Le 6 mars dernier, à deux jours de la Journée de la femme, le rappeur Koriass est venu s’exprimer sur le consentement sexuel et l’égalité des genres à la polyvalente Hyacinthe-Delorme. Photo : Nelson Dion

Koriass parle de consentement sexuel à la PHD

Gabrielle Brassard-Lecours, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, mars 2017

Le 6 mars dernier, à deux jours de la Journée de la femme, le rappeur Koriass est venu s’exprimer sur le consentement sexuel et l’égalité des genres à la polyvalente Hyacinthe-Delorme. Une conférence qui tombait à point nommé dans cette communauté ébranlée en septembre dernier par l’arrestation de deux élèves accusés de complot de meurtre et de viol.

Le rappeur, qui s’est fait connaître pour ses positions féministes, aborde avec les jeunes des sujets encore tabous et méconnus. « Il y a encore beaucoup d’ignorance sur ce qu’est la culture du viol et sur la notion de consentement. La définition exacte de ces concepts est d’ailleurs encore floue. Moi, je dis toujours qu’il faudrait une éducation sexuelle adéquate dans les écoles. Ce n’est pas normal que de jeunes adultes ne connaissent pas les nuances du consentement. Ça devrait être clair », affirme le trentenaire montréalais.

 

Un vrai impact

C’est d’abord à l’invitation de Julie Miville-Dechêne, alors présidente du Conseil du statut de la femme, que Koriass a entamé une tournée de conférences à travers la province en 2016 avec la journaliste et chroniqueuse féministe Marilyse Hamelin. Suite à cette expérience, le musicien a choisi de continuer à faire des conférences, recevant beaucoup de demandes en ce sens. « Je continue d’en faire parce que je vois à quel point c’est bénéfique et que ça fait une différence. À la suite de mes conférences, plusieurs filles trouvent le courage de dénoncer leurs agresseurs. Au-delà des mots, j’ai l’impression que mes propos mènent à l’action. Pour moi, c’est une façon de faire quelque chose de concret », explique-t-il.

 

Rejoindre les jeunes

C’est par l’humour et les anecdotes personnelles que Koriass réussit à rejoindre les jeunes sur ces sujets délicats et encore tabous en société. Malgré tout, il constate à quel point l’auditoire auquel il s’adresse est réceptif à ses propos. « Ce qui est intéressant, ce sont les conversations après la conférence. Il faut souvent mettre un terme à la période de questions et de commentaires, parce que ça n’arrête jamais. Ça pourrait continuer des heures », affirme le rappeur. « J’en apprends moi-même, car je n’ai pas toujours les réponses aux questions qu’on me pose, et ça me pousse à faire des recherches. »

Koriass aborde aussi les réseaux sociaux dans sa conférence, une dimension qui résonne chez les jeunes, surtout après les événements de septembre dernier. En effet, les élèves accusés planifiaient leur méfait sur Internet. « J’aborde non seulement le consentement sexuel, mais aussi le harcèlement virtuel. Ce n’est pas la même chose que les agressions, mais c’est dommageable et bien réel, même si ça se passe dans la sphère virtuelle », explique le rappeur.

 

Mettre en perspective la biologie

Nancy Prévéreault, directrice des ressources humaines à la polyvalente Hyacinthe-Delorme, explique que Koriass a été invité à l’initiative de Mylène Boileau, une professeure de sciences, qui souhaitait donner plus de profondeur au cours de biologie. « Les élèves étudient la façon mécanique dont les organes reproducteurs fonctionnent, mais ils reçoivent peu de matière sur les codes, les relations, l’égalité ou le consentement », explique-t-elle.

Le passage de Koriass aura donc donné la chance aux jeunes d’en apprendre davantage sur ces sujets et de poser leurs questions dans un climat de confiance. Une expérience qui ne pourra que les aider à panser leurs plaies.

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