Élections 2017 à Montréal : On votera sur quoi ?

Alain Martineau, Journaldesvoisins.com, Montréal, février 2017

L’action ne manquera pas en 2017; Montréal multipliera les événements festifs pour souligner le 375e  anniversaire de la fondation de Ville-Marie et une longue campagne électorale alimentera les discussions jusqu’au dimanche 5 novembre.

Bien malin celui ou celle qui pourra prédire l’issue de cette élection municipale même si Denis Coderre semble encore avoir la cote. Mais les surprises sont nombreuses en politique; il suffit de penser au Brexit ou à Donald Trump. L’arrivée d’une personnalité connue peut suffire à brouiller les cartes.

À l’Hôtel de Ville, un parti d’opposition, Projet Montréal, est le seul véritablement bien organisé (dans les quartiers centraux du moins), mais une alliance entre groupes anti-Coderre ou l’échec d’une entente pour un programme commun font en sorte que rien n’est vraiment assuré pour quiconque.

Mais sur quoi se baseront les électeurs pour faire leur choix? Quand on se colle aux sujets chauds, certains vont tout de suite pointer l’exaspération face aux éternels cônes orange, faire allusion au sort réservé aux pitbulls, ou même aux contrats pour les amis du maire.

 

Les personnalités d’abord

Pour Danielle Pilette, urbaniste et experte des questions urbaines à l’école des Sciences de la gestion (UQAM), les gens votent surtout en fonction des personnalités, ces dernières étant la locomotive de leur parti. « Regardez tous ceux qui sont passés à la mairie ces dernières décennies, ils ont quitté, avec leur parti ou presque (Jean Drapeau, Jean Doré, Pierre Bourque, Gérald Tremblay), a mentionné Mme Pilette à journaldesvoisins.com. Par ailleurs, les enjeux sont différents quand on compare avec les municipalités de la banlieue. Les propriétaires sont plus nombreux hors Montréal et le compte de taxes est un enjeu important. À Montréal, dans les quartiers centraux où l’on retrouve beaucoup de locataires, les enjeux locaux prennent le dessus. C’est là que l’on retrouve avec force les élus de Projet Montréal (et Québec Solidaire au niveau provincial) ».

« À la mairie de la Ville, les enjeux aussi sont différents, a indiqué Mme Pilette. Ils concernent d’abord les grands projets, les infrastructures de transport, l’interface avec les gouvernements supérieurs ». Dans les faits, un homme politique comme Denis Coderre jouera plus sur les grands projets, selon elle, comme le Réseau électrique métropolitain (REM). Et il devrait revenir avec les améliorations comme les travaux pour recouvrir un tronçon de 125 mètres de l’autoroute Ville-Marie (tout près du CHUM) ou encore le réaménagement de l’autoroute Bonaventure en un boulevard urbain, etc. Aussi, il faut s’attendre à ce qu’il insiste sur le projet du retour de Montréal dans le baseball majeur.

Bref, des thèmes qui peuvent plaire, mais qui sont aux antipodes de la vision de Projet Montréal qui désire avant tout pour la métropole québécoise plus de transparence, une offre grandement améliorée en transport en commun (une ligne de métro en diagonale jusqu’à Montréal-Nord), de meilleurs services de proximité et des quartiers à échelle humaine. L’accent local d’abord, ce sur quoi insistera la nouvelle cheffe, Valérie Plante.

« D’ici novembre 2017, ce qui sera à surveiller, a averti Mme Pillette, ce sera l’évolution du projet de loi sur la métropole et aussi sur les gouvernements de proximité. (…) Et aussi, ce qui sera à surveiller, ce sera la mise en œuvre de la nouvelle gouvernance et de la nouvelle grille tarifaire unifiée de transport métropolitain ». Mais est-ce que ces sujets touchant les structures vont aussi retenir l’attention l’automne prochain?