Alain Martineau, Journaldesvoisins.com, Montréal, décembre 2016
C’est une tendance. Les touristes veulent parfois sortir du centre-ville et du traditionnel « top dix » des endroits qu’il faut absolument visiter quand on arrive dans une grande ville; on veut sortir des sentiers battus et côtoyer la population locale.
Ahuntsic-Cartierville pourrait profiter de cet engouement en développant et en tentant de vendre ses produits touristiques, notamment aux gens de la grande région de Montréal et de l’extérieur. Le directeur général de la Promenade Fleury, François Morin, interrogé à ce sujet par journal des voisins.com, ne rejette pas d’emblée l’idée de créer à court terme un comité pour pousser des projets dans le créneau touristique afin que tout démarre à moyen terme.
Le secteur nord de la métropole gagne à être connu davantage, d’entrée de jeu avec le lieu historique du Sault-au-Récollet, qui pourrait être éventuellement classé site historique national, et peut-être même site du patrimoine mondial de l’UNESCO. Que l’on pense aux vieux bâtiments dans le Parc-nature de l’Île-de-la-Visitation, et plus à l’ouest, la célèbre église de la Visitation, les berges et les vastes espaces verts, la rue piétonne Stanley et le Pavillon d’accueil qui ouvrira à la fin du printemps, en plus des musées, tous intégrés au Parcours Gouin. Avec tous ces joyaux, on peut certes parler de pôle touristique.
Certes, le Guide touristique de Montréal propose aux touristes des restaurants branchés qui se trouvent sur la Promenade Fleury et sur la rue Fleury Ouest. Mais rien sur le Sault que la ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, souhaite voir comme « un autre Vieux-Montréal ».
Toutefois, un autre gros morceau pourrait être intégré à l’offre touristique même s’il se trouve dans la limite sud-est d’Ahuntsic-Cartierville : le Complexe environnemental Saint-Michel (l’ex-carrière Miron).Ce trou béant sera dans quelques années le deuxième grand parc de la métropole québécoise après le parc du mont Royal. Un nouveau point de mire auquel se greffent déjà deux belles institutions culturelles, soit le siège social du Cirque du Soleil et la TOHU.
Bonnes idées
Michel Archambault, professeur émérite au Département d’études urbaines et touristiques (ESG-UQAM), reconnaît que notre secteur a beaucoup de potentiel avec le tourisme que l’on pratique aujourd’hui.
Le fondateur de la Chaire de tourisme Transat fait ainsi référence à la qualité des installations et à la qualité de vie d’un lieu, des éléments qui jouent un rôle en matière de destination. Aujourd’hui, bon nombre de touristes cherchent à vivre « comme les résidants ». « Si l’on parle des touristes comme les gens de New York, a averti M. Archambault, ils viennent ici pour les gros attraits, mais, de plus en plus, ils cherchent à vivre comme des locaux. Ils veulent saisir des particularités en lien avec l’histoire, les choses qui les intéressent, la culture, l’art de vivre. C’est une tendance de fond, visiter l’authenticité. Lonely Planet et le Guide du routard parlent bien sûr du Plateau- Mont-Royal; des gens se pointent pour voir les locaux, ils se promènent dans les parcs pour voir les familles avec leurs enfants », a-t-il précisé.
« Pour Ahuntsic, ils se poseraient la question; y a-t-il moyen d’aller patiner l’hiver, ou encore, de faire ses déplacements en BIXI l’été, ou en scooter électrique? Aller dans les bistros du secteur pour voir les gens du quartier? Il faut des attraits positifs qui s’inscrivent à l’intérieur du quartier et pouvoir les visiter de façon originale. C’est ce que font des touristes qui vont dans des villes comme Copenhague ou Barcelone », a-t-il ajouté.
Infrastructures touristiques
À l’heure de l’économie du partage, il y a certes des pistes intéressantes pour voir pousser une offre en matière d’hébergement et dépasser la simple visite d’après-midi. Ainsi, une hypothèse, la résidence étudiante Ignace-Bourget, sur les berges du Sault-au-Récollet, pourrait réserver des chambres et des repas aux touristes visant une ou deux nuitées. Ou une petite auberge pourrait aussi être aménagée… Mais à court terme, en attendant un développement, la conseillère Lorraine Pagé plaide pour que Tourisme Montréal fasse ses devoirs et parle du Sault-au-Récollet dans son guide. « Il faut que cette entité (indépendante) mousse davantage ce trésor caché (le Sault) qui mérite grandement d’être connu.» Mais pour l’avenir, elle avertit toutefois qu’il faut un bon dosage au chapitre des interventions, n’oubliant pas qu’il y a une population bien établie aussi dans le secteur.