Nathalie Côté, Droit de parole, Québec, mai-juin 2017
Depuis plus d’un an, la revendication de l’augmentation du salaire minimum à 15 $ de l’heure rallie travailleurs, syndicats et même les partis politiques qui l’envisagent avec plus ou moins d’empressement. Thème central du 1er mai 2017, cette revendication continue d’être portée par les travailleuses et les travailleurs.
Rappelons que le premier ministre Philippe Couillard et ses acolytes Coiteux et Leïtao répondaient en août 2016, à ceux et celles qui revendiquent une augmentation du salaire minimum que « le salaire minimum (actuel) est suffisant ».
L’étude de l’IRIS
L’augmentation du salaire minimum a ses adeptes du côté des chercheurs progressistes. Dans un rapport publié le 26 avril, l’Institut de recherche en informations socio-économiques (l’IRIS) démontre, avec chiffres et tableaux à l’appui, qu’en augmentant le salaire minimum à 15$ dès maintenant, le gouvernement québécois économiserait un milliard de dollars par année en différents programmes de soutien aux personnes à faible revenu.
Il y a actuellement un million de travailleuses et de travailleurs qui gagent moins de 15 $ de l’heure au Québec. En plus de sortir ces bas salariés de la pauvreté, une augmentation du salaire serait économique pour l’État québécois.
Une subvention aux entreprises
Selon l’IRIS : « Les mesures actuelles servant à palier un salaire minimum trop bas coûtent à la société plus de trois milliards par année ». Pour les chercheurs, « ce montant constitue une subvention directe aux entreprises. » Sans jamais sortir les travailleurs de la pauvreté !
Ainsi, l’augmentation du salaire minimum aurait un impact positif sur les finances publiques. On verrait une diminution du versement des crédits de la solidarité et des allocations familiales; ainsi qu’une réduction des soutiens aux revenus fournis par les deux paliers de gouvernement. Cela augmenterait la contribution fiscale de bon nombre des travailleurs et aurait aussi un effet sur l’augmentation de la consommation et des taxes payées. En outre, selon l’IRIS, cela pourrait aussi constituer, pour les personnes à l’aide sociale, un incitatif plus fort à intégrer le marché de travail.
Les effets collatéraux
L’augmentation du salaire minimum aurait cependant des effets sur les entreprises qui sont soumises à la concurrence extérieure. « Moins de 8000 emplois, à bas salaires, soit 8 % du total se retrouvent dans les secteurs primaire et manufacturier qui peuvent être exposés à la concurrence internationale », comme le souligne l’étude de l’IRIS.
La grande majorité des emplois de bas salariés, se trouvant dans le secteur des services aux personnes, n’est soumis à aucune compétition internationale. Ce sont donc la majorité des travailleurs et des travailleuses qui profiteraient d’une augmentation du salaire minimum.
Un gouvernement ami de l’oligarchie?
Demander que le salaire minimum soit à 15$/l’heure apparait bien peu, quand on pense aux salaires démesurés et aux augmentations scandaleuses que se sont allouées les dirigeants de Bombardier ce printemps, alors que l’État québécois a soutenu l’entreprise en lui octroyant une subvention de 1,3 milliard en 2015, à même les fonds publics.