Katia Tobar, Échos Montréal, Montréal, mars 2017
À la suite de l’annonce par le maire de Montréal, Denis Coderre, d’importants réaménagements sur la Plaza Saint-Hubert, des commerçants ont déjà pris des mesures afin d’atténuer les conséquences des travaux. Certains ont même commencé à réduire les heures de leurs employés, comme les propriétaires de la boulangerie-pâtisserie « Les P’tits plaisirs ».
« J’ai coupé à temps partiel mon employée qui était à temps plein. Je travaille avec une clientèle locale et familiale. Avec les travaux, je ne vois pas les parents marcher avec des poussettes. Alors si j’ai moins d’achalandage, je vais avoir besoin de moins d’employés », a indiqué Sandrine Law-Kam, propriétaire avec son mari de la boulangerie depuis 15 ans. Denis Coderre a annoncé au début du mois de février un investissement de presque 50 millions de dollars afin de rénover l’artère centenaire, entre les rues Bellechasse et Jean-Talon. Les travaux incluent la mise à niveau des conduites d’égout et d’aqueduc, le remplacement de la marquise, l’élargissement des trottoirs et l’installation de mobiliers urbains. Ils devraient débuter en automne 2018, mais la marquise construite en 1984 sera démantelée dès cette année.
Si pour de nombreux commerçants ces travaux sont nécessaires, ils appréhendent subir le même sort que les commerçants de la rue Saint-Denis. Jonathan Roireau, propriétaire de la librairie Parenthèse envisage déjà de devoir fermer ses portes pour s’installer ailleurs. « Les nouveaux entrepreneurs comme moi, on y croit à la Plaza. Elle mérite qu’on s’y attarde. Mais si cette année n’est pas à la hauteur, je pense plier bagage ». Il évalue déjà perdre 75 % de son chiffre d’affaires.
Face aux inquiétudes des commerçants, l’administration se veut rassurante. « La Ville était présente avant, et va le rester pendant les travaux », insiste Dorothée Philippon, relationniste au Service des communications de la Ville de Montréal. Elle indique que des « mesures seront déterminées en collaboration avec les commerçants pour soutenir l’activité commerciale pendant les travaux ». Quant aux propriétaires des bâtiments, ils pourront bénéficier des subventions du programme PRAM – Artères en chantier pour rénover leurs façades avant l’installation de la nouvelle marquise.
Pour Anne Lespérance, propriétaire des deux boutiques Belle et Rebelle et La petite rebelle sur la Plaza, « les travaux sont une fatalité, mais on peut en profiter pour être créatifs ». Elle suggère d’installer des œuvres d’art sur la rue et des fleurs. « Il faut garder la Plaza jolie et invitante, avec des places de stationnement gratuites par exemple, ou via des campagnes publicitaires pour attirer les clients ».
Quatre firmes de concepteurs ont été sollicitées par la Ville pour répondre à cette demande. On parle pour le moment d’« utilisation des ruelles pendant le chantier et d’optimisation des stationnements ». Optimiste, Anne Lespérance espère aussi que ces travaux permettront de « développer un réseau de soutien entre les commerçants» de l’ancienne et de la nouvelle génération, « de réunir deux solitudes » en aidant les plus anciens à développer les ventes en ligne par exemple. Elle attend aussi « des réponses concrètes de la Ville ». Tout comme Jonathan Roireau. Il s’interroge. « La Ville est-elle prête à dédommager le manque à gagner ? »