Éric Cyr, Le Trait d’union du Nord, Fermont, le 23 janvier 2017
L’achat des Carrières boréales de quartz de la compagnie Blackburn Quartz par le producteur québécois de pierres naturelles Polycor en 2015 marque son entrée dans le marché du quartz, une variété plus ou moins pure de silice cristallisée. L’entreprise, dont le siège social est situé à Québec, anticipe un énorme potentiel de développement et d’accroissement de ses activités et souhaite exploiter à l’année ses installations de Fermont en raccordant l’électricité à sa carrière dont la production, parmi les plus convoitées au monde, est destinée d’abord à la fabrication de dessus de comptoirs de cuisine et ensuite à l’industrie du ferrosilicium et du silicium libre (silicium métal).
En constante évolution
En 2015, Polycor investit 300 000 $ pour explorer le gisement « la montagne » qui dispose d’un potentiel de 4,7 millions de tonnes métriques additionnels à la carrière déjà existante sur le site de la route Mills situé à 11 km de Fermont près de la frontière du Labrador. L’année suivante en 2016, Polycor vise à augmenter sa capacité de production annuelle et de transport (totalement par camion) par des investissements de 1,5 millions de dollars destinés à moderniser les équipements sur place notamment par l’acquisition d’un trieur optique, d’équipements de concassage secondaire ainsi que d’un système d’ensachage. Cette même année, Polycor absorbe Quartz Industrie à Saint-Pierre-de-Broughton près de Thetford Mines, qui emploie sept personnes afin d’assurer la deuxième étape de transformation en plus de sécuriser un autre client pour l’approvisionnement du quartz fermontois, DuPont. Polycor assimile aussi, en 2016, deux rivaux américains, Swenson Granite et Rock of Ages devenant ainsi le plus important groupe de production de granite et de marbre en Amérique du Nord et l’un des trois plus importants à l’échelle mondiale.
Vision d’avenir
La carrière de Fermont produit actuellement en moyenne 20 000 tonnes de quartz annuellement à l’aide de 10 travailleurs-résidents sur une période limitée de 4 à 6 mois et le procédé d’extraction fonctionne grâce à de la machinerie alimentée au pétrole et deux génératrices au diésel d’où la nécessité de procéder à l’électrification de la carrière, ce qui permettrait de considérablement augmenter la capacité de production (40 000 tonnes anticipées pour 2017) et de réduire les coûts d’opération tout en favorisant l’exploitation de la ressource à l’année et de stimuler l’embauche de plus d’employés locaux. Le raccordement électrique s’avère un outil primordial et essentiel à toute expansion future. Selon l’ingénieur Jonathan Cantin qui travaille sur place : « L’emploi d’une génératrice n’est pas idéal pour de la machinerie avancée telle que le trieur optique et le système d’ensachage. Les flux d’énergie causent des problèmes. Il faut envisager un raccordement. L’électricité est l’outil qui permettra à l’entreprise de grossir. »
Polycor a une vision à long terme pour sa carrière de Fermont et souhaite concrétiser un projet de recouvrement de la zone de production afin de pouvoir produire 12 mois par année et ne pas être dépendant des intempéries, ce qui nécessiterait des investissements d’un million de dollars pour la construction d’un bâtiment munis d’un système de dépoussiérage recouvrant les opérations. Un projet subséquent de développement de la montagne et d’une 3e carrière engendrerait des retombées locales et le nombre d’employés pourrait s’accroître de façon significative en passant de 12 à 106 en 2025.
Plan Nord et cie
Le préfet de la MRC de Caniapiscau et maire de Fermont, Martin St-Laurent, utilise ses contacts politiques à bon escient. Ce dernier a récemment approché les responsables de la Société du Plan Nord, notamment lors de sa participation au forum de l’Arctic Circle à Québec en décembre dernier, et a fait appel à différentes instances pertinentes pour tenter de faire progresser le dossier de ce projet d’expansion minière, qui constitue un atout important pour le développement de la région et dont bénéficiera la communauté fermontoise.
Créée en 1987 à Québec, Polycor distribue des produits de pierre naturelle en Amérique du Nord, en Asie et en Europe. La compagnie transforme le granite, le marbre, le calcaire et le quartz pour en faire des dalles, des tuiles, des mosaïques, des comptoirs, des monuments funéraires et des articles d’aménagement paysager. Employant désormais plus de 800 employés, elle possède 35 carrières et 12 usines au Canada et aux États-Unis.