Lise Millette, L’indice bohémien, Rouyn-Noranda, mars 2017
À Québec pour discuter foresterie, ressources naturelles et compagnies minières, la vice-chef Pamela Papatie était bien loin de Lac-Simon lorsqu’elle s’est entretenue avec L’indice bohémien pour partager ses rêves, mais surtout ses espoirs.
« J’ai envie de travailler pour redonner un sentiment de confiance aux jeunes », confie la jeune élue de 34 ans, à mi-chemin de son premier mandat qui se terminera en 2019. Avant cette échéance, il y a encore une quantité impressionnante de travail à abattre et plusieurs dossiers à maitriser. « J’apprends tous les jours », confie-t-elle, insistant sur l’importance de se documenter.
Entre les activités politiques et l’implication dans la communauté, il y a aussi ses deux filles, âgées de 7 et 9 ans, qu’elle élève comme maman monoparentale : « Au début, elles ne savaient pas trop ce que je faisais. Aujourd’hui, elles ont une idée plus claire. Une de mes filles m’a dit l’autre jour : “Maman, j’aime ça quand tu travailles pour les jeunes.” »
Ce dévouement pour la cause des jeunes est central dans le discours de Pamela Papatie. Il passe par l’intégration d’un cours de langue et de culture à l’école des adultes, mais aussi par un engagement affirmé envers les jeunes qui représentent une partie importante de la communauté de Lac-Simon. Sur les 1800 résidents, environ 1000 ont moins de 35 ans. Pour Pamela Papatie, les convaincre de s’impliquer, mais surtout de croire en leurs chances et en leurs rêves, est un véritable défi.
« L’année 2016 n’a pas été facile. Nous avons vécu des évènements majeurs et nous sommes toujours en processus de guérison. Encore aujourd’hui, on parle beaucoup de sécurité publique, pour la communauté et pour nos policiers », a expliqué la vice-chef. Les derniers mois ont été rudes pour la communauté. Il y a un an, le 13 février 2016, le policier Thierry LeRoux, 26 ans, est décédé en service, ce drame a été suivi du suicide d’Anthony Raymond Michel, 22 ans. Une journée de commémoration s’est tenue le lundi 13 février 2017 et Pamela tenait à y assister. Toujours en 2016, en avril, un autre jeune, Sandy Tarzan Michel, âgé de 25 ans, a été abattu par un policier. Malgré les embuches et les difficultés, Pamela Papatie est persuadée « qu’un jour, ça va changer, que ça s’améliore et qu’il faut garder espoir ». Elle est aussi convaincue d’avoir fait le bon choix en se lançant en politique pour changer les choses.
Pour y arriver, elle compte sur le retour aux traditions et à la culture afin d’amener les jeunes dans le chemin de la guérison. Elle mise d’ailleurs sur son propre parcours, après avoir lutté elle-même contre la dépendance pour encourager d’autres jeunes à s’en sortir : « Je me sers de ce que j’ai vécu. J’ai passé par là. Je sais que c’est un chemin que l’on doit prendre une journée à la fois. Si on va trop vite, on tombe encore plus creux. »
Comme geste concret, elle tend la main aux jeunes de la communauté pour les convaincre d’intégrer le marché du travail. « On a besoin de gens en services sociaux, comme garde-chasses, comme policiers. Il faut de la relève », insiste Mme Papatie. Ne craignant ni le travail ni le découragement, la jeune élue compte aussi sur ses parents et ses grands-parents. Ce sont eux, d’ailleurs, qui l’ont encouragée à se présenter à l’élection en 2015. Sa famille est aussi son roc, son appui : « J’ai été aidée et encouragée, c’est aussi le message que je vais envoyer à mon tour : encourager les jeunes à se lancer dans un projet. »
Songe-t-elle à devenir chef un jour? « C’est une bonne question », répond-elle avant d’éclater d’un rire franc. « Pour l’instant, je souhaite bien finir mon mandat, laisser des traces et faire comprendre aux gens que ce n’est ni l’âge ni le sexe qui comptent, mais la personne. »