je ne voudrais pas qu’il soit différent de ce qu’il est », dit Paul St-Germain avec émotion.