Nathalie Côté, Droit de parole, Québec, mars 2017
Monique Laforce fait partie de la scène poétique de Québec depuis les années 1990. Elle a publié plusieurs recueils et s’est impliquée pendant vingt ans dans le Cercle littéraire de Charlesbourg. On ne peut parler des lieux de la poésie de Québec sans entendre sa voix.
«La poésie, c’est l’attention à ce que tu portes en toi et qui se dévoile par l’écriture », explique Monique Laforce rencontrée dans un café du quartier Saint-Sauveur. L’auteure définit ainsi son travail: « J’écris en écriture automatique. C’est devenu mon écriture habituelle». Elle s’inspire d’un mot trouvé au hasard dans un livre ou encore, comme elle l’a fait souvent, d’un tableau peint par des amis.
Monique Laforce, grande lectrice et réviseure linguistique de formation, a suivi plusieurs ateliers d’écriture avec le poète Michel Pleau. Elle se rappelle: « Il nous faisait écrire un poème les yeux fermés. C’est extraordinaire cet exercice ! C’est un exercice pour sortir des patterns, pour sortir de la poésie scolaire», explique-t-elle. Elle poursuit: «René Char disait: On n’écrit pas avec des idées, on écrit avec des mots. »
Des rencontres déterminantes
Monique Laforce a longtemps hésité à publier un recueil de ses poèmes. Celle qui écrit depuis son enfance raconte comment certaines rencontres ont été décisives. Des poètes comme Sylvie Nicolas l’ont stimulée à publier son premier recueil Une chaise où s’asseoir, en 1998.
«Sylvie Nicolas arrivait alors de l’Alberta. C’est à cause d’elle que j’écris. C’était la première fois que je l’entendais. Je vais la trouver après sa lecture lors d’une soirée de poésie et je lui dis: pourquoi est-ce que je ne vous connais pas? Elle me répond: Je viens d’arriver, je suis toute petite et c’est mon premier livre.» Sylvie Nicolas l’a ensuite invitée à ses ateliers. «Elle nous disait: l’écriture, tu l’as. C’est comme un coffre à outils. Tu vas chercher ton outil et tu n’as plus besoin de te retourner pour aller le chercher à nouveau.»
La rencontre avec l’auteure Madeleine Ouellette Michalska a aussi été marquante pour Monique Laforce. Elle se souvient d’un exercice qu’elle avait proposé alors : «Vous sortez du ventre de votre mère. Qu’est-ce qui arrive? J’avais écrit un texte qui commençait par Ma mère voit sa grossesse comme une maladie. À la lecture de mon poème, Madeleine Ouellette Michalska m’a dit: Il faut que vous publiiez.» On comprendra dès lors que, comme pour la plupart des auteurs, chez Monique Laforce, la poésie est une façon de dire des choses essentielles.
Le Cercle littéraire de Charlesbourg en péril
Monique Laforce raconte : «C’est au Chantauteuil que j’ai lu un poème en public pour la première fois. Il y avait Pierre Morency, Gilles Vigneault. Ça a été si bien reçu que, après, j’ai lu souvent mes textes. » C’est dans le Cercle littéraire de Charlesbourg que Monique Laforce s’est le plus investie en le fondant, il y a 22 ans. Le cercle organise deux soirées de poésie par année, une à l’automne et une au printemps. Il a commencé avec quelques participants et rapidement, le cercle est devenu populaire.
En novembre dernier, c’était peut-être la dernière soirée littéraire à se dérouler à la bibliothèque de Charlesbourg où le cercle littéraire fait ses soirées de poésie et ses rencontres d’organisation. Les coupures de budget et de personnel à la bibliothèque remettent maintenant en cause la survie du cercle. Les participants devront désormais payer les salaires des techniciens s’ils veulent continuer. Monique Laforce s’indigne de la situation: «C’était gratuit, mon idée c’était de faire découvrir la poésie».
Elle dénonce, du même souffle, les choix de la Ville et de l’Équipe Labeaume qui ont décidé de construire l’amphithéâtre, de démolir le Centre Durocher et de couper dans les services aux citoyens, comme ceux de la bibliothèque de Charlesbourg.
Monique Laforce était, le 23 mars prochain, à la librairie Laliberté à Sainte-Foy pour une lecture collective de poésie.