Hydro-Québec, le talon d’Achille des mesures d’urgence

Éric Cyr, Le Trait d’union du Nord, Fermont, le 20 mars 2017

Une rupture de courant a plongé Fermont dans le noir, le 4 mars dernier, nécessitant l’application des mesures d’urgence et l’intervention de la Sécurité publique alors que la température ressentie avoisinait les – 35 degrés Celsius avec le facteur éolien. L’avarie, attribuable à un bris d’équipements, a privé d’électricité 1637 des 1644 clients de la société d’État près du 53e parallèle durant près de 7 heures. Certains résidents ont été forcés de patienter jusque tard dans la nuit avant que la situation ne rentre dans l’ordre. Une équipe d’Hydro-Québec a dû être mobilisée et un hélicoptère nolisé afin de se déployer sur les lieux pour réparer le bris ayant causé l’interruption de service compte tenu du manque d’effectifs local qui se chiffrait à un seul travailleur, c’est d’ailleurs la raison invoquée pour justifier le délai d’intervention.

 

Une épée de Damoclès

Une porte-parole d’Hydro-Québec pour la Côte-Nord, Sandra Chiasson, blaguait sur le fait que certains médias nationaux aient traité l’évènement. « Il ne devait pas y avoir beaucoup de nouvelles sur le réseau national. » La société d’État parle de gestion de risque pour motiver la raison pour laquelle il n’y avait qu’un seul employé sur place durant la situation de crise, qui aurait pu être grave si elle avait perduré. En plus des dangers encourus par la population à cause du froid extrême, plusieurs infrastructures totalisant des millions de dollars étaient menacées. Un responsable des mesures d’urgence souhaitant conserver l’anonymat pose la question suivante : « Que serait-il advenu si l’hélicoptère n’avait pu décoller à cause de forts vents ou d’une tempête ? Si les forts vents ont abîmé les équipements, serait-il possible qu’ils puissent aussi empêcher un hélicoptère de se rendre à destination afin d’assurer la relève et donc faire avorter un éventuel branchement avec le Labrador en cas de nécessité ? » Hydro-Québec a précisé qu’un employé ne peut travailler seul sur une ligne en tension, mais ne pouvait spécifier pourquoi il n’y avait qu’un seul monteur de ligne à Fermont. La porte-parole a toutefois assuré qu’une équipe complète allait être affectée à Fermont pour les prochaines semaines en évitant le sujet du manque de personnel sur place par la suite.

« Il faut faire venir quelqu’un de Sept-Îles ou de Baie-Comeau éventuellement, mais dans ce cas-ci, il y avait des équipes de monteurs à Sept-Îles. La personne à Fermont peut patrouiller, identifier le secteur, préparer le terrain. »

 

Recrutement difficile

Ce n’est pas la première fois que le manque d’effectifs dans la MRC de Caniapiscau vient jouer des tours à la société qui détient le quasi-monopole de l’électricité au Québec puisque le même scénario s’est déjà produit à quelques reprises par le passé. « Le recrutement est difficile et on essaie de gérer ça de façon stratégique. C’est un grand territoire » explique la porte-parole qui compare Fermont à un petit village de pêcheurs de 150 habitants de la Basse-Côte-Nord. « On nolise aussi un hélicoptère pour Kegaska. » Mme Chiasson poursuit : « Un disjoncteur (gros fusible) a ouvert, les fils se sont touchés et les conducteurs seraient entrés en contact à cause de forts vents, c’est ce qu’on appelle du galopage ». La porte-parole n’a pas précisé si le galopage était survenu sur une ligne de transmission ou une ligne de distribution et n’a pas non plus indiqué l’endroit précis.

« On cherche à se rendre le plus rapidement possible et on peut alimenter Fermont par le Labrador avec une attache d’urgence, un lien de 44 kV via le poste Chantal » explique cette dernière qui avoue ne pas être une spécialiste du réseau.

Dans les faits, rattacher Fermont avec la ligne de transmission du Labrador n’est pas si évident puisque bien qu’il existe des ententes interprovinciales difficilement applicables, une telle décision doit d’abord être approuvée.

 

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