Paul-Henri Frenière, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, mars 2017
Une semaine après l’attentat meurtrier au Centre islamique de Québec, des Maskoutains ont tenu à témoigner leur sympathie à la communauté musulmane établie ici. Et deux fois plutôt qu’une.
C’est à l’initiative d’une citoyenne, Maryse Champagne, appuyée par la Maison de la famille des Maskoutains, qu’une vigile s’est tenue au parc Casimir-Dessaulles. Quelques dizaines de personnes ont bravé le vent glacial de ce matin-là pour participer à ce rassemblement pour la paix. Des hommes, des femmes et des enfants. Des enfants qui jouaient comme tous les enfants, loin des préoccupations des grands. Et c’est bien ainsi.
Le maire de la Ville, Claude Corbeil, a d’abord signalé que dès le lendemain du drame, il avait demandé que les drapeaux soient en berne devant l’hôtel de ville. Il a par la suite affirmé que Saint-Hyacinthe était, depuis plusieurs années, une « terre d’accueil » pour l’immigration et qu’elle le demeurera.
La députée de Saint-Hyacinthe-Bagot à la Chambre des communes, Brigitte Sansoucy, a livré un long discours empreint de sympathie. En fait, c’était la troisième fois en trois jours qu’elle s’adressait à la communauté musulmane de sa circonscription pour lui témoigner son appui.
Enfin, le président du Centre islamique maskoutain, Mustapha Sadiki, a remercié chaleureusement les personnes présentes pour leur soutien.
Ouverture à la population maskoutaine
La veille de cette vigile, samedi, le Centre islamique maskoutain avait ouvert ses portes à la population en fin d’après-midi. Les neuf membres du conseil d’administration ont accueilli avec courtoisie les citoyens qui se sont présentés.
« Nous avons reçu beaucoup de messages de support et de réconfort durant la semaine et nous avons décidé d’ouvrir le centre pour permettre à la population maskoutaine de nous rencontrer personnellement » a déclaré à MOBILES Mustapha Sadiki.
La centaine de personnes présentes, en majorité des fidèles de confession musulmane, ont écouté religieusement l’allocution d’Addelouhad Abahar, vice-président du centre. Ce dernier a d’abord rendu hommage aux six victimes de l’attentat de Québec et a offert ses prières aux blessés et aux familles éprouvées.
Il a témoigné que la communauté musulmane traversait en ce moment une crise sans précédent et se sentait menacée par la violence. « L’inquiétude est forte. On se pose beaucoup de questions quant à notre avenir et celui de nos enfants. »
« Nous avons notre place dans cette société qui est aussi la nôtre. Nous condamnons toute sorte de violence d’où qu’elle vienne et encourageons le dialogue et l’ouverture. Nous faisons appel à tous nos concitoyens à résister aux amalgames, à dénoncer les propos haineux et à créer des liens entre nous. »
Rappelons qu’après un bref séjour au centre-ville, le Centre islamique maskoutain a aménagé dans l’ancien cinéma Le Paris en 2013. Actuellement, une centaine de fidèles le fréquentent à chaque semaine. Ils sont en majorité d’origine maghrébine et certains résidents dans la région depuis plusieurs années.