Faire renaître les mouvements d’opposition citoyens

Marc Simard, Le Mouton NOIR, Rimouski, mai-juin 2017

Il y a trois ans presque jour pour jour, à la surprise générale, le verdict tombait : après seulement 18 mois au pouvoir, le gouvernement péquiste de Pauline Marois était battu à plate couture par Philippe Couillard et sa joyeuse bande d’adeptes de l’austérité. Il n’aura pas fallu des semaines pour que partout dans les régions de la province, des mouvements d’opposition aux politiques libérales naissent. Formés de militants de tous les horizons qui ont un goût de vomi dans la bouche, ces organismes ad hoc sont prêts à monter au front. Des manifestations s’organisent. Le printemps 2012 est encore frais à la mémoire des étudiants, des syndicalistes et d’une large part de la population. Les regroupements militants ne tardent donc pas à réclamer de nouveau la démission du Parti libéral qui revient sur plusieurs de ses promesses électorales, mais surtout qui prend des mesures catastrophiques qui nuiront au développement des régions. Des millions sont coupés : des organismes comme les centres locaux de développement ou les conférences régionales des élus tombent au champ d’honneur. Touche pas à ma région prend naissance et se propage dans toutes les régions du

 

La sourde oreille

Mais contrairement à 2012, le mouvement syndical est quasi absent de ces happenings. Plusieurs syndicats sont en négociation avec Québec pour le renouvellement de leur convention collective. Les dirigeants demandent donc aux travailleurs de ne pas nuire aux pourparlers. Pendant ce temps, dans les régions, Touche pas à mes régions s’organise. On nous inonde de chiffres, on frappe à bras raccourcis sur les coupes de Couillard. Les militants multiplient les communiqués de presse et la publication d’études qui dévoilent les effets dévastateurs qu’aura l’austérité sur l’économie québécoise. La grogne est bel et bien présente.

Mais le gouvernement libéral, élu avec une vaste majorité, fait la sourde oreille. Une stratégie qui lui sied bien et qui finit par fonctionner. Dès l’automne 2014, on note une certaine résilience de la part de plusieurs militants. Aujourd’hui, à moins d’un an des prochaines élections, le constat est accablant. Dans le Bas-Saint-Laurent par exemple, le mouvement Touche pas à ma région n’est plus que l’ombre de lui-même. Les publications sur les réseaux sociaux sont quasi inexistantes. Difficile de joindre la dernière guerrière à tenir le fort, qui n’est pas toujours au bout du fil ou qui a probablement plusieurs priorités. Même constat dans plusieurs régions du Québec.

Philou et les siens ont gagné le pari qu’en ignorant la voix du peuple, ils finissent par couper où ils veulent. Mais ils sont actuellement en mode préélectoral. Ils promettent mer et monde pour contrecarrer les effets des politiques qu’ils ont eux-mêmes mises en place. Pour éviter de devoir encore réagir après coup, nous devons commencer à suivre de près les libéraux. Pourquoi ne pas relancer tout de suite les mouvements militants? On sent bien que le PQ et Québec solidaire s’organisent. Mais il faut aussi que les citoyens mettent de la pression. Il faut que Couillard et ses sbires craignent un peu la population… De cette façon, ils commettront des erreurs et peut-être même que leurs sympathisants hésiteront à leur redonner le pouvoir au printemps 2018. Dans ce cas précis, ce serait bien de prévenir au lieu de devoir guérir pendant quatre autres années d’horreur.