Solaine Ippersiel, L’Info, Saint-Élie-D’Orford, mars 2017
Guylaine Côté a toujours eu le souci d’économiser. Cette habitude lui vient de la façon dont elle a été élevée et de sa mentalité. Elle ne savait pas que cela la mènerait à un style de vie qui, non seulement lui ferait du bien, mais ferait du bien aux autres aussi.
Il y a sept ans, Guylaine a commencé le couponing. Elle avait vu une émission américaine sur ce sujet dans le temps des fêtes et elle s’était dit que c’était impossible qu’on ne puisse pas faire la même chose au Québec. Elle a donc trouvé un groupe québécois qui en faisait et a vite appris, entre autres, comment bien choisir ce qu’on achète. Au début, c’était une bonne trentaine d’heures de travail par semaine. Cela lui permettait aussi d’essayer de nouveaux produits. À un moment, les échanges étant devenus plus compliqués, elle a continué son chemin toute seule. Maintenant, elle fait partie d’un petit groupe local qui s’entraide dans leur couponing. Depuis sept ans, le mouvement est devenu exponentiel.
Guylaine ne fait pas seulement qu’économiser, elle donne, c’est dans sa nature. Elle offre des cadeaux de Noël aux clientes de son salon de coiffure, elle fait des petits chapeaux pour les enfants malades, elle va porter de la nourriture dans des centres d’aide, etc. Le couponing part de l’envie d’aider sa famille à mieux vivre, mais cela mène clairement plus loin. Elle désire transmettre aux enfants cette conscience du besoin chez autrui, cet acte désintéressé de donner quand on en a l’occasion.
Pourquoi le couponing? C’est du travail, on ne se le cache pas. Mais c’est une activité qui ne coûte rien (au contraire, ça fait économiser) et qui devient une routine. On apprend à magasiner, car, selon Guylaine, beaucoup de gens dans le besoin ne savent malheureusement pas comment faire. Comme elle et son conjoint ne peuvent plus donner d’argent à leurs enfants, c’est un moyen pour eux de les aider. Au lieu de leur offrir des cadeaux durant les fêtes, ils les aident à l’année longue pour les choses essentielles et, à l’occasion, cela leur permet même de les gâter. Tout ce mode de vie devient une roue qui tourne, il y a un enchaînement qui se fait. « La vie nous gâte quand on gâte les autres. » Juste de parler de cette possibilité, de la faire circuler, c’est éveiller les gens et les aider. Voir les plus jeunes prendre conscience que d’autres sont dans le besoin, c’est beau à voir. Des défis, c’est sûr qu’il y en a. Il faut être à l’affut, aller voir à tous les jours et surtout s’organiser pour que la réserve tienne jusqu’à la prochaine gratuité. Il faut être disponible et prendre le temps. Mais, pour Guylaine, si on décide d’investir une heure dans le couponing au lieu d’investir dans une activité qui ne nous apporte rien, cela vaut la peine. D’ailleurs, pour elle, c’est un privilège de pouvoir utiliser ces coupons.
Mais, si on est prêt à faire de tout petits sacrifices, le résultat sera qu’on n’achètera rien en haut de 1 $. Un de ses plus beaux souvenirs c’est la fois où elle était au marché Maxi et qu’elle voyait une jeune femme tourner en rond dans le coin des couches. Elle lui a demandé si ça allait et la jeune maman lui a répondu qu’elle ne savait pas quoi faire parce qu’elle n’avait pas beaucoup d’argent. Guylaine lui a répondu qu’elle pouvait l’aider. La jeune femme est ressortie avec quatre paquets de couches. Celle-ci a dit à Guylaine qu’elle était un ange. Ces mots l’ont touchée. Comme quoi un geste simple pour nous peut représenter un miracle pour quelqu’un dans le besoin.
Je lui ai demandé ce qu’elle aurait à dire pour inciter les gens à donner aux autres. Elle m’a répondu que tout serait plus simple si seulement les gens arrêtaient de se regarder le nombril. « La vie est tellement rapide qu’on ne donne pas », a-t-elle tristement dit. Souvent, on ne voit pas parce qu’on ne prend pas le temps de regarder. Il faut s’ouvrir les yeux, les oreilles et le cœur. À son avis, il y a tellement de gens dans le besoin que nous pouvons facilement intervenir sans se pénaliser pour autant. Selon Guylaine, il y a toujours du bon en chacun de nous, même si parfois c’est bien caché. Il faut aller toucher à cette partie de nous. C’est très important de donner sans porter de jugement. C’est trop facile de dire qu’on ne donnera pas à une personne pour différentes raisons. Mais la vérité, c’est qu’on ne connaît pas l’histoire de leur vie. Donner, ça se fait avec le cœur et non avec la tête.